Les théâtresprivés à Hô Chi Minh-Ville continuent tant bien que mal de se battrepour réactualiser et proposer des spectacles destinés aux visiteursétrangers. Le secteur public, lui, s’est retiré depuis longtemps de labataille, pour des raisons évidentes de rentabilité.
Dès lapromulgation de la politique «Théâtre au service du tourisme» il y ahuit ans, plusieurs établissements artistiques publics de la mégapole duSud comme le Théâtre de c ả i l ươ ng ("théâtre rénové"du Sud) Trân Huu Trang, la Troupe artistique de hát b ộ i(théâtre classique) de Hô Chi Minh-Ville et la Compagnie événementiellede Hô Chi Minh-Ville ont organisé nombre de spectacles s’adressant à unpublic de touristes étrangers. Toutefois, ces derniers ontprogressivement disparu en raison d’un manque d’affluence. Seuls lesspectacles de la Troupe des marionnettes de Hô Chi Minh-Ville se jouentjusqu’à ce jour deux fois par semaine au Musée de l’histoire.
Dans le secteur privé, le Théâtre des marionnettes sur l’eau Rông Vàngdu metteur en scène Huynh Anh Tuân marche fort, avec deux à troisreprésentations par jour au Palais de la culture et du travail de Hô ChiMinh-Ville. Accueillant en moyenne de 8.000 à 12.000 spectateurs parmois, il est le seul programme artistique pour touristes à dégager desbénéfices.
Fort de ce succès, Huynh Anh Tuân a ouvert le Théâtretraditionnel Nón Lá en vue de présenter les spectacles d’artspopulaires du Vietnam aux étrangers. «J’accepte le fait de perdre del’argent pendant au moins trois ans pour le développement de ce nouveauthéâtre, qui n’ouvre pour l’instant ses portes que deux ou trois foispar mois. Pour maintenir son fonctionnement, je dois compenser despertes de 70 millions de dôngs par mois», confie Huynh Anh Tuân.
D’autresthéâtres touristiques sont aussi en proie à des difficultés sur le planfinancier. Le programme Hôn Viêt de Mekong Artist, joué depuis novembre2011 et applaudi par la critique, essuie des pertes à chaquereprésentation, et ce malgré le Fonds d’investissement Capital Dragonqui le soutient à hauteur de 12,5 millions de dôngs chaque soirée.
LeThéâtre À Ô show, qui a coûté assez cher, a été créé en février dernierdans l’ambition de présenter la culture du Vietnam aux étrangers.Ironie du sort, la moitié du public - en plus d’être clairsemé - estVietnamien.
Paradoxes
Fait pour le moins déroutant,alors que les théâtres doivent se débrouiller pour trouver desspectateurs, les tours opérateurs se plaignent du manque de programmesartistiques réservés aux touristes étrangers. Cherchez l’erreur...
Sur ce point, Huynh Anh Tuân se montre perplexe : «Alors quenous jouons un rôle prépondérant dans la promotion de la culturevietnamienne auprès des étrangers, les tours opérateurs nous tournent ledos. Peut-être que les retombées financières sont moins alléchantes quele shopping et l’organisation de visites des sites touristiquescélèbres...».
«En juillet 2012, le Service municipal de laculture, des sports et du tourisme a proposé une liaison entre leprogramme artistique Hôn Viêt et une quarantaine de voyagistes etd'hôtels, mais aucun n’a signé l’accord pour amener au théâtre lestouristes étrangers. Pour À Ô show, les étrangers doivent contacterdirectement le théâtre pour se procurer des billets, ce qui est loind’être l’idéal...», partage le représentant de Mékong Artist.
Ainsi,les théâtres privés doivent eux-mêmes se charger du marketing. Nón Lá,Rông Vàng et le programme Hôn Viêt distribuent des dépliants dans lecentre-ville et dans les grands sites touristiques. À Ô show a créé unepage Facebook pour réactualiser son calendrier des représentations, lesréactions des spectateurs et présenter les programmes promotionnels.
Huitans se sont écoulés depuis le lancement de la politique «Théâtre auservice du tourisme» de Hô Chi Minh-Ville. Si aujourd’hui les théâtresprivés sont appréciés pour la qualité des spectacles proposés, il estgrand temps que les organismes concernés leur prêtent assistance si l’onveut les voir perdurer. – VNA