Phô Hiên, la cité portuaire disparue

Un proverbe ancien disait: "Thu nhât kinh ky, thu nhì Phô Hiên". Il soulignait l’importance de Phô Hiên par rapport à la capitale Thang Long, connue aussi autrefois sous le nom de Ke Che.

Hung Yen (VNA) - Un proverbe ancien disait: "Thu nhât kinh ky, thu nhì Phô Hiên" (vient en premier lieu la capitale, en second Phô Hiên). Il soulignait l’importance de Phô Hiên par rapport à la capitale Thang Long (aujourd’hui Hanoï), connue aussi autrefois sous le nom de Ke Cho.

Phô Hiên, la cité portuaire disparue ảnh 1Le Temple de la Littérature Xich Dang demeure un monument important du complexe historique de Phô Hiên. Photo: CTV/CVN

Beaucoup de touristes étrangers passant par Huê et Dà Nang (l’ex-Tourane) font un saut jusqu’à Hôi An (l’ex-Faïfo) pour admirer les vestiges merveilleux d’une cité portuaire datant du XVIIe siècle. Ils ignorent en général l’existence au Nord du Vietnam d’un autre centre de commerce international, Phô Hiên, rival de Hôi An, dont malheureusement il ne reste plus que des ruines éparses dans la ville de Hung Yên, sur la rive gauche du fleuve Rouge (à 50 km de Hanoï).

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le Vietnam, placé sous le pouvoir de la dynastie royale des Lê, était divisé en deux: le Nord appelé Dàng Ngoài (Pays au-delà) ou Tonquin, gouverné par les shogouns Trinh; le Sud appelé Dàng Trong (Pays en-deçà) ou Cochinchine, dominé par les shogouns Nguyên.

Le plus ancien document

Les recherches sur Phô Hiên n’ont jamais abouti. En 1968, l’École supérieure de pédagogie N°1 a fait des recherches préliminaires sur le terrain. En 1989 et 1992, le Service de la culture de la province de Hai Hung a fait quelques fouilles, mettant au jour des céramiques, des soubassements, des briques, des porcelaines du Vietnam et de pays étrangers. Faute de subventions, les explorations se sont arrêtées.

Fin 1992 a eu lieu à Hung Yên un colloque interdisciplinaire sur Phô Hiên. Les documents sur cette cité éteinte n’ont été exploités que partiellement. Ceux figurant dans les Annales et les monographies officielles, assez sommaires, ne concernent que la politique de la Cour à l’égard des bateaux étrangers.

La documentation écrite et orale conservée à Phô Hiên constitue une source importante: registres généalogiques de famille, inscriptions sur 74 stèles datant de 1625, 1682, 1709, 1711, etc., histoires transmises par tradition orale, fêtes et cérémonies, mœurs et coutumes, environ 60 ouvrages architecturaux tels que maisons communales, pagodes, sièges de congrégations chinoises, tombeaux, cinq plaques sonores en pierre, 21 cloches de bronze, 160 brevets de consécration royale attribués aux divinités, etc.

Phô Hiên, la cité portuaire disparue ảnh 2Hung Yên (Nord) a pris des mesures pour préserver les fêtes traditionnelles annuelles organisées à Phô Hiên. Photo: CTV/CVN


Le document le plus ancien qui mentionne Phô Hiên est l’inscription sur la stèle de la pagode Thiên Ung, datant de 1625. Que signifie Phô Hiên? Phô = port-cité, cité, rue. Hiên dérive de Hiên doanh ou Hiên Nam, Hiên ty (petit centre administratif +ty+ d’un doanh du nom de Hiên) qui relève de l’ancienne province (trân) de Son Nam.

Sur l’emplacement de Phô Hiên, vivait depuis longtemps une population d’agriculteurs et de bateliers-pêcheurs, comme en témoignent les noms géographiques: Bên Van (embarcadère des bateliers), Cho Van (marché d’un village de bateliers)...

Au Xe siècle, Phô Hiên fut le fief du Seigneur de guerre (su quân) Pham Phùng Át. Au XIIIe siècle, les Chinois réfugiés y créèrent un village. Plus tard, l’endroit choisi comme siège administratif devint une bourgade florissante.

Avant-port de la capitale

À partir du XVIe siècle, certains pays occidentaux (Portugal, Hollande, Espagne, Angleterre, France) ont animé le commerce maritime avec l’Asie. Bien que situé hors de ce circuit - ce qui n’était pas le cas de Hôi An -, Phô Hiên n’en a pas moins subi cette influence.

D’autre part, les Seigneurs Trinh voulaient développer le commerce extérieur pour mieux s’équiper dans la lutte contre les Seigneurs Nguyên du Sud. Mais comme ils ne permettaient pas l’ouverture de comptoirs étrangers dans la capitale Thang Long, Phô Hiên est devenu l’avant-port de cette dernière et le centre commercial le plus important du Nord. Il connut son âge d’or au XVIIe siècle.

Des comptoirs étrangers s’ouvrirent: hollandais (1637-1700), britanniques (1672-1683), français (1680). Le marchand britannique William Dampier a rapporté que Phô Hiên avait 2.000 maisons, une garnison, une belle maison habitée par deux   évêques. De 1604 à 1634, parmi les jonques japonaises nanties de licence shogoun (shuinsen) faisant du commerce avec le Sud-Est asiatique, 35 ont abordé dans les ports du Tonquin et en particulier à Phô Hiên.

