Hanoï (VNA) - Micheal Abadie a immortalisé plusieurs millions de moments de vie au Vietnam. Son sujet de prédilection est les femmes portant l’áo dài. Son histoire avec le pays est née de son amour pour une Vietnamienne.
Toujours paré d’un bob, Michael Abadie se promène souvent dans le 1er arrondissement de Hô Chi Minh-Ville pour y prendre des photos de scènes de rue, en particulier de femmes portant le fameux ao dài (tunique fendue traditionnelle des Vietnamiennes). Il observe, contemple, immortalise et discute en vietnamien avec les gens qu’il rencontre, qu’ils soient balayeurs, vendeurs ambulants ou intellectuels.
L’amour d’une femme, d’une ville et d’un pays
L’Américain impressionne son entourage de par son air amical, son sourire chaleureux et sa façon captivante de s’exprimer. Cet homme, venu de l’autre bout du monde, voue un amour sans borne au Vietnam qui, selon lui, est son deuxième pays natal. Il y vit depuis 1995 avec sa femme Tuyêt Lê. Un amour né dès le premier regard, un véritable coup de foudre dès leur rencontre à New York, en 1976.
"Elle a un teint sombre, cela a retenu mon attention. Et après lui avoir parlé pour la première fois, mon cœur était totalement conquis par le son de sa voix, sa manière de parler et de réfléchir. Tout était si doux et sympathique chez elle que je suis tombé immédiatement amoureux. Peu de temps après, je lui ai demandé la main et, heureusement pour moi, elle a accepté !", se souvient-il avec un sourire.
Avant son arrivée au Vietnam, Michael Abadie ne connaissait du pays que des images de guerre, à travers les photos ou informations télévisées des médias américains. Son premier voyage au Vietnam en 1988 a changé sa vision du pays. À peine sorti de l’aéroport de Tân Son Nhât à Hô Chi Minh-Ville, il a été marqué par le calme qui régnait malgré l’heure de pointe.
Né et ayant grandi à New York où les rues sont toujours bruyantes, il a découvert un autre monde avec la mégapole du Sud. À l’époque, le Vietnam étant encore pauvre, on devait travailler d’arrache-pied pour gagner sa vie. Mais cela n’empêchait pas la majorité des habitants de sourire et de voir la vie du bon côté. Que ce soit dans la rue, les bureaux, les restaurants et autres ateliers, les Saïgonnais étaient toujours hospitaliers et ouverts. Cela n’a fait que nourrir davantage l’amour que Michael Abadie voue à ce pays d’Asie du Sud-Est.
Le couple se rend au Vietnam tous les ans jusqu’en 1994 où Michael y trouve un emploi et décide de s’y installer. La décision de vivre à l’autre bout du monde ne lui a pas été difficile, car "l’amour donne des ailes". Même sa femme, qui avait au préalable quitté son pays natal pour une nouvelle vie aux États-Unis, est rentrée avec plaisir au Vietnam aux côtés de son mari.
Michael Abadie a réussi deux choses dans sa vie : avoir trouvé la femme de ses rêves et pris la décision de s’installer au Vietnam pour le reste de sa vie. "Après plus de 30 ans, les rues de Hô Chi Minh-Ville ne sont plus toutes aussi calmes. Motos, scooters et voitures ont remplacé vélos. Le bruit est devenu routine mais s’il y a bien une chose qui ne change jamais, c’est le sentiment que j’éprouve pour cette ville ainsi que pour ce pays", partage l’Américain.
La peur de rater les beaux moments
Pour lui, le centre-ville a complètement changé depuis une trentaine d’années. Il se rappelle d’un restaurant de banh xèo (crêpes), vraiment délicieux dans les années 1990 et qui n’existe malheureusement plus aujourd’hui. Il se rappelle également s’être rendu dans le delta du Mékong et avoir été séduit par l’ao bà ba (chemisier ample fendu) que portent les femmes et regrette que cette tenue ait perdu en popularité au fil du temps, au même titre que la culture des ethnies minoritaires des hauts plateaux du Centre ou de la région Nord-Ouest du pays semble disparaître peu à peu.
Michael Abadie aime prendre des photos depuis l’enfance. Il se déplace toujours avec son appareil photo de peur de ne pouvoir sauvegarder les moments ou événements qu’il juge spéciaux. Il photographie tous les sujets mais préfère immortaliser les Vietnamiennes arborant leurs habits traditionnels, particulièrement l’ao dài. Pour lui, les yeux de la femme vietnamienne sont des plus profonds et la beauté de sa silhouette n’a d’égal que sa grâce. Outre les femmes, Michael affectionne tout particulièrement prendre des clichés d’enfants et de personnes âgées.
Ses photos sont uniques car elles expriment une vision à la fois étrangère et familière de la vie au Vietnam, à travers l’œil d’un Américain qui y habite depuis trois décennies. Adepte de la photographie certes, mais pas à n’importe quel prix. "Un appareil cher et haut de gamme ne suffit pas à faire un bon photographe. C’est le savoir-faire qui compte, particulièrement le choix de la composition de la photo et la maîtrise de la lumière", affirme-t-il.
Avant d’ajouter qu’il n’est pas et ne tient pas à devenir photographe professionnel mais reste un amateur de street style (style de rue). "J’ai choisi la photographie comme loisir et non comme travail. Je photographie pour le plaisir et pour la joie que cela me procure, et non pas pour réaliser les demandes et attentes des clients".-CVN/VNA