Hanoï (VNA) - L'accord de libre-échange entre le Vietnam et le Royaume-Uni, appliqué temporairement depuis le 1er janvier 2021 pour éviter une interruption du commerce bilatéral après le Brexit, entre officiellement en vigueur ce 1er mai.
L’Accord de libre-échange Vietnam - Royaume-Uni (UKVFTA) garantit que Londres ait accès aux tarifs préférentiels - similaires à l’actuel Accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Vietnam (EVFTA) - de l’une des économies les plus ouvertes et parmi les quatre au monde ayant affiché une croissance en 2020 malgré la pandémie de COVID-19, aux côtés de Taïwan (Chine), de l’Égypte et de la Chine.
Depuis qu’il a quitté l’UE en janvier 2020, le Royaume-Uni se trouve seul et doit négocier de nouveaux accords commerciaux avec des pays pour remplacer ceux que l’UE avait négociés.
Des opportunités à saisir
Entré en vigueur temporaire le 1er janvier 2021, l’UKVFTA permet de maintenir les conditions économiques conclues dans l’EVFTA après le Brexit. Il devrait aider à renforcer les liens commerciaux entre le Vietnam et le Royaume-Uni, l’un de ses partenaires européens les plus importants. Le texte encadre également la protection de la propriété intellectuelle ainsi que l’indication géographique,
et met l’accent sur le développement durable.
L’UKVFTA a été élaboré en un temps record pour entrer en vigueur moins d’un mois après la signature du procès-verbal concluant la négociation. Après deux mois de mise en œuvre, depuis le 1er janvier 2021, nombreuses sont les entreprises dotées d’un potentiel d’exportation vers le Royaume-Uni qui ont rapidement saisi l’opportunité de l’accord de libre-échange pour bénéficier des incitations fiscales et préférences tarifaires.
Selon le Département d’import-export du ministère de l’Industrie et du Commerce, les échanges commerciaux entre les deux pays au cours des deux premiers mois de l’année se sont accrus de 29,2% en un an, atteignant
1,1 milliard d’USD, dont 998 millions d’exportations vietnamiennes, en hausse de 33%. Il s’agit d’une augmentation impressionnante dans un contexte où la crise sanitaire covidienne a toujours un impact important sur les activités commerciales. Elle montre que l’UKVFTA stimule fortement la croissance du commerce bilatéral.
Cet accord bilatéral de nouvelle génération et de haute qualité permet aux deux parties de supprimer de nombreux droits de douane et de se libérer à courte échéance des barrières tarifaires pour la majorité des marchandises. Concrètement, le Vietnam bénéficie de 114 millions de livres (environ 125 millions d’euros) de réduction de droits de douane sur ses exportations, tandis que les exportations britanniques sont allégées de 36 millions de livres de taxes, avec 99% des droits douane éliminés une fois l’accord pleinement mis en œuvre.
Ce pacte contient aussi des articles importants liés à la propriété intellectuelle, à la libéralisation des investissements, au développement durable, aux engagements vis-à-vis des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
L’auto-certification de l’origine des produits
Le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce a proposé une circulaire sur les règles d’origines des produits dans le cadre de l’UKVFTA. Ainsi, les exportateurs pourraient être autorisés à déclarer et à certifier eux-mêmes l’origine de leurs produits. Cette auto-certification s’effectuerait sur les lots de marchandises dont la valeur ne dépasserait pas 6.000 euros.
D’après ledit ministère, grâce aux engagements sur l’ouverture des marchés et aux quotas pour les produits présentant des avantages concurrentiels, les entreprises vietnamiennes ont davantage d’opportunités d’exporter vers le marché britannique. Selon des calculs, la valeur des taxes à l’importation que les entreprises nationales pourraient économiser chaque année au Royaume-Uni est estimée à 3.500 milliards de dôngs (soit 14 millions de livres).
D’après le conseiller chargé du commerce de l’ambassade du Vietnam au Royaume-Uni, Nguyên Canh Cuong, produits textiles, ceux en bois, ordinateurs, téléphones portables, thé, café, poivre, crevettes d’élevage, riz parfumé, fruits tropicaux (bananes, pamplemousses, mangues et fruits du dragon) et acier de construction seraient compétitifs sur le marché britannique.
Selon des analystes, grâce à cet accord commercial avec le Vietnam, le Royaume-Uni devrait connaître un élan de ses échanges dans les secteurs pharmaceutique, automobile et des pièces détachées. Avec une population de près de 70 millions d’habitants et un PIB per capita de 44.000 USD (en 2019), le Royaume-Uni est la 5e économie au monde et le 2e marché du Vietnam en Europe. Depuis l’établissement du partenariat stratégique entre les deux pays en 2010, leurs échanges commerciaux n’ont cessé de s’intensifier. Ces trois dernières années, le Vietnam a exporté annuellement vers le Royaume-Uni pour 6 milliards d’USD et y a importé pour un milliard.
Se faire une place plus importante
Le président de l’Association des entreprises britanniques au Vietnam (Britcham), Kenneth Atkinson, a estimé que l’UKVFTA devrait offrir des opportunités d’accroître les échanges commerciaux, de créer des emplois et de promouvoir la croissance économique des deux pays.
Parallèlement, la réduction des barrières juridiques, l’atténuation des procédures administratives ou la garantie de la protection des indications géographiques et l’ouverture du marché des services, des marchés publics au secteur privé sont les attentes de la plupart des entreprises des deux pays, a-t-il ajouté.
L’accord contribuera pour l’essentiel à garantir la mise en œuvre des règles et engagements convenus à la fois par les entreprises et par les gouvernements des deux pays, a-t-il déclaré.
Il contribuera également à renforcer les activités commerciales des plus de 3.000 entreprises britanniques exportatrices vers le Vietnam, ainsi qu’à satisfaire la demande de milliers de consommateurs au Royaume-Uni qui espèrent accéder à des produits de qualité et à des prix raisonnables tels que téléphones portables, vêtements et chaussures fabriqués au Vietnam. Par ailleurs, le Vietnam veut se concentrer sur le développement du secteur des énergies renouvelables, de sorte qu’avec l’UKVFTA, les énergies éolienne et solaire seront une priorité de la coopération bilatérale.
Selon des experts, tous les produits vietnamiens expédiés vers le Royaume-Uni représentent actuellement moins de 1% de la valeur totale des importations du Royaume-Uni, qui s’élève chaque année à près de 700 milliards d’USD. L’UKVFTA devrait permettre aux produits vietnamiens de se faire une place plus importante sur ce marché. -CVN/VNA