Les fleurs et leur histoire

La vente des fleurs telle qu’elle existe aujourd’hui au Vietnam n’est apparue qu’au début du XXe siècle. Rétrospective sur cette vente ainsi que la floriculture.

Hanoi (VNA) - La vente des fleurs telle qu’elle existe aujourd’hui au Vietnam n’est apparue qu’au début du XXe siècle. Rétrospective sur cette vente ainsi que la floriculture.

Les fleurs et leur histoire ảnh 1Il est facile de trouver des marchandes ambulantes de fleurs dans les rues de Hanoï. Elles offrent une riche gamme de fleurs selon la saison. Photo : Anh Tuân/CVN

Faite d’une acculturation entre l’Est et l’Ouest, la vente des fleurs s’est réalisée dans le cadre de la modernisation qui, au Vietnam et dans d’autres pays d’Asie, est synonyme d’occidentalisation. Elle n’a pu naître qu’avec l’apparition de nouvelles couches sociales, dont l’adoption des coutumes occidentales concernant les fleurs donne naissance à un marché floral. Selon Hoàng Dao Thuy (1900-1994) dans son ouvrage Hà Nội thanh lịch (Hanoï, la cité d’élégance), il avait près de la capitale aux XIe et XIIe siècles, près des villages de Vong Thi et Nghi Tàm, des «champs de fleurs».

Dans son livre Mœurs et coutumes villageoises, publié en 1968, Nhât Thanh remarque : «Autrefois, les vieux lettrés amoureux des fleurs les cultivaient eux-mêmes». La demande en fleurs n’était pas importante. La majorité paysanne de la population qui trimait du matin au soir sans pouvoir se suffire, n’avait pas assez de loisir et d’argent.

L’usage des fleurs au fil du temps

Les investissements, l’exploitation des mines - début de l’industrialisation par l’administration coloniale - ont créé une couche citadine bourgeoise et petite bourgeoise. Formée par les écoles françaises, cette dernière a subi l’influence de la culture occidentale à divers points de vue : nourriture avec l’introduction du pain, vin, café, etc., habillement, distractions (films, chansons de Tino Rossi, etc.). En particulier, les fleurs allaient être employées dans les relations sociales, inconnues auparavant : visites de courtoisie aux patrons et aux chefs de bureau, anniversaires de naissance, funérailles, accueil d’hôtes, décors lors de réunions officielles, jardins publics, marchés de fleurs, exportations de fleurs, etc.

L’usage généralisé de fleurs d’ornement avait commencé sans doute en Cochinchine devenue colonie française dès 1874. Là, la société, moins confucianisée qu’au Nord, s’adaptait plus facilement aux nouveautés. De nombreuses espèces de fleurs du climat tempéré ont été introduites au Sud. Ainsi, le coquelicot, le mimosa, etc. furent plantés à titre expérimental en 1898 à Dà Lat, sur la demande du Docteur Yersin(1), qui devint le principal producteur de fleurs du Sud.

Les fleurs et leur histoire ảnh 2Le village de floriculture de Sa Dec, province de Dông Thap (delta du Mékong), fournit chaque année pendant le Têt traditionnel une quantité importante de fleurs. Photo : Duc Hoanh/VNA/CVN

Au Nord, les villages de fleurs traditionnels au bord du lac de l’Ouest à Hanoï ont commencé à pratiquer la culture à grande échelle au début du siècle. Les Français avaient créé une pépinière de plantes à fleurs et de légumes à Thuy Khuê, dirigé par un certain De Laford. Dans son livre Hà Nội nửa đầu thế kỷ 20 (Hanoï dans la première moitié du XXe siècle, Éditions Hanoï, 1995),  Nguyên Van Uân (1912-1991), éminent spécialiste de Hanoï, disait qu’un homme du village Yên Phu qui y avait travaillé avait appris l’art de cultiver les fleurs, surtout les fleurs d’Occident. Il avait divulgué le secret aux gens de son village qui allaient ensuite se spécialiser dans la production de graines.

Les villages voisins, Nghi Tàm, Nhât Tân, Ngoc Hà, Quang Ba, Tây Hô, dans son sillage, ont produit en grand des fleurs pour les vendre, avec de plus en plus d’espèces occidentales (glaïeuls, violettes, roses, lys, marguerites, pensées, hortensias, etc.). Les grands centres urbains possèdent des villages de fleurs : La Thành (Son Tây), Vi Khu (Nam Dinh), Dang Hai et Ha Lung (Hai Phong). Ces villages fournissent aussi des plantes d’agrément et des poissons rouges.

Le Têt et d’autres grandes fêtes de l’année (Journée international du travail, Journée des femmes, Journée des enseignants, Noël...) sont des occasions d’offrir des fleurs. Durant les années de guerre et de division du pays (1946-1975), la culture des fleurs s’est maintenue dans les villes occupées. Après la libération du Nord (1954), les villages de fleurs de Hanoï se sont organisés en coopératives, ce qui a favorisé l’exportation de fleurs vers l’Union soviétique et l’Europe de l’Est.

