Après sa participation à de récentes ventes aux enchères, l’une en Chine et l’autre aux États-Unis, le collectionneur d’œuvres d’art Nguyên Minh a rapporté dans ses valises cinq tableaux de grande valeur, dont quatre signés Vu Cao Dàm.

Le collectionneur chanoine Nguyên Minh a participé, fin mai, chez Christie’s à Hongkong (Chine) à une vente aux enchères intitulée «Art contemporain asiatique du XXe siècle», où il a acquis deux tableaux, "Two Lovers" et "Lovers in a landscape", du feu peintre-sculpteur vietnamien Vu Cao Dàm, ainsi que "West Lake, Hanoi "du peintre Trân Quang Trân.

Quelques semaines avant, Nguyên Minh avait participé aux États-Unis à une vente aux enchères à la maison Skinner, où il avait acheté deux autres tableaux de Vu Cao Dàm : "Grossip" et "Springs". Ainsi, après des années à voyager dans nombre de galeries et d’expositions en Europe et aux États-Unis, ces cinq œuvres sont revenues mi-juillet au pays natal de ces deux peintres, dans la galerie de Nguyên Minh à Hanoi.

Des créations des années 1960

Les quatre huiles signées Vu Cao Dàm ont été créées en 1964 en France, période où le peintre était au summum de son art, selon les experts. «Ces créations sont inspirées de paysages et de scènes du Vietnam, où elles ont vu le jour. Elles sont marquées par l’âme du pays et les caractéristiques des femmes vietnamiennes», commente le collectionneur Nguyên Minh.




Les œuvres Two Lovers et Spring signés Vu Cao Dàm sont revenues au Vietnam.

Sans cacher sa fierté et sa joie, Nguyên Minh confie que sur ces cinq œuvres récemment acquises, celle qu’il préfère est "Two Lovers". Vu Cao Dàm y illustre la rencontre entre Thuy Kiêu et Kim Trong, deux amants impliqués dans un amour impossible dans le célèbre roman en vers "Truyên Kiêu" du poète Nguyên Du (1766-1820). «Ce tableau, réalisé en France, n’est pas seulement un chef-d’œuvre, il est marqué par des caractéristiques purement vietnamiennes. C’est pour cette raison que j’ai décidé de l’acquérir à tout prix, pour le faire revenir au pays natal de son créateur», poursuit M. Minh.

Le peintre hanoïen Vu Cao Dàm (1908-2000) appartient à la 2e promotion (1926 à 1931) de l’École des beaux-arts de l’Indochine, à Hanoi. Formé en sculpture, il a obtenu une bourse d’études à Paris où il a pu étudier la statuaire, au Louvre notamment. En raison des vicissitudes de l’histoire, Vu Cao Dàm et plusieurs autres peintres de sa génération tels que Lê Phô, Mai Trung Thu, Lê Thi Luu, se sont installés en France.

Nostalgie de son pays natal

Durant son séjour parisien, Vu Cao Dàm découvre la peinture sur soie, puis l’huile, et se passionne pour ces deux techniques, avec lesquelles il peut exprimer et adoucir sa nostalgie pour son pays natal. Ses lignes allongées, ses couleurs nuancées et la finesse de son pinceau dénotent l’influence des primitifs italiens. Puis il se fait plus coloriste avec des formes arrondies. En dehors de quelques paysages, ses thèmes favoris restent des scènes de genre avec des personnages habillés à la vietnamienne, surtout des jeunes femmes, où il se dégage une douceur de vivre très poétique évidente.

Vu Cao Dàm est un artiste figuratif, et s’il peint des paysages, il se concentre avant tout sur la figure humaine, notamment féminine, montrant une prédilection pour la femme qu’elle soit mère ou divinité. Il la magnifie par une touche raffinée aux couleurs délicates donnant ainsi à sa peinture une dimension poétique. Ce travail combiné à la finesse du trait marque la réussite de l’artiste à faire une synthèse entre les traditions picturales asiatiques et européennes. – VNA