Avec 16 millions defumeurs, le Vietnam apparaît au 15e rang des pays consommateurs. Unsondage réalisé en 2010 a indiqué qu’un homme sur quatre âgés de 15 à 24ans était fumeur régulier. Ce taux élevé affecte gravement laproductivité du travail, la santé et le pouvoir d’achat des fumeurs.
Selonles statistiques, la production de tabac pour la consommationdomestique a augmenté, passant de 1,249 milliard de paquets en 1990 à4,385 milliards en 2013, soit une hausse moyenne de 11% par an. Pour lapériode 2002-2012, la consommation moyenne par personne et par an estpassée de 835 à 945 cigarettes.
«Le fait inquiétant est quele nombre de fumeurs pauvres est en hausse. Leurs dépenses pour letabac sont plus élevées que celles des riches. En réalité, les dépensesdes fumeurs pauvres rognent sur le budget familial déjà très modeste. Deplus, ils sont plus vulnérables aux maladies car leurs conditions devie et leur régime alimentaire ne sont pas bons», a indiqué Pham HoàngAnh, directrice de Health Bridge Canada au Vietnam.
«Letabac est lié à 25 maladies et est la cause majeure de nombreusesmaladies chroniques dangereuses comme le cancer du poumon, lacardiopathie ischémique, la maladie pulmonaire obstructive chronique(MPOC), l’accident vasculaire cérébral (AVC). Selon l’Organisationmondiale de la santé (OMS), le nombre de décès dus au tabac a été de40.000 personnes en 2013 et atteindra 70.000 en 2030 si le Vietnam neprend pas de mesures efficaces», a averti un expert.
Augmenter les taxes
«Unedes causes incitant les Vietnamiens à fumer est le prix modique dutabac, moins cher que celui en Afrique et des pays en voie dedéveloppement. Un paquet coûte seulement 20.000 dôngs (environ undollar) au Vietnam. Ainsi, les gens à bas revenu peuvent fumer tous lesjours. C’est un problème», a analysé le médecin Nguyên Tuân Lâm,représentant de l’OMS.
«Le prix bas du tabac s’explique parla faible taxe appliquée au Vietnam (65%), supérieure seulement au Laoset au Cambodge. Ces derniers temps, la taxe a été légèrement revue à lahausse tandis que le revenu de la population a nettement augmenté. Leproblème de la contrebande et de la vente illégale de tabac n’est pasréglé. Par conséquent, le prix raisonnable et l’offre abondanteanéantissent les efforts pour réduire le nombre de fumeurs», a soulignéMme Hoàng Anh.
Dans son projet de loi sur la consommationspéciale, le ministère des Finances a donné une feuille de route pour lahausse de la taxe sur le tabac, laquelle passera de 65% aujourd’hui à70% au 1er janvier 2016 et à 75% au 1er janvier 2019. Plusieurs expertsestiment néanmoins que cette hausse ne servira à rien.
«Cettehausse de taxe ne permettra pas de résoudre le problème à sa source.Selon les prévisions, la consommation de cigarettes baissera légèremententre 2016 et 2019, après application de la nouvelle taxe, mais les prixdes autres biens de consommation courante seront soumis à l’inflation,amortissant du même coup cette hausse. Résultat : pour la période2014-2020, la consommation du tabac aura tendance à augmenter et le tauxde fumeurs chez les hommes restera inchangé (47,4%). Or, l’objectif dela stratégie nationale est de ramener ce taux à 39% en 2020», a analyséun expert.
Selon Phan Thi Hai, chef adjointe du Programmede prévention et de lutte contre les méfaits du tabac, pour atteindrel’Objectif national de réduction du taux de fumeurs, il faut doubler lataxe sur le tabac. Précisément, cette dernière devrait passer de 65% à105% en 2015 et à 145% en 2018. En parallèle, Mme Hai propose descampagnes de sensibilisation de la population sur les méfaits du tabacafin qu’elle puisse avoir les armes pour se défendre contre ce produit, àterme mortel. -CVN/VNA