“Nous continuerons d'entourer Trân Tô Nga de notre solidarité”

En France, plusieurs associations soutiennent et accompagnement le combat de Trân Tô Nga contre 26 multinationales agrochimiques ayant produit ou commercialisé l’agent orange pendant la guerre du Vietnam.

Hanoï (VNA) - En France, plusieurs associations soutiennent et accompagnement le combat de Trân Tô Nga contre 26 multinationales agrochimiques ayant produit ou commercialisé l’agent orange pendant la guerre du Vietnam. Entretien avec des associations.

“Nous continuerons d'entourer Trân Tô Nga de notre solidarité” ảnh 1Vue générale de la séance de travail du tribunal d'Evry sur le procès de Trân Tô Nga, le 25 janvier en banlieue de Paris. Photo : Linh Huong/VNA/CVN

Parmi les associations qui soutiennent et accompagnement le combat de Trân Tô Nga, on peut en citer : Comité de soutien Mme Trân Tô Nga (fondé en 2017), Collectif Vietnam Dioxine (fondé en 2004), Stop Monsanto-Bayer et l’agrochimique, Combat Monsanto, Youth for Climate Paris, Union générale des Vietnamiens de France, Association d’amitié franco-vietnamienne. Notre correspondant à Paris a eu des entretiens avec les représentants de ces associations avant l'ouverture du procès de Trân Tô Nga au tribunal d'Evry (en banlieue parisienne) le 25 janvier.

Que Trân Tô Nga représente-elle pour votre association ?

Hồ Thủy Tiên* (Coordinatrice du Comité de soutien Trần Tố Nga) : Pour ce combat, elle a toute mon admiration et ma reconnaissance. La paix venue, elle aurait mérité de vivre tranquillement avec sa famille, avoir la chance de reconstruire sa vie à l’image de ses rêves et ses espérances qu’elle avait imaginés dans le maquis. Malheureusement, le reste de sa vie fut semé de nouveaux combats et de douleurs (après la perte de sa petite fille morte pendant la guerre, elle recherche pendant des dizaines d’années sa mère pour découvrir que celle-ci a été torturée et assassinée). Toutes ces épreuves auraient dû l’abattre, en faire une personne triste et aigrie, mais Trân Tô Nga est tout le contraire. Toujours souriante, préoccupée des autres et non d’elle-même. Aujourd’hui elle se bat pour que les victimes vietnamiennes de l’agent orange puissent être reconnues, secourues, indemnisée. Son combat est juste c’est pourquoi, je suis à ses côtés.

Nguyên Van Bôn & Nguyên Đac Hà (Membres de l’Union générale des Vietnamiens de France) : Trân Tô Nga représente, pour nous, la femme vietnamienne, combattante dans la guerre, mais remplie d'humanité, mue par un grand idéal, dans l’action, la solidarité, contribuant à ce qu'une fois la victoire acquise, l’oubli ne prenne pas la place de la fraternité !  Elle est ainsi une grande militante qui croit en l’humanité, qui a toujours gardé son idéal et qui a continué sans trêve à se battre pour la justice.  Elle est aussi une Viêt kiêu qui aime la France qui la lui rend bien (Légion d'honneur) figure d'une parfaite intégration.  Enfin, elle est une figure du combat pour l’écologie, pour le respect de la nature, et pour retrouver un mode de vie qui ne soit pas mortifère pour l’humanité.

Jean-Pierre Archambault (secrétaire général de l’Association d’amitié franco-vietnamienne- AAFV) : La vie de Trân Tô Nga : une épopée, celle du peuple vietnamien. "Ma terre empoisonnée" est le livre d'une vie, la vie de Trân Tô Nga. Une vie de combats et d'utopies. Pour l'indépendance et la liberté du Vietnam. Trân Tô Nga représente beaucoup : les combats héroïques et victorieux du peuple vietnamien. Et ses souffrances.

Pour quelles raisons votre organisation soutient-elle la cause de Trân Tô Nga ?

Jean-Pierre Archambault : Notre soutien à Trân Tô Nga a été, et est une démarche naturelle qui relève de l'évidence. Nous soutenons une combattante de la guerre de libération pour l'indépendance nationale du Vietnam et une victime de l'agent orange-dioxine. En effet, depuis la création de l'AAFV en 1961, l'amitié et la solidarité avec le Vietnam sont au cœur de notre activité, notre raison d'être. Notre solidarité est politique, matérielle et morale.

