- Quels sont les objectifs de ce projet ?
La plupart des ethnies minoritaires du Vietnam, dont celles ayant unepopulation de moins de 10.000 personnes, vivent souvent dans les zonesen difficulté économique, isolées ou reculées, ou les communicationsterrestres ne sont pas aisées. Le taux de foyers pauvres relevantd’ethnies demeure élevé. Mais surtout, nombre de ces foyers ethniquesperdent progressivement leur culture, oubliant leur langue, leurécriture, et même, pour certains, leurs tenues traditionnelles.
La préservation de leurs cultures en toute urgence, ainsi quel’amélioration des conditions de vie des ethnies minoritaires d’unepopulation de moins de 10.000 personnes, sont désormais impératives.C’est l’une des raisons principales de l’élaboration et du lancement dece projet par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Sesobjectifs sont de préserver et de promouvoir les valeurs culturellestraditionnelles des plus petites ethnies. Un soin attentif est porté auxethnies déplacées en raison de la construction de centraleshydroélectriques, afin qu’elles aient une réelle opportunité deconserver leur culture et d’améliorer leur niveau de vie dans leurnouvel environnement de vie.
- Quelles en sont les tâches majeures ?
Il y en a deux, le renforcement des activités de préservation desvaleurs culturelles au sein de ces ethnies minoritaires qui serontdirectement prises en charge par le budget d’État, ainsi que lasuppression des pratiques sociales arriérées dangereuses ou tropincompatibles avec une vie moderne. Sont concernées en l’occurrence cinqethnies de moins de 1.000 personnes (Si La, O Du, Brâu, Ro Mam et PuPéo), six de moins de 5.000 membres (Công, Mang, Bô Y, Lô Lô, Co Lao etNgai), et cinq de moins de 10.000 personnes (Lu, Pà Then, Chut, La Ha etLa Hu).
Il faut y ajouter toutes celles qui ontété relogées dans les provinces de Lào Cai, Son La, Lai Châu, Diên Biên(Nord), de Quang Tri, de Quang Nam (Centre), de Gia Lai et de Kon Tum(hauts plateaux du Centre). La démarche concrète mise en œuvre est, enpremier lieu, d’évaluer leur vie et leur patrimoine culturel, ainsi queleur situation, afin d’élaborer les politiques et mesures adéquates envue de préserver ces dernières et d’améliorer leur niveau de vie.Ensuite, nous choisissons certains villages où de nombreuses ethniesminoritaires se rassemblent afin d’organiser des activités permettant depréserver leur culture, matérielle comme immatérielle, ce qui concerneleur habitat, architecture, leurs tenues, gastronomie, us et costumes,leurs fêtes, musique, langue orale et écrite, leur littérature...
Par ailleurs, nous déterminons et prenons des mesures pour conserverl’activité des villages de métier traditionnel, ce qui permet dans lemême temps de faire comprendre aux membres de ces ethnies l’intérêt deperpétuer leurs cultures, en faisant intervenir, entre autres, desartisans, des personnes prestigieuses de leurs communautés. De même, desclubs de culture et d’arts traditionnels sont créés pour renforcer lesactivités culturelles communautaires, notamment dans l’organisation deleurs fêtes traditionnelles.
- Sur quelle durée s’étend ce projet ?
Lancé en 2003, il se poursuivra jusqu’en 2020 avec deux phases. Lapremière, d’ici à 2015, concerne les ethnies de moins de 1.000 membres,celles qui ont été déplacées pour les besoins de construction decentrales hydroélectriques, mais aussi la préservation d’une trentainede villages de métier traditionnels exemplaires des plus petites de cesethnies. La seconde privilégiera la sauvegarde des cultures des ethniesde moins de 10.000 personnes, et comprend aussi une aide à laconservation de l’espace culturel traditionnel de 20 villages des 16ethnies concernées.
Avis de responsables
* Trân Huu Son, chef du Service de la culture, des sports et dutourisme de la province de Lào Cai : L’ethnie Bô Y, d’environ 1.500membres, de notre province bénéficie de ce projet. Nous poursuivonsactuellement l’étude de tous ses villages, ce qui nous permet dedécouvrir des patrimoines culturels très riches dans cette communauté.Nous nous intéressons en particulier à la sauvegarde de ses valeursculturelles immatérielles comme les critères de choix du site desvillages, ses pratiques cultuelles et ses rites... Concernant sestenues, l’ethnie Bô Y se distingue des autres ethnies du Vietnam. Mais,peu demeurent aujourd’hui. Quant à la langue des Bô Y, elle s’estmalheureusement perdue il y a 50 ans environ, il n’en reste que quelquestraces anciennes d’idéogrammes.
* Nguyên Huu Thang,chef du Service de la culture, des sports et du tourisme de la provincede Quang Tri : Ces dernières années, nous multiplions nos actions envue de sauvegarder les valeurs culturelles des ethnies de notrelocalité. Nous privilégions l’édification d’une vie civilisée, lasuppression des mœurs arriérées, la construction de maisons pour lesactivités communautaires, le renforcement de la sensibilisation à leurculture par la projection de films, la fourniture de livres. Nous noussommes profondément impliqués dans la coordination de nos activitésrelevant de la mise en oeuvre du projet récemment adopté par leministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. - VNA