Ninh Binh (VNA) - Elke Schwierz, 48 ans, spécialiste allemande des animaux sauvages, apprécie chaque instant de son travail au Centre de sauvetage des primates en voie de disparition dans le Parc national de Cuc Phuong, province septentrionale de Ninh Binh.
Elke Schwierz joue avecun gibbon,l’un des momentsles plus relaxants de sa journéede travailà l’EPRC. Photo : CP/CVN |
Elke Schwierz est arrivée au Centre de sauvetage des primates en voie de disparition (EPRC) en 2002 comme employée du zoo de Leipzig. Elle a été envoyée en tant que gardienne en chef à l’EPRC à intervalles réguliers, dans le cadre du programme de formation des gardiens de zoos.
Quand Elke Schwierz est venue au Vietnam, elle ne savait pas encore s’occuper des primates. "J’ai appris tous les jours au centre", partage-t-elle. Elle avait seulement l’intention au départ d’y travailler pendant quelques mois. Mais elle apprécia tellement l’endroit qu’elle décida d’y rester. Sur place, elle a appris les langues vietnamienne et muong (de l’ethnie Muong) pour travailler directement aux côtés des collègues vietnamiens et superviser elle-même toutes les opérations terrestres quotidiennes ainsi que la formation du personnel.
Soigner les singes
L’Allemande a confié qu’elle respectait particulièrement le personnel vietnamien car s’il n’avait suivi aucun cursus en la matière, il savait quand même prendre soin des primates.
"Les employées donnent du lait aux bébés toutes les deux heures, jour et nuit, comme de vraies mères, fait-elle savoir. S’occuper des bébés primates est plutôt compliqué. Mais le moment le plus difficile est lorsqu’ils atteignent trois mois, c’est là qu’ils commencent à apprendre à manger des feuilles tout en arrêtant progressivement le lait". C’est aussi le moment où les gardiens doivent les entraîner à se débrouiller seuls afin qu’ils puissent survivre en forêt.
Le personnel de l’EPRC commence à travailler tôt le matin pour s’occuper des primates soustraits des griffes de trafiquants ou de braconniers. Ils se divisent en groupes pour la recherche de feuilles et de fruits.
L'EPRC est le premier établissement spécialisé dans l’étude et la conservation des primates créé au Vietnam. Photo : CP/CVN |
Les professionnels du Centre ont deux zones à surveiller : une zone de cages pour les primates qui ont besoin de beaucoup de soins médicaux et une zone de semi-liberté "sans cages", mais avec des arbres, des plantes et des ruisseaux, comme dans la forêt. Cependant, cette forêt semi-sauvage est toujours séparée du monde réel. Lorsque les primates retrouvent la santé et forment des familles dans les cages, les experts les envoient dans la zone de semi-liberté pour les préparer à une libération dans la nature.
Une situation qui reste alarmante
Bien que les membres du personnel du centre vivent dans des conditions très spartiates, ils se considèrent très chanceux car ils élèvent les primates en voie de disparition les plus précieux au monde, tels que Voọc Cát Bà (Langur de Cat Bà, Trachypithecus francoisi poliocephalus), Voọc mông trắng (Langur de Delacour, Trachypithecus delacouri) et Voọc chà vá chân xám (le Douc Langur à pattes grises, Pygathrix cinerea), informe-t-elle.
Chaque espèce a un menu différent, il n’est donc pas facile de planifier un menu quotidien pour eux. Les langurs sont nourris avec un régime, composé de feuilles, de fleurs et de bourgeons qui varient selon les saisons. En tant que gardienne de zoo professionnellement formée, Elke a pu transmettre ses connaissances et compétences précieuses au personnel de l’EPRC.
"Elle est très amicale et a un immense amour pour les animaux, affirme Bùi Thi Hanh, une employée du centre. Bien qu’elle exige parfois des règles strictes, elle consacre son temps et son énergie aux primates. Nous la considérons comme une amie".
Grâce au programme de conservation des primates du Vietnam, géré conjointement par le zoo de Leipzig et le Parc national de Cuc Phuong, plus de 180 animaux sont nés au centre, certains étant les premiers de leur espèce à être nés en captivité.
Pourtant, les primates du Vietnam restent sous la pression intense du braconnage et de la destruction des habitats. Ces primates nécessitent des soins spécifiques sans lesquels leur santé se détériore très vite. Le centre travaille aux côtés d’agences des autorités locales et d’organisations non gouvernementale pour sauver ces animaux de situations potentiellement mortelles et améliorer leurs chances de survie en leur fournissant les soins appropriés.
"J’ai été vraiment impressionnée par certains jeunes collègues formés à l’étranger et qui sont revenus au pays pour s’engager pour la protection de la faune. Malgré la bonne volonté de quelques-uns, la situation reste alarmante. Si nous ne faisons rien maintenant, nous perdrons beaucoup d’animaux rares comme les loris et les langurs. Ces animaux ont déjà disparu de la plupart des dernières zones sauvages du Vietnam", déplore Elke Schwierz. -CVN/VNA