Hanoï (VNA) - Le Vietnam possède des paysages majestueux. Grâce à la diversité de ses reliefs et de sa végétation, un nouveau tourisme se développe en liaison avec de beaux paysages où côtoient des fleurs magnifiques et bien souvent négligées.
En décembre 2016, a eu lieu pour la première fois dans le district de Nghia Dàn, province de Nghê An (Centre), le Festival du tournesol. Un festival tout à fait remarquable organisé par le Service provincial de la culture, des sports et du tourisme pour privilégier ces fleurs. C’est d’ailleurs une plante qui a de nombreux atouts et qui permet aux floriculteurs d’augmenter leurs revenus.
Honorer des fleurs «oubliées»
Pour préparer ce 1er festival des tournesols, la province de Nghê An a mobilisé plus de 100 hectares de terres agricoles et a versé des milliards de dông afin de financer les agriculteurs pour les soins prodigués à ces cultures. En outre, le Service municipal de la culture, des sports et du tourisme a aussi mis en œuvre diverses activités culturelles et artistiques pour mettre en valeur cette fleur.
Il s’agit d’une politique exemplaire : en plus de favoriser le développement et la promotion de l’image, elle crée de nombreux emplois locaux. Cette initiative attire forcément de nombreux visiteurs et touristes intéressés par cette belle plante, prêts à la prendre en photos sous toutes ses coutures. Auparavant, le tournesol était cultivé pour la consommation, et non pour des visées touristiques ou pour la promotion des images et des gens du terroir. Aujourd’hui, pour la première fois, l'image de cette province se diversifie grâce à la floraison du tournesol, à côté des lieux de visites traditionnels comme les musées et les monuments historiques.
Les tournesols honorés dans la province de Nghê An ne sont pas les seules fleurs qui possèdent de l’éclat actuellement. On retrouve également les marguerites communes, les lotus, les sarrasins, les crucifères blancs, les tournesols mexicains et les herbes roses de Dà Lat (province de Lâm Dông, sur les hauts plateaux du Centre). Toutes et tous se passionnent également pour ces dernières.
Des fleurs remises au goût du jour
On venait auparavant à Dà Lat pour justement contempler des fleurs roses, blanches, rouges ou encore jaunes comme les hydrangea macrophylla, les orchidées. Maintenant, on recherche les espaces de tournesols mexicains (dã quỳ, nom scientifique Tithonia diversifolia), et les routes recouvertes par ces fleurs. On ne les identifie plus comme plantes ringardes bien que l’expression dã quỳ signifie «vieille femme, femme âgée». Avec cette connotation négative, les dã quỳ n’intéressaient personne ! Elles étaient même méprisées… Mais aujourd’hui, il y a une très grosse cote de la part des jeunes filles et des femmes qui apprécient cette magnifique fleur en novembre.
Une autre fleur rencontre aussi du succès depuis quelques années, notamment pour les amateurs de fleurs. Il s’agit des crucifères qui sont cultivées pour la reproduction des graines pour les saisons prochaines. Arrivée un peu par hasard sous les objectifs des photographes amateurs et professionnels, cette fleur ou plutôt ces champs de fleurs sont devenus pétillants et romantiques. Cela encourage principalement les touristes à s’aventurer dans ces paysages naturels. À chaque floraison de crucifères, les habitants du Nord font leurs valises et viennent «traquer» la beauté de cette fleur.
Les fleurs «méprisées» tiennent leur revanche
Les tournesols, les sarrasins, les crucifères blanches et jaunes, les lotus et les cornus sanguineas sont désormais considérés comme des plantes agricoles et des fleurs «populaires». Leur réputation et leur noblesse grandissent de jour en jour. Aujourd’hui, les jeunes et les amateurs de nature en parlent avec gaieté et panache, en n’oubliant pas les aventuriers et les photographes amateurs et professionnels. Le partage des clichés dans les réseaux sociaux, tel que Facebook et Instagram, a largement contribué à alimenter la réputation de ces fleurs.
C’est ainsi que la mode des festivals de fleurs fait son petit bonhomme de chemin grâce à la société et à la conscience des paysans, comme cela a été le cas il y a une dizaine d’années avec les jardiniers résidant autour du lac de l'Ouest à Hanoï. Ils ont su exploiter leurs jardins et autres petits champs de fleurs et de végétaux afin d’organiser des petites fêtes à la gloire de ces fleurs. Ces dernières années, ils ont organisé jusqu’à trois ou quatre fêtes qui comprenaient une grande variété de fleurs (lotus, crucifères jaunes, marguerites communes, fleur de pêcher). Ces fêtes sont très appréciées des gens de la capitale et des localités voisines.
Selon les spécialistes en tourisme, l'apparition de la fête des fleurs «oubliées» est liée à la traditionnelle fête des fleurs du Têt. Il s'agit de la rue florale du Têt à Hô Chi Minh-Ville ainsi que du festival des cerisiers japonais. Sans doute aussi à un retour à la nature et au plaisir des choses simples et rustiques.
Professionnaliser les festivals de fleurs «oubliées»
Aujourd’hui, ces fêtes sont mises en valeur pour contribuer à la promotion de l'image de chaque localité et du pays en général. Ces fleurs seront également l'un des nouveaux produits touristiques importants du Vietnam.
Toutefois, pour que ces fêtes florales deviennent une marque touristique, les localités se doivent d’élaborer un plan stratégique pour les promouvoir avec des règlements et des politiques. En effet, ces dernières années, à côté des intérêts pour l’image de marque de la localité et le revenu des paysans, la fête des fleurs a montré certains côtés négatifs dus à l’organisation aléatoire des paysans et au manque de conscience des visiteurs. On sait que l’organisation de ces fêtes ne rapporte que de faibles recettes aux agriculteurs. Les fleurs sont des produits agricoles que les cultivateurs doivent récolter et vendre sur le marché. C’est pourquoi, il faut avoir des modèles de gestion de la part des autorités locales et provinciales pour atténuer les dommages envers les agriculteurs. -CVN/VNA