Hanoï (VNA) – Dans le cadre de la première Foire d’Automne 2025, le Département de la promotion du commerce (ministère de l’Industrie et du Commerce) a organisé, le 29 octobre au Centre des expositions du Vietnam (VEC) à Hanoï, la Conférence de promotion commerciale avec le réseau des bureaux commerciaux du Vietnam à l’étranger d’octobre 2025.
Cet événement est placé sous le thème « Favoriser l’expansion internationale du secteur privé vietnamien, son intégration approfondie dans les chaînes de valeur mondiales et la valorisation de la marque nationale à travers le programme “Go Global” pour la période 2026–2035 ».
Réunissant à la fois les participants en présentiel et en ligne, dont de nombreux représentants des bureaux commerciaux vietnamiens à l’étranger, la Conférence a offert une plateforme d’échanges entre les autorités, les associations professionnelles et les entreprises, afin d’identifier des solutions permettant au secteur privé vietnamien de renforcer sa compétitivité et de devenir un pilier de l’intégration économique internationale.
“Go Global” – Une stratégie nationale pour un secteur privé fort
Selon Mai Thi Thu Hiên, cheffe adjointe du Département de la planification, des finances et de la gestion des entreprises (ministère de l’Industrie et du Commerce), le programme “Go Global” constitue une initiative stratégique mise en œuvre sur instruction du Premier ministre, visant à faire du secteur privé un moteur essentiel de la croissance nationale.
Mai Thi Thu Hiên a rappelé que le concept de “Go Global” n’est pas nouveau : plusieurs économies développées – comme les États-Unis, le Japon, la République de Corée ou encore certains pays européens – l’ont déjà appliqué avec succès, en favorisant la présence internationale de leurs entreprises dans les domaines du commerce, de l’investissement, de la technologie, de la culture, de l’éducation et de la diplomatie économique.
Au Vietnam, cette démarche s’inscrit dans la continuité du processus de Renouveau et d’ouverture économique. Depuis près de quatre décennies, le pays s’est affirmé comme un acteur majeur du commerce mondial, en intégrant l’ASEAN (1995), en signant l’Accord commercial bilatéral Vietnam–États-Unis (2000), en adhérant à l’OMC (2007) puis en participant à de nombreux accords de libre-échange de nouvelle génération tels que le CPTPP ou l’EVFTA.
Grâce à ces avancées, le Vietnam figure aujourd’hui parmi les 20 premiers exportateurs mondiaux, avec un secteur privé dynamique comptant environ un million d’entreprises, qui contribue pour près de 30 % à la valeur totale des exportations nationales.
« À travers ce processus d’intégration, les entreprises vietnamiennes ont renforcé leur compétitivité, accumulé des expériences internationales et contribué à perfectionner l’économie de marché à orientation socialiste », a souligné Mme Hiên.
Des défis persistants, un besoin de politiques d’accompagnement
Cependant, la responsable a également reconnu que les entreprises privées vietnamiennes faisaient encore face à de nombreux défis. Les exportations demeurent dominées par les entreprises à capitaux étrangers (IDE) ; la participation du secteur privé national se concentre souvent sur les segments à faible valeur ajoutée ; les investissements à l’étranger restent limités, et les marques vietnamiennes peinent à s’imposer sur la scène internationale.
Truong Van Câm, vice-président et secrétaire général de l’Association du textile et de l’habillement du Vietnam (VITAS), a estimé que, malgré des résultats encourageants, l’industrie textile vietnamienne devait encore améliorer la “qualité de son intégration”. Selon lui, « la valeur intellectuelle incorporée dans nos produits reste modeste, et la sous-traitance demeure prédominante. Il est nécessaire de soutenir davantage les entreprises dans la modernisation technologique et la gouvernance pour accroître la productivité et la valeur ajoutée ».
Pour Duong Thi Minh Tuê, vice-présidente et responsable de la promotion commerciale de l’Association de l’artisanat et du bois de Hô Chi Minh-Ville (HAWA), les entreprises vietnamiennes manquent encore de moyens pour accéder aux marchés étrangers et protéger leurs droits de propriété intellectuelle. Elle a plaidé pour la création de cellules d’études de marché à l’étranger, ainsi que pour des politiques encourageant le développement des matières premières locales afin de réduire la dépendance aux importations.
De son côté, Nguyên Minh Tu, vice-président du groupe Stavian, a proposé la mise en place d’un Comité national d’analyse de marché, réunissant représentants du ministère, des associations et du secteur privé, pour identifier les tendances et opportunités à l’échelle mondiale. Il a également suggéré d’améliorer les procédures fiscales, logistiques et de crédit à l’exportation, et d’établir des représentations commerciales du Vietnam à l’étranger afin de soutenir plus efficacement les entreprises.
Vers une marque “Made in Vietnam” mondiale
Face à ces défis, le ministère de l’Industrie et du Commerce s’emploie à élaborer le programme “Go Global”, qui sera soumis au Premier ministre pour approbation en 2025.
Ce programme vise à faire évoluer la pensée économique nationale : passer d’une participation passive à une intégration proactive et créative dans les chaînes de valeur mondiales.
L’objectif est de bâtir un réseau d’entreprises vietnamiennes à dimension multinationale, capables de rivaliser sur les marchés régionaux et internationaux, contribuant ainsi à la transformation du Vietnam – d’une économie d’assemblage vers une économie de production et d’innovation.
D’ici 2030, le programme ambitionne de porter la contribution du secteur privé à 50–60 % des exportations nationales, de créer une vingtaine de grands groupes leaders des chaînes de valeur mondiales et une trentaine d’entreprises innovantes de taille moyenne actives sur des marchés de niche, tout en renforçant les investissements vietnamiens à l’étranger.
L’accompagnement, condition du succès
Pour concrétiser ces ambitions, le ministère prévoit un ensemble de mesures coordonnées : renforcer les capacités d’intégration à travers la formation, le conseil et la fournition d’informations économiques et juridiques spécialisées ; encourager l’investissement à l’étranger, notamment via des projets de fusions-acquisitions permettant aux entreprises d’accéder directement aux chaînes de production mondiales ; stimuler les exportations par le commerce électronique transfrontalier, pour permettre aux PME vietnamiennes de conquérir de nouveaux marchés à moindre coût ; améliorer le cadre institutionnel et l’environnement des affaires, tout en développant les infrastructures logistiques et les plateformes de distribution internationales.
« Le succès du programme Go Global dépendra de la participation active et du soutien de la communauté des entreprises », a affirmé Mai Thi Thu Hiên.
Elle a appelé les associations professionnelles, les entreprises et les partenaires internationaux à contribuer à l’élaboration et à la mise en œuvre du programme, afin de créer les conditions favorables à un secteur privé vietnamien fort, innovant et global, incarnant la vision d’un “Made in Vietnam” respecté et compétitif sur la scène mondiale.- VNA