Hanoi (VNA) – La créativité des artistes, les nouvelles tendances, l’ancrage dans le folklore et la jeunesse vietnamienne dynamique posent des bases solides propices à l’essor prometteur de l’industrie musicale du pays.
Au cours des dix dernières années, le Vietnam a enregistré des changements notables dans le domaine musical. Le nombre de groupes progresse à un rythme exponentiel. Alors qu’il y a une décennie, le nombre d’artistes et de groupes se comptait sur les doigts d’une main, aujourd’hui, grâce à l’expansion d’internet, la scène musicale du pays se développe à vitesse grand V.
D’après Nguyên Lê Nhât Phuong, directeur de Warner Chappell Music, une société américaine d’édition musicale implantée au Vietnam, les tendances musicales dans le pays ne se distinguent pas de celles observées à l’échelle mondiale. Au cours des trois dernières années environ, le rap a gagné du terrain, en particulier depuis la création du programme télévisé Rap Viêt, qui confirme de plus en plus sa place solide auprès du public, notamment des jeunes.
Selon l’agence de marketing américaine We are Social, en 2023, le Vietnam compte près de 78 millions d’internautes, soit 79,1% de la population, dont 49,2% écoutent de la musique en ligne. À mesure que les plateformes en ligne rendent la consommation de musique de plus en plus accessible, le public peut profiter d’une grande diversité de catégories et de produits. Cependant, bien que la musique numérique devienne de plus en plus populaire, la croissance de la musique live ralentit.
Susciter l’engouement du public
Vo Duc Anh, cofondateur de Hanoi Rock City - un espace dédié à la musique rock ‘n’ roll à Hanoi -, souligne : "J’ai assisté à des concerts du groupe de rock Arctic Monkeys en Thaïlande, qui ont attiré environ 2.000 spectateurs. Mais si ces artistes se produisaient au Vietnam, le nombre de spectateurs serait très modeste. C’est pourquoi les organisateurs d’événements n’osent pas inviter des artistes internationaux au Vietnam. Nous avons organisé des programmes de qualité et impressionnants, mais la plupart des spectateurs étaient étrangers, les Vietnamiens ne s’intéressant pas beaucoup, peut-être parce qu’ils ne connaissent pas encore l’artiste ou n’ont jamais écouté sa musique. Le concert de Jack White, reconnu comme l’un des plus grands artistes de rock des 20 dernières années, s’est tenu à Hô Chi Minh-Ville en 2022 avec environ 1.200 personnes, dont 90% étaient étrangers", ajoute-t-il.
Bien que la musique vietnamienne ait connu une progression rapide au cours de ces dix dernières années, il est impératif d’améliorer sa qualité afin de mieux captiver le public. "Après sa création, Hanoi Rock City a été soutenu principalement par des spectateurs étrangers pendant les premières années. Entre 2015 et 2016, on a observé des signes positifs d’amélioration dans la consommation musicale, avec le public vietnamien prêt à acheter des billets pour assister à des programmes de musique live présentés par des artistes émergents. Grâce à cela, le fonctionnement de Hanoï Rock City s’est amélioré", partage Vo Duc Anh.
Par conséquent, pour stimuler l’expérience musicale en direct auprès du public, il est crucial d’investir de manière plus attentive dans la qualité des groupes, des interprètes et même dans la production de programmes. À long terme, cet investissement contribuera à susciter et à nourrir le désir d’apprécier la musique en direct.
Dà Lat, ville créative de musique
Fin octobre 2023, la ville de Dà Lat, province de Lâm Dông (Hauts Plateaux du Centre), a été officiellement reconnue ville créative de l’UNESCO dans le domaine de la musique. Il s’agit de la première ville créative de musique au Vietnam, dotée de grands potentiels.
À l’instar de Daegu, qui a été désignée ville créative de musique de la République de Corée en 2017, Dà Lat a élaboré des initiatives pour construire une ville portée sur l’opéra et la musique classique, un cas unique dans le pays. Daegu est renommée en tant que "ville des festivités et de l’art d’interprétation", où se déroulent chaque année une série d’activités, dont le Festival international d’opéra et le Festival international symphonique de Daegu. En plus de la construction de 170 sites d’interprétation artistique et de 11 scènes d’envergure, Daegu met l’accent sur la connexion avec 27 villes de 13 pays dans le monde pour des échanges musicaux.
Quant à Dà Lat, elle considère la culture, en particulier l’innovation musicale, comme l’élément clé dans le processus d’intégration internationale et de développement durable de la ville. À l’heure actuelle, elle compte 278 entreprises dans le domaine culturel, dont 32 dédiées à la musique, ainsi que des dizaines de clubs et de cafés-concerts proposant des spectacles de chanteurs et chanteuses célèbres du pays.
Selon la directrice de l’Institut national d’études culturelles et artistiques du Vietnam, la professeure associée-Docteure Nguyên Thi Thu Phuong, l’adhésion de Dà Lat au réseau des villes créatives de l’UNESCO permettra d’exploiter les potentiels musicaux pour assurer la préservation et la promotion de sa diversité culturelle.
La responsable souligne qu’il y a 130 ans, les Français avaient planifié son développement et c’est à cette période-là que Dà Lat a accueilli la musique occidentale. Les Français ont respecté la musique autochtone, et au fil du temps, la ville a préservé son identité artistique sans être influencée par les changements sociaux. Tous ces éléments constituent des ressources importantes garantissant une meilleure croissance socio-économique à travers la culture et la musique. – CVN/VNA