D’autres marchands venaient de l’Asie du Sud-Est (Siam, Malaisie, Philippines), d’Europe (Portugal, Hollande, Angleterre, France). Les Chinois ont été présents très tôt. Leur influence a été prépondérante, surtout après l’arrêt shogounal qui interdisait aux bateaux japonais d’y venir. Ils servaient d’intermédiaires pour les étrangers et s’intégraient parfois à la population locale. Nombre d’entre eux avaient fui le régime mandchou, pour rester fidèles à la dynastie des Ming (Minh Huong).

Phô Hiên importait des articles de luxe pour la Cour. Des armes et des munitions, du cuivre, de l’or, de l’argent, des médicaments, de la porcelaine et des tissus de Chine… Il exportait des épices, de la céramique et, surtout, de la soie.

De la fin du XVIIe au début du XVIIIe siècle, Phô Hiên déclina. Les comptoirs fermèrent, les bateaux étrangers ne vinrent plus. Cette récession peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’une part, de nombreuses révoltes paysannes (à partir des années 1730) ont secoué le pays. D’autre part, plusieurs autres pays d’Asie orientale (Japon, Chine) produisant et vendant davantage, et l’industrialisation des pays occidentaux qui désormais pouvait se passer de certains produits importés, ont fait perdre aux produits vietnamiens (soie, céramique) une grande partie de leur intérêt, face à cette concurrence internationale. -CVN/VNA

Voir plus

Le pont d’Or à Dà Nang (Centre), l'un des ponts piéton les plus impressionnants au monde.

Au bord du fleuve Hàn, Dà Nang, entre nature et urbanité

Le site Web de voyage américain AFAR a classé la ville de Dà Nang, la plus grande ville du Centre du Vietnam, parmi ses 26 destinations à visiter en 2026, ce qui en fait la seule destination vietnamienne à figurer dans ce classement.

Aube sur la mer de nuages au col de Keo Lom, province de Diên Biên

Aube sur la mer de nuages au col de Keo Lom, province de Diên Biên

Chaque matin, le col de Keo Lom, situé dans la commune de Na Son, province de Diên Biên (Nord), s’éveille au-dessus d’une mer de nuages immaculée. Sous la lumière douce de l’aube, les chaînes de montagnes émergent peu à peu, composant un paysage d’une majesté sereine et d’une poésie saisissante. Grâce à cette beauté préservée, Keo Lom s’impose comme une destination incontournable pour les voyageurs et les amoureux des panoramas montagneux du Nord-Ouest.

Le bourg de Lac Duong capitalise sur le tourisme communautaire. Photo : CTV

Le tourisme s’engage résolument vers un avenir plus vert au Vietnam

L’Autorité nationale du tourisme du Vietnam a inauguré vendredi 5 décembre dans la province de Lâm Dông (Hauts Plateaux du Centre) le Forum annuel du tourisme vert, appelant à des mesures renforcées pour développer un tourisme durable et responsable face aux risques climatiques croissants.

La cérémonie de présentation officielle des "Itinéraires touristiques patrimoniaux dans la ville de Hanoi", au temple Quan Thanh, à Hanoi. Photo : VietnamPlus

Hanoi au fil des itinéraires touristiques patrimoniaux

La cérémonie de présentation officielle des "Itinéraires touristiques patrimoniaux dans la ville de Hanoi" s’est tenue mercredi 3 décembre au temple Quan Thanh. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d'un projet visant à valoriser le patrimoine matériel, immatériel et numérique de la capitale à travers quatre parcours patrimoniaux expérimentaux, un système cartographique interactif, l’application H-Héritage et l’installation de QR-codes sur de nombreux sites historiques du centre de Hanoi.

Le vestige Con Son-Kiep Bac. Photo : VNA

Bac Ninh : une opportunité pour hisser le tourisme vers de nouveaux sommets

La récente inscription par l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) du complexe de sites historiques et paysagers Yen Tu – Vinh Nghiem – Con Son, Kiep Bac au patrimoine culturel mondial constitue une grande fierté et un immense honneur pour le Vietnam ainsi que pour les provinces de Quang Ninh, Bac Ninh et la ville de Hai Phong où se trouvent ces sites.

Défilé de ao dài (tunique traditionnelle) dans le temple de la Littérature, l'une des attractions touristiques de Hanoi. Photo: danviet.vn

Hanoi, un joyau urbain du Nord du Vietnam à explorer

Le magazine de voyage américain Condé Nast Traveler a décrit Hanoi comme un joyau urbain du Nord du Vietnam, soulignant ses façades d’inspiration française, ses rues animées de scooters et sa cuisine de rue savoureuse qui font de la capitale une destination incontournable.

Les passagers en provenance de Shenzhen (Chine). Photo: VNA

Premier vol direct Shenzhen – Huê : un nouveau cap pour le tourisme international

La ville de Huê a marqué un jalon important pour son développement touristique et économique avec l'arrivée pour la première fois, dans la soirée du 29 novembre, du vol DZ6355 de la compagnie aérienne internationale Donghai Airlines, en provenance de Shenzhen (Chine). Le vol, opéré sous la forme d'un charter, a atterri à l'aéroport International de Phu Bai, où une cérémonie chaleureuse a été organisée par le Département municipal du tourisme.

Mise en œuvre du plan d'aménagement de la zone touristique nationale de Mui Ne

Mise en œuvre du plan d'aménagement de la zone touristique nationale de Mui Ne

La province de Lam Dong vient d’approuver officiellement le plan directeur d’aménagement de la zone touristique nationale de Mui Ne pour la période allant jusqu’en 2040, avec une vision à l’horizon 2050. Avec cette stratégie, la province ambitionne d’accroître significativement l’attractivité de Mui Ne, d’attirer davantage de visiteurs nationaux et internationaux, et de stimuler la croissance socio-économique locale tout en garantissant une gestion durable des ressources et un développement équilibré du territoire.