Les travailleurs migrants doivent faire face régulièrement à des risques élevés, en raison d’un environnement de travail dangereux et instable. Il s'agit des conclusions d’une récente enquête menée par le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales (Molisa).

Selon cette enquête portant sur l’exode des travailleurs ruraux en milieux urbains et zones industrielles (ZI), dans le contexte de l’adhésion du Vietnam à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), 80% des travailleurs émigrent pour des raisons économiques, 70% d’entre eux ont moins de 30 ans, et l’âge moyen dans les ZI est de 23 ans.

Les chiffres montrent que près d’un tiers de ces travailleurs évoluent dans un environnement fortement pollué par le bruit et la poussière. Par ailleurs, 14% exercent des métiers clairement nocifs pour leur santé, et 10% un métier dangereux.

De plus, c’est la précarité de l’emploi, source de tous les risques, qui pèse sur la vie des travailleurs migrants. Près de 60% d’entre eux ne savent pas pour combien de temps ils peuvent vivre en zones urbaines ou industrielles, et seuls 7,5% décident de s’y installer définitivement.

Les deux tiers de ces travailleurs migrants n’ont pas de qualification, et seul 6,5% sont diplômés. En outre, la plupart des travailleurs saisonniers ne signent aucun contrat de travail et ne souscrivent à aucune sorte d’assurance sociale.

Bien que l’État ait pris des mesures telles que la construction de logements ouvriers et de logements sociaux ou encore un plan de création d’emplois et de formation professionnelle à destination des agriculteurs, ces dernières se heurtent à plusieurs obstacles lors de leur mise en œuvre.

L’adhésion du Vietnam à l’OMC a stimulé le développement de l’économie nationale et a engendré un fort déplacement des travailleurs du secteur agricole vers les secteurs industriels et tertiaires. Selon ledit ministère, le Vietnam comptait en 2007 près de 80% des travailleurs dans le secteur agricole, contre 70,3% aujourd’hui.

Disparités géographiques de l’emploi

L’arrivée massive des travailleurs ruraux en ville a bouleversé la répartition géographique de l’emploi : les zones urbaines se font surchargées et les campagnes se dépeuplent.

L’exode rural des travailleurs s’explique d’une part par l’espoir d’un meilleur revenu en zone urbaine qu’en campagne. Selon l’enquête, 48% des travailleurs émigrés travaillaient auparavant dans le secteur agricole, et près de 46% étaient insatisfaits de leur revenu.

D’autre part, l’évolution de l’industrialisation constitue un deuxième facteur. Plusieurs champs fertiles ont cédé la place à des zones industrielles, au point que les agriculteurs doivent quitter leur village pour chercher un emploi ailleurs, selon l’Institut d’aménagement du territoire agricole.

L’État a promulgué des politiques spécifiques pour les travailleurs migrants, mais leur cadre juridique reste sommaire et insuffisant. «Le nombre de travailleurs migrants continue à progresser. Afin d’assurer la parité entre les forces de travail, l’État doit prendre des mesures décisives en vue de créer des emplois localement et de réduire les flux migratoires», affirme Nguyên Dai Dông, directeur du Département de l’emploi (du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales).

«Les agriculteurs n’ont pas la parole dans les négociations, qui sont toujours menées par les distributeurs et les commerçants. L’État doit les soutenir. En cette période de restructuration économique, le contrôle de la balance entre les intérêts de l’industrie et de l’agriculture est nécessaire pour pouvoir aménager un territoire agricole approprié. C’est une tâche importante pour assurer l’avenir», conclut le Dr Vo Trí Thành, directeur adjoint de l'Institut national d'études pour la gestion économique. - VNA