
Hanoï (VNA) - Titulaired’un master à l’étranger, Bùi Tiên Phuc est revenu au Vietnam avec safemme taïwanaise pour créer leur propre entreprise de restauration delivres anciens, notamment écrits en caractères chinois etsino-vietnamiens.
Alors qu’il était un étudiant à la Faculté des lettres à l’Universitédes sciences sociales et humaines de Hô Chi Minh-Ville, Bùi Tiên Phuc achoisi comme domaine d’études principal le nôm (ancienneécriture démotique sino-vietnamienne, utilisant des caractères chinoismodifié pour convenir à la langue vietnamienne, avant l’utilisationofficielle de l’alphabet latin, dit quôc ngu). Passionné, ilfréquentait de nombreuses pagodes et maisons communales du pays pourenrichir ses connaissances sur ce système d’écriture et son époque.
Une fois sa licence en poche, le jeune homme a commencé à travaillerpour la bibliothèque de Huê Quang (relevant du Centre d’interprétariatdu nôm Huê Quang) où il était chargé de la collecte, de la restauration et de la numérisation des documents sur le bouddhisme en nôm.Fin 2014, il a réussi à obtenir une bourse d’études à Taïwan (Chine)afin d’y étudier la restauration des livres anciens et la protection dece patrimoine culturel.
Reliés par la même passion
Tiên Phuc a rencontré la femme de sa vie pendant ses études à Taïwan.Diplômée des beaux-arts aux États-Unis, elle avait la même passion queBùi Tiên Phuc pour la restauration des livres anciens. Ainsi, les deuxjeunes, de nationalités différentes mais avec le même attachement pourla reliure et la restauration des vieux ouvrages, se sont rapprochés etse sont mariés.
Fin 2019, s’apercevant que la demande de restauration des livresanciens au Vietnam existait et était plutôt élevée, le couple est venus’y installer pour y ouvrir leur propre entreprise, Han Nôm Duong, dansle 12e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. Ils y proposent un service de restauration de livres et de tableaux. "Je suis chanceux car j’ai une femme avec qui je partage la même vocation", dit-il, enthousiaste.
Selon lui, pour mener à bien à ce travail, il faut six, sept voire dix ans d’apprentissage. "Larestauration des livres est vraiment un travail compliqué. Cela prenddu temps et exige de la minutie. Le relieur doit saisir et comprendrel’effet des substances et matières servant à son travail",indique-t-il avant d’ajouter que sa famille ne le soutient pas, estimantque ce travail est long et trop peu lucratif à leur sens.
Mais pour Bùi Tiên Phuc, ce qui compte le plus, ce sont les connaissances qu’il arrive à acquérir sur le nôm.Il peut ainsi déterminer l’âge des livres et leur valeur grâce àl’analyse des caractères. Les livres l’amènent aussi à perfectionner samaîtrise de la langue et du nôm ayant à retrouver des motspartiellement ou totalement effacés par le temps. L’homme de 31 ans ytrouve là toute la passion pour son travail.
Quant à sa femme, une Taïwanaise, elle s’éprend de plus en plus pour la culture vietnamienne à travers son travail. "J’ai lu des œuvres vietnamiennes en nôm comme Kim-Vân-Kiêu ce qui m’a permis de découvrir la culture du Vietnam", fait-elle savoir.
Bùi Tiên Phuc et sa femme souhaitent ensemble transmettre leur passion,importer au Vietnam les techniques de reliure apprises à Taïwan et lespartager car rares sont les jeunes qui s’intéressent à ce métier. - CVN/VNA