Les puits anciens de Hoi An
À
Hoi An, les habitants ont gardé l’habitude de faire la cuisine et de
préparer le thé avec de l’eau de puits. Les puits sont encore nombreux
dans la ville, notamment dans le vieux quartier classé au patrimoine
mondial de l’UNESCO. Chaque famille en possède au moins un qu’elle garde
jalousement, au même titre qu’une tradition ancestrale.
Vo Hong Viet, du Centre de préservation culturelle de Hoi An, indique :
« Il y a beaucoup de puits anciens à Hoi An. Le plus grand est Ba Le,
mais on en trouve de nombreux autres dans un rayon de 100 à 200 mètres.
Il existe bien sûr un réseau d’approvisionnement pour les activités
courantes comme le lavage, mais les habitants continuent d’utiliser le
puits Ba Le pour faire la cuisine, car son eau est réputée limpide et
douce. Elle permet de préparer des plats de meilleure qualité ».
Selon les anciens, le puits Ba Le existerait depuis l’époque des rois
Cham, c’est-à-dire entre les 8ème et 9ème siècles. Les habitants de Hoi
An se servent de l’eau de ce puits pour préparer leurs repas d’offrandes
à l’occasion du premier et du quinzième jour du mois lunaire, mais
aussi pour donner un bain aux nouveau-nés. Si vous venez à Hoi An et que
vous dégustez les nouilles de Cao Lau et la compote aux sésames noires
sans visiter le puits Ba Le, alors vous aurez manqué une découverte
importante car c’est grâce à cette eau que ces plats sont délicieux. Une
dizaine de personnes sont d’ailleurs en charge d’acheminer
quotidiennement cette eau auprès des restaurants, cafés et hôtels de la
ville.
Hoi An compte plus de 80 puits anciens et malgré
leur proximité avec une rivière à eau salée, distante parfois de moins
de 6 mètres, l’eau de ces puits reste douce et son niveau élevé, même
durant les jours de sécheresse.
Les anciens puits de Hoi
An ont trois formes principales : ronde, carrée, ou ronde en haut et
carrée en bas. Dans la plupart des cas, ils sont constitués de briques
entreposées sans être liées au mortier. Leur point commun : ils
disposent tous d’un fondement en lim, un bois très solide qui soutient
les parois du puits.
Luu Hung conserve devant chez lui
le puits familial que ses ancêtres ont construit. Il confie : « Ce puits
a été bâti au moment de la construction de la maison de culte de notre
lignée familiale. C’est un vestige hérité des ancêtres. Ils l’ont
construit avec de la chaux mélangée aux épines de cactus. Les parois
sont soutenues par quatre morceaux de bois de 25cm qui sont toujours
intacts ».
Au-dessus de leurs puits, les habitants de
Hoi An ont installé un autel dédié au génie du puits. Ils croient que
chaque puits est protégé par un génie. Luu Hung dit : « Il est arrivé
que des familles connaissent des malheurs après avoir remblayé leur
puits. Alors on fait très attention depuis. Les premier et quinzième
jours du mois lunaire, on brûle des bâtonnets d’encens en l’honneur du
génie du puits. Comme pour les autres génies, les offrandes comprennent
des fruits, de l’encens et l’autel est illuminé ».
Avec
le pont-pagode, la rivière Hoai, ses maisons anciennes et ses
sanctuaires, les puits font sans conteste partie intégrante du riche
patrimoine culturel de Hoi An. -VOV/VNA