Les fleurs et leur histoire ảnh 3Le village de Tây Tuu est l'une des plus grandes régions floricoles de Hanoï. Photo : Ngoc Hà/VNA/CVN


Vicissitudes de la floriculture

Depuis la réunification nationale (1975), surtout après l’application de la politique de Renouveau (1986) qui encourage la privatisation et la concurrence, les fleurs ont connu un véritable boom, surtout parmi les couches aisées. Les fleurs de Dà Lat sont acheminées par avion au Nord. Les gens de Hai Phong, Hai Duong, Bac Ninh, Thai Nguyên vont à Hanoï pour acheter et vendre des fleurs. Il existe à Quang Ba (5 km de Hanoï) un marché de fleurs ouvert entre 02h00 et 05h00 du matin, fréquenté par des milliers de personnes.

Il est regrettable que les surfaces plantées de fleurs dans les villages de fleurs traditionnels de Hanoï se rétrécissent comme peau de chagrin, étant vendues à prix d’or pour les constructeurs d’hôtels et de buildings. En revanche, d’autres villages de la banlieue (Hanoï et Hô Chi Minh-Ville) abandonnent la culture des légumes pour celle des fleurs. À Dà Lat, la culture florale industrialisée a démarré avec succès. -CVN/VNA

Voir plus

Saigon Lotus, passerelle culturelle entre le Vietnam et le Royaume-Uni. Photo . VNA

Saigon Lotus, passerelle culturelle entre le Vietnam et le Royaume-Uni

Située dans un bâtiment classé au patrimoine, vieux de plus de cent ans, au cœur de la ville de Middleton, à Manchester, « Saigon Lotus : Maison culturelle vietnamo-britannique » incarne un espace de rencontre unique entre l’architecture classique britannique et l’âme culturelle vietnamienne.

Le Festival Thang Long - Hanoï 2025, organisé par le Département de la culture et des sports de Hanoï, a été inauguré le 7 novembre à la Citadelle impériale de Thang Long. Photo : VNA

Ouverture du Festival Thang Long - Hanoï 2025

Le Festival Thang Long - Hanoï 2025, organisé par le Département de la culture et des sports de Hanoï, a été inauguré le 7 novembre à la Citadelle impériale de Thang Long. Il se poursuivra jusqu'au 16 novembre, avec une série d'activités culturelles et artistiques de grande envergure.

La vice-ministre des Affaires étrangères, Le Thi Thu Hang, prend la parole lors de cet événement culturel. (Photo : baoquocte.vn)

Événement culturel à Quang Ninh pour renforcer les liens Vietnam-UE

Le ministère des Affaires étrangères, en coordination avec le Comité populaire provincial de Quang Ninh et la Délégation de l’Union européenne (UE) au Vietnam, a organisé le 7 novembre à Quang Ninh, dans la province de Quang Ninh, un événement intitulé « Vietnam-UE : Un pont culturel pour un avenir durable ».

Le 34ᵉ Festival Changé d’Air, placé cette année sous le thème « Vietnam – culture, art, gastronomie, musique et vie quotidienne », s’est ouvert le 6 novembre au Centre socioculturel Le Rabelais. Photo: https://actu.fr/

Dix jours pour célébrer la culture vietnamienne en France

Le 34ᵉ Festival Changé d’Air, placé cette année sous le thème « Vietnam – culture, art, gastronomie, musique et vie quotidienne », s’est ouvert le 6 novembre au Centre socioculturel Le Rabelais, dans la ville de Changé, département de la Sarthe, région Pays-de-la-Loire.

Vinh Long célèbre la fête Ok Om Bok

Vinh Long célèbre la fête Ok Om Bok

La fête Ok Om Bok, événement culturel traditionnel de la communauté khmère et patrimoine culturel immatériel national reconnu, s’est tenue le 5 novembre au site historique et pittoresque d’Ao Ba Om, dans la province de Vinh Long, au cœur du delta du Mékong.

Œuvre "Mua xuân dên" (L’arrivée du printemps), de Vu Công Diên, huile sur toile, 100x120cm. Photos : NDEL

Les beaux-arts contemporains vietnamiens enchantent à l’Asian Art de Londres

Les œuvres de quatre artistes vietnamiens contemporains ont suscité l’intérêt des collectionneurs, des maisons de vente aux enchères et des amateurs d’art du Royaume-Uni et du monde entier lors de l’exposition « Vietnam - Beauté enchanteresse », qui s’est tenue du 31 octobre au 5 novembre chez Sotheby’s.

Le rituel d’offrande du côm dep, sorte de jeune riz gluant aplati, est une spécialité khmère en l’honneur de la Lune. Photo : VNA

Can Tho célèbre la fête de la Lune des Khmers

Selon les croyances du peuple khmer, la fête de la Lune, célébrée au milieu du dixième mois lunaire, est l’occasion de rendre grâce au génie lunaire pour des récoltes abondantes. Dans la soirée du 4 novembre 2025, la cérémonie du culte de la Lune s’est tenue au temple Khleang, dans la ville de Can Tho, dans le cadre de la fête Oc Om Boc – course de pirogues Ngo traditionnelles.