Nguyên Van Bôn & Nguyên Đac Hà : Dans ses combats pour soutenir leurs compatriotes au pays, l'Union générale des Vietnamiens de France s'est très tôt préoccupée de l'utilisation de l'arme chimique utilisée (dioxine, napalm…) par l'armée américaine. Dans les années 1965 plusieurs de ses membres scientifiques de haut niveau (en particulier à l’université d'Orsay) ont avec leurs collègues français organisé des colloques internationaux sur cette thématique.

Après 1975, les victimes de l'agent orange ont été les principaux bénéficiaires des principaux projets d'aide de l'UGVF (Centre de rééducation fonctionnelles, micro-crédits…). En 2009, nous avons participé à l'organisation du Tribunal international d'opinion en soutien aux victimes vietnamiennes de l'agent orange et plus tard en 2014 lors de l'Assignation en justice les sociétés américaines ayant fourni à l’armée américaine cet herbicide devant le tribunal de grande instance d’Évry.

Si un tribunal français établissait le lien de cause à effet entre l’exposition à l'agent orange et les maladies développées par Trân Tô Nga, cela serait une juste décision. Nous soutenons pour toutes ces raisons le combat de Trân Tô Nga mais aussi parce qu'il revêt aussi la lutte pour défendre le droit, la justice, l’égalité et l’environnement et enfin pour que ce drame ne soit pas oublié et serve pour les générations futures.

“Nous continuerons d'entourer Trân Tô Nga de notre solidarité” ảnh 2Trân Tô Nga (debout) prenant la parole lors d'une rencontre avec des "Viêt kiêu "soutenant son combat en Europe.Photo : Linh Huong/VNA/CVN

Le combat se poursuit. Comment l'accompagnez-vous et la soutenez-vous ?


Nguyên Van Bôn & Nguyên Đac Hà : Nous avons participé à toutes les actions de soutien contre l’Agent Orange et en soutien à Trân Tô Nga : manifestations, collectes de signatures, conférences, expositions, récolte des fonds pour la traduction des documents du procès, etc. L’UGVF est aussi l’un des membres fondateurs du Collectif Vietnam Dioxine et du Comité de soutien à Trân Tô Nga. Nous avons également organisé, en août 2020, la "Journée pour les victimes de l’agent orange" où nous avons réuni plus de 50 artistes françaises ou Viêt kiêu pour 36h de live sur Facebook attirant 161.800 personnes.

Jean-Pierre Archambault : Nous avons rendu compte d'un séjour émouvant qu'elle fait à l'île de la Réunion à l'invitation de l'association Orange Dioxine et un autre à New-York (initiative de Good Pitch). Nous informons sur les conférences qu'elle donne à travers la France, toujours empreintes d'une chaude amitié, ainsi à Fréjus, La Seyne-sur Mer, en Borgogne, à Lyon, Chartres, en région parisienne... à l'invitation de comité locaux de l'AAFV et de diverses associations (VietnAmitié, le Village de l'Amitié de Vân Canh...). Nga fait de nombreuses dédicaces de son livre Ma terre empoisonnée dans les diverses manifestations (Salon du livre à Villejuif, la Fête de l'Humanité...). Nous avons participé à l’organisation en février 2020 les “8 heures pour les victimes de l’Agent orange avec Trân Tô Nga et Watermelon Slim”. Ont été proposés des expositions sur l’agent orange, des tables avec brochures et livres, des dédicaces, des pétitions à signer, la présentation des actions à venir contre Monsanto-Bayer. En outre, depuis le numéro 96 mars 2016 de notre revue de l'AAFV Perspectives, Trân Tô Nga est au sommaire chaque trimestre.

Qu'envisagez-vous faire avant et après son procès du 25 Janvier 2021 ?

Vo Đinh Kim (Coordinateur du Collectif Vietnam-Dioxine) : Le collectif mène une campagne de communication sur les réseaux sociaux avant le procès et prépare une conférence de presse. Le jour du procès, nous avons prévu un rassemblement devant le tribunal, de relayer l’événement sur les réseaux sociaux et d’organiser une conférence après le procès. Par ailleurs, le soir du procès, nous comptons organiser une émission spéciale avec Nga et les avocats.  Ensuite nous allons continuer de faire connaître le procès et son verdict. En parallèle, nous prévoyons plusieurs actions pour faire connaître les victimes de l’Agent Orange et récolter des fonds pour les soutenir.

Jean-Pierre Archambault : Tout simplement continuer nos actions, les amplifier, les diversifier. Le procès de Nga peut faire jurisprudence pour les centaines de milliers de victimes vietnamiennes de l'agent orange-dioxine pour qu'enfin justice leur soit rendue. Dans tous les cas, le combat se poursuit, il n'est pas terminé. Nous continuerons à le mener. Nous continuerons d'entourer Nga de notre solidarité dans son courageux combat. -CVN/VNA

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