Intégrer la culture dans le marketing touristique est l’une des priorités de la Stratégie nationale de développement du tourisme d’ici à 2020. En matière de tourisme maritime et côtier, les opportunités du pays sont légions.

Pour ses vacances d’été, Dô Ngoc, étudiant de l’Université de Hanoi, et ses amis ont choisi l’île de Ly Son, province de Quang Ngai (Centre). «Nous avons choisi Ly Son non seulement pour ses paysages sauvages mais encore pour ses traits culturels particuliers. Nous souhaitons voir les traces des soldats-marins de la Flottille de Hoàng Sa (Paracel) qui, à la période féodale, défendait la souveraineté maritime et insulaire du pays», confie Ngoc, férue d’histoire.

Peu de gens savent que Ly Son est une île volcanique vieille de plusieurs millions d’années. Elle s’étend sur près de 10 km² et compte plus de 20.000 habitants. Les archéologues y ont trouvé des traces de la culture de Sa Huynh et du Champa. L’île a été gâtée par la nature : de jolies plages baignées d’eaux turquoise, des grottes, des fonds marins préservés et des paysages magnifiques à l’intérieur des terres. Les pagodes de Hang, de Duc, la maison commune d’An Hai, le Musée de Hoàng Sa, le mont Thoi Loi… ajoutent à l’attrait de cette petite île.

Le district de Ly Son compte mettre à profit ces atouts culturels et naturels pour attirer les touristes, en privilégiant plongée sous-marine, pêche et différentes formes de tourisme au contact avec la nature et avec les autochtones. Les us et coutumes de Ly Son ont été bien conservés. Beaucoup de fêtes populaires s’y perpétuent tels course de barques, fête de la maison commune d’An Hai et, surtout, cérémonie d’hommage aux soldats de la Flottille de Hoàng Sa, la plus connue. Cette cérémonie a même été reconnue patrimoine culturel immatériel au niveau national.

Selon le directeur adjoint du Service de la culture, des sports et du tourisme de Quang Ngai, Nguyên Phuc Nhân, «Ly Son maintient beaucoup de témoignages d’une présence vietnamienne continue ici depuis des siècles, et donc de la souveraineté nationale sur les archipels de Hoàng Sa et Truong Sa (Spratly)».

Dans le contexte de mondialisation, le développement d’un tourisme lié aux caractères culturels régionaux s’avère nécessaire. En effet, qu’est-ce qui ressemble plus à une plage... qu’une autre plage ? Pour attirer les touristes, et surtout les faire revenir, il faut désormais proposer plus que le sempiternel cocktail «mer et soleil».

Selon Trân Van Ngoan, du Service des ressources naturelles et de l’environnement de Quang Ninh (Nord), cette province s’oriente vers le développement d’un tourisme s’appuyant sur les fêtes populaires, les villages de métiers ou la gastronomie des régions littorales. Son programme «Chaque village a un produit» présente aux touristes des spécialités locales comme le cha muc (hachis de seiche) de Ha Long, les fruits de mer de Cô Tô, le nuoc mam (sauce de poisson) de Cai Rông... S’y ajoutent les fêtes comme «Le festival du tourisme de Quang Ninh», «Le carnaval de Ha Long»... qui attirent un grand nombre de touristes chaque année.

De nombreuses localités côtières ne mettent pas l’accent sur la culture dans leur marketing touristique, préférant se reposer sur leurs lauriers que sont souvent... les plages de sable fin. «Créer un tourisme maritime durable exige plusieurs éléments, et la culture est un volet important», affirme le Prof.-Docteur Vo Si Tuân, directeur de l’Institut d’océanographie (Académie nationale des sciences et technologies).

Partageant cette idée, Hoàng Nhât Thông, du Département général de la mer et des îles du Vietnam, fait savoir que pour développer le tourisme maritime et côtier de façon durable, «il faut préserver et restaurer les vestiges historiques, ouvrages architecturaux originaux, maintenir les rites et fêtes populaires».

Choisir les axes de développement du tourisme est une première étape, la seconde est l’amélioration des bases matérielles. Selon le Docteur Dô Cam Tho, de l’Institut d’études pour le développement touristique (Administration nationale du tourisme du Vietnam), «la Thaïlande dénombre neuf ports maritimes internationaux au service des paquebots tandis que le Vietnam n’en a aucun. Les paquebots doivent jeter l’ancre dans les ports de commerce qui n’ont pas de services appropriés».

Pour l’architecte Nguyên Thê Khai, de la Compagnie par actions de l’aménagement et de l’architecture du Vietnam, «il faut aussi renforcer le parc hôtelier».

Les projets d’infrastructures touristiques englobent aussi les routes, les adductions d’eau, les réseaux d’assainissement, les dessertes en énergie électrique et les télécommunications. Ils visent à asseoir une base solide de développement des établissements et sites touristiques.

En se basant sur les expériences réussies du tourisme maritime à Dà Nang (Centre), Truong Thi My Hanh, du Service de la culture, des sports et du tourisme de Dà Nang, considère que «chaque localité côtière doit élaborer et mettre en œuvre un plan d’aménagement de ses services touristiques, en se basant sur ses particularismes. Il est aussi nécessaire pour elle de nouer les relations de coopération car, comme chacun sait, l’union fait la force !». – VNA