Avez-vous déjà entendu parler du Street Workout, ce sport de rue qui fait de plus en plus d’adeptes dans le monde et au Vietnam ? Développant force, résistance et explosivité avec le seul poids du corps, le Street Workout permet aussi de se sentir bien dans sa tête.

Nguyên Dinh Hùng et Dang Nhu Tuân, étudiants de l’Université supérieure d’économie nationale de Hanoi sont des pionniers du Street Workout au Vietnam. L’histoire débute en 2012, au gré d’une session sur Youtube, où ils tombent sur une vidéo qui les laisse bouche bée : «Nous avons tout de suite accroché, confie Nguyên Dinh Hùng. Nous avons alors commencé à pratiquer cette discipline à la maison de la culture de l’arrondissement de Hoàng Mai, à Hanoi. À l’époque, nous étions les seuls».

Une communauté de Street Workout

Hùng est aujourd’hui à la tête du club Street Workout Vietnam. Selon lui, cette discipline - autrement nommée Ghetto Workout - est un sport à mi-chemin entre la gymnastique suédoise et la musculation. Mélangeant figures de force, de souplesse et d’équilibre, c’est un sport qui se pratique essentiellement en extérieur. Il existe certaines infrastructures spécialement dédiées à cette discipline qui, chaque jour, gagne en popularité. À l’heure actuelle, il est pratiqué dans de nombreuses villes et provinces du pays comme Hanoi, Hô Chi Minh-Ville, Hai Phong, Hai Duong, Hà Giang, Quang Ninh, Vinh Phuc, Hoà Binh, Dà Nang, Thua Thiên-Huê, Dông Nai - liste non-exhaustive.

«Nous sommes partis de zéro : pas d’argent, ni de terrain d’entraînement, ni d’équipements, ni d’enseignants… Au début, des amis nous traitaient de +gentils timbrés+. Mais aujourd’hui, nous formons une vraie communauté», s’amuse M. Hùng.

La plupart des adeptes se sont constitués en équipe. Et quand les équipes débarquent dans un lieu, c’est le spectacle qui commence. Les jeunes hommes se succèdent à la barre, virevoltent, et rivalisent d’inventivité.

Un esprit sain dans un corps sain

Dans la mégapole du Sud, le stade de Phu Tho, les parcs Hoàng Van Thu, Khanh Hôi et du 23 Septembre constituent les principaux points de ralliement du groupe Saigon Calisthenics. Des démonstrations de force et d’adresse qui suscitent curiosité, amusement voire admiration lorsque les pratiquants se retrouvent dans des postures invraisemblables ou enchaînent - pour les meilleurs - les figures avec style. Les enfants se joignent au groupe et tentent d’imiter les positions des jeunes. Rapidement, le public se masse autour des sportifs qui prennent manifestement beaucoup de plaisir à faire le show.

Mais qu’est-ce qui attire autant ces jeunes dans ce sport ? Que viennent-ils chercher ? Thai Viêt Truong, plutôt prolixe sur le sujet, répond que c’est avant tout ce sentiment de grande liberté : «Il n’y a pas de contrainte d’horaire, on est à l’air libre, c’est gratuit et on a besoin de rien. Avec une simple barre, on peut inventer des figures très ingénieuses». Par ailleurs, le Street Workout permet aux pratiquants de fortifier le physique mais aussi le mental. «En s’entraînant avec le groupe, tous les soucis s’envolent. Et pratiquer régulièrement permet de garder la forme et même de se prémunir de quelques maladies, puisque cela renforce le système immunitaire. C’est tout bénef !», insiste Thai Viêt Truong.

Pour l’heure, les sites et chaînes youtube de Street Workout mettent souvent en avant le fait que tout le monde peut s’essayer à cette discipline : enfants, personnes âgées, personnes handicapées... La seule limite, après celle du corps, est celle de la volonté.

Qu’est-ce que le Street Workout ?

Si le Street Workout n’a pas un objectif esthétique comme dans le bodybuilding, la discipline permet néanmoins un certain développement musculaire du fait des exigences qu’elle impose au corps. La pratique se situe à mi-chemin entre la musculation et la gymnastique suédoise et consiste principalement en un enchaînement soutenu de figures de force, de résistance, de souplesse et d’équilibre. À la différence de la musculation «traditionnelle», le pratiquant de Street Workout n’utilise pas d’haltères ou autres pièces de fonte. Seul le corps fait office de poids. Ainsi, des exercices simples comme les pompes, les tractions ou les dips sont des mouvements typiques d’un entraînement de Street Workout. Ce sont ces exercices qui permettent d’acquérir des figures un peu plus complexes telles que le drapeau, la planche ou le muscle-up, qu’il est de bon ton de présenter en compétition. Il existe plus d’une centaine de figures mais libre à chacun d’inventer les siennes, la seule limite étant d’ordre physique. Correctement réalisé, l’enchaînement de ces figures est des plus spectaculaires. -CVN/VNA