Se définissant tel unglaneur de livres, Nguyên Quang Thach mène un projet pharaoniquedestinée à l’ensemble de la population pour lui permettre de s’informeret de se divertir. Portrait du natif de Hà Tinh brossé par la Voix duVietnam.
Il installe des bibliothèques dans les campagnespour que le plaisir de lire soit accessible à tous. Thach aimerait qued’ici sept ans, 200.000 bibliothèques soient créées dans lesétablissements scolaires, 70.000 dans les lignées familiales et 7.000dans les paroisses.
«Je mène une vie simple. Je ne bois pasd’alcool et je ne fume pas. J’aime prendre un café avec les amoureuxdes livres qui me rendent visite. Je mange très simplement, sur lestrottoirs de Hanoi où j’ai un pied-à-terre. Je vis essentiellement chezun ami à la campagne ». Voici quelques propos confiés par Nguyên QuangThach.
L’homme s’est tracé un destin, jonché de livres ettout son travail consiste à installer des bibliothèques là où il n’y en apas. «À 22 ans, j’ai commencé à étudier les modèles de bibliothèques.Dix ans plus tard, j’ai cherché à créer mes propres structures»,raconte-t-il. «En 2007, j’ai ouvert une bibliothèque destinée auxlignées familiales. Trois ans plus tard, j’ai créé une bibliothèque pourles parents d’élèves. Puis l’an dernier, j’ai démarré un projet pourles paroisses. Mon objectif est de créer un réseau de bibliothèquesfournies, auto-gérées par les habitants eux-mêmes. À l’heure actuelle,j’ai installé 1.100 structures. À tous les niveaux, on m’a aidé».
Néà Huong Son, dans la province centrale de Hà Tinh, d’une familled’enseignants modestes, Nguyên Quang Thach a eu le goût de la lecturedès sa petite enfance. À 18 ans, il possédait plus de 800 livres.Devenir un bibliothécaire était un désir profond, nourri par le souhaitlégué de ses ancêtres.
«Avant la révolution d’Août 1945, mongrand-père paternel et ses frères rendirent leurs rizières, pourconstruire des écoles avec l’argent; laissant un beau legs à leursdescendants», dit-il. «Mon père fut un enseignant de mathématiquesinfatiguable, il continua dans la voie engagée par les ancêtres. Etpourquoi pas moi? Je poursuis cette voie et ne pense jamaisl’abandonner».
La vie est difficile à la campagne. Lespaysans pensent d’abord à manger… Les livres ne font pas partie de leurpréoccupation. C’est dans cet esprit que Thach a eu cette initiative. Ilfallait résoudre plusieurs casse-tête, acheminer les livres dans lesmilieux ruraux... Il y a mis toutes ses économies en privilégiant lemodèle familial car les lignées familiales savent mieux que quiconquevaloriser leurs bibliothèques.
«J’ai tenté de rapatrierautant de livres que possible vers les villages. Il m’a fallu beaucoupde patience», explique Thach. «J’ai d’abord mis en place ma proprestructure à usage familial, avant d’en construire 11 autres avec laparticipaton de la société. Ensuite, conforté par mes succès, j’aiélargi aux usages scolaire et religieux.»
Thach a étésoutenu à tous les niveaux. Dans la province septentrionnale de ThaiBinh, des paysans ont écrit des petites nouvelles, des enfants ont ludes extraits. Thach fut heureux de voir cet engouement toutesgénérations confondues autour de la lecture. Il s’est fait des émules,jusqu’à recevoir des supports financiers.
«Lesbibliothèques à la campagne connaissent un bon succès», indique TrânPhuong Thao, directrice adjointe de la librairie Thai Hà. «Thach neparle pas d’oeuvre humanitaire, mais de charge sociale. C’est juste. Ondoit le soutenir. Thach est un homme enthousiaste et prêt à tout pourmener ce projet de longue haleine. Il souhaite voyager au bout du mondepour appeler les Vietnamiens d’outre-mer à le suivre dans ce défi».
Thacha un rêve, une bibliothèque itinérante…il sera aux manettes de cevoyage qui durera plusieurs années, sur sa moto. Thach rêve de faire letour du monde pour parler de ce projet: “Des livres dans la campagnevietnamienne”. Il souhaite rassembler autour de lui les Vietnamiens detoutes parts pour un réseau de bibliothèques qui permettra d’échangerdes livres et de partager la passion commune de la lecture. «LesVietnamiens sont capables de le faire pour la communauté», dit-il. - VNA