La To Mon reliedeux individus en présence de leur communauté au grand complet, nous dit DinhPly, un Banar de la province de Gia Lai.
« Il y a deuxtypes de To Mon qui s’effectuent à des fins spirituelles ou sentimentales »,indique-t-il. « Dans le premier cas, lorsqu’un villageois traverse une périodede vie difficile, le patriarche ou le chaman du village lui conseillerad’organiser une cérémonie qui consiste à adopter un autre villageois en tantque père, mère, frère ou sœur spirituelle pour l’aider à surmonter cetteépreuve. Dans le deuxième cas, deux individus qui se sentent suffisammentproches organisent la To Mon pour revendiquer leur appartenance à une mêmefamille. Désormais, ils se considèreront comme des membres d’une même fratrie».
Lorsqu’unecommunauté Banar vient s’établir dans un nouvel endroit, elle a l’habitude deproposer aux autochtones d’organiser la To Mon pour sceller la nouvelle unionentre les deux communautés.
La cérémonie alieu le matin, quand il fait frais, beau et que l’air est pur, aux sons desgongs, des tambours et des clairons.
« Les offrandesprincipales sont un poulet et un cochon », nous indique Dinh Thiên, un autreBanar. « La personne qui sera adoptée par l’autre comme son père apportera uncochon et l’autre, un poulet et une bouteille d’alcool. C’est la même chosepour deux personnes qui veulent devenir frères. La cérémonie a lieu toujourschez la personne la plus âgée ».
La To Mon estconduite par le patriarche ou le chaman villageois qui prie les divinités debénir les individus désormais jumelés. Ce sont eux qui les premiers lèverontleur verre. Ils seront suivis, dans l’ordre, par le patriarche, par leursparents, par les autres membres de leurs lignées familiales, par leurs amis, etenfin par toutes les autres personnes présentes à la cérémonie.
« En buvant del’alcool, les participants à la cérémonie deviennent témoins de ce serment dejumelage. Il s’agit d’un attachement éternel entre celles et ceux qui jurent dese considérer comme des membres d’une même famille jusqu’à la fin de leur vie», explique Dinh On, un autre Banar.
Le patriarchefait porter aux deux protagonistes de la cérémonie une chemise, un cache-sexeou un bracelet, en leur recommandant des choses à faire et à ne pas faire dansleur relation, sous peine de sanctions divines. C’est « pour le meilleur etpour le pire », comme le veut l’expression consacrée : désormais, ils partagerontjoie et bonheur, tristesse et malheur, sous l’œil bienveillant des villageoiset des divinités.-VOV/VNA