Les fêtes printanières, une tradition intemporelle dans le Vietnam moderne

Le folkloriste Nguyên Hung Vi, ancien professeur au Département de littérature de l’Université des sciences sociales et humaines de l’Université nationale de Hanoi, parle de l’importance des fêtes du printemps dans la culture populaire vietnamienne.

La pagode des Parfums, nichée dans la commune de Huong Son, à 60 km au sud de Hanoi, célèbre comme la plus grande fête au Nord du Vietnam qui dure pendant trois mois, du 6e jour du 1er mois lunaire au 15e jour du 3e mois lunaire. Photo: VNA
La pagode des Parfums, nichée dans la commune de Huong Son, à 60 km au sud de Hanoi, célèbre comme la plus grande fête au Nord du Vietnam qui dure pendant trois mois, du 6e jour du 1er mois lunaire au 15e jour du 3e mois lunaire. Photo: VNA

Hanoi (VNA) – Le folkloriste Nguyên Hung Vi, ancien professeur au Département de littérature de l’Université des sciences sociales et humaines de l’Université nationale de Hanoi, parle de l’importance des fêtes du printemps dans la culture populaire vietnamienne.

Le quotidien Viêt Nam News de l’Agence vietnamienne d’information (VNA) discute avec le folkloriste Nguyên Hung Vi, ancien professeur au Département de littérature de l’Université des sciences sociales et humaines de l’Université nationale de Hanoi, de l’importance de la fête du printemps dans la culture populaire vietnamienne.

- Veuillez expliquer brièvement la coutume de la fête du printemps dans la culture populaire vietnamienne.

«Le printemps est la période où la vie nouvelle naît, l’été est la période où les plantes et les animaux mûrissent, l’automne est la période où les plantes se fanent et l’hiver est la période où les êtres vivants se reposent.» C’est ainsi que nos ancêtres à travers l’Orient ont compris les saisons depuis plus de 2.000 ans.

folkloriste-nguyen-hung-vi.jpg
Le folkloriste Nguyên Hung Vi. Photo: VNS

Ce concept s’applique à la plupart de l’humanité. L’idée que «le ciel et l’homme correspondent» suggère que les êtres humains resteront à jamais partie intégrante des cycles sans fin de la nature.

Même aujourd’hui, alors que les villages se développent avec des pièces climatisées et de hauts bâtiments, ils existent toujours dans l’environnement naturel. Après avoir enduré un hiver froid – où de nombreux endroits sont recouverts de givre et de neige – le printemps arrive. Les arbres bourgeonnent, fleurissent et portent des fruits. Les oiseaux volent et chantent, et les ruisseaux et les rivières coulent à nouveau.

Les humains vivent la même transformation. La vitalité de chaque personne semble s’éveiller, en harmonie avec le rythme du printemps. Vivre en communauté et synthétiser cette énergie est à l’origine de la fête du printemps.

Les fêtes du printemps sont principalement des fêtes de village, enracinées dans des traditions rurales avec une profonde signification populaire. Quelle que soit la forme qu’elle prend, la fête du printemps reste avant tout une fête du peuple, façonnée par des concepts de synthèse, de performance, de conscience de soi, de communauté et de liens ancestraux. Ces éléments définissent ensemble les valeurs humaines de la fête du printemps.

- Comment cette coutume s’est-elle maintenue et développée au fil du temps ?

fete-des-labours-827.jpg
La fête des Labours dans la commune de Tiên Son, district de Duy Tiên, province de Hà Nam. Photo: VNA

La préservation et le développement de la fête du printemps sont deux aspects parallèles de son évolution. La préservation des traditions assure la continuité, tandis que le développement permet à la fête de s’adapter aux conditions sociales changeantes.

Tout au long de l’histoire, les catastrophes naturelles, les épidémies, les guerres et les mauvaises récoltes ont parfois interrompu les fêtes. Cependant, lorsque la paix revient, les fêtes sont relancées, élargies et remodelées pour répondre aux attentes de la population. Après un demi-siècle de guerre, la politique du Dôi moi (Renouveau) en 1986 a marqué le début d’un renouveau culturel. Depuis lors, la fête du printemps a progressivement retrouvé son dynamisme. Ce renouveau reflète la résilience des communautés et souligne les valeurs de paix et de reconstruction.

Comme de nombreuses traditions mondiales, la fête du printemps vietnamienne sert de pèlerinage à des millions de personnes, les reconnectant à leurs racines ancestrales, à leurs villages, à leurs dieux tutélaires et à leur patrimoine culturel.

Cependant, contrairement à d’autres pèlerinages vers des sites sacrés singuliers, comme le Gange, l’Indus, le Vatican ou la Mecque, la fête du printemps ne se limite pas à un seul endroit. Au contraire, elle s’étend à toutes les régions, formant une identité culturelle unique au sein du paysage mondial.

La préservation et la communication de cette identité culturelle sont une responsabilité collective. Elle permet non seulement de préserver le patrimoine, mais aussi d’enrichir l’esprit humain. C’est là l’importance du patrimoine des fêtes.

lutte-au-ballon-village-van.jpg
Le festival traditionnel de lutte au ballon de boue au village de Vân, inscrit sur la Liste du patrimoine culturel immatériel national en 2022. Photo: VNA

- Selon vous, quels sont les beaux aspects de la fête du printemps qui devraient être préservés et quelles coutumes devraient être modifiées pour s’adapter à la vie moderne ?

L’étude des festivals du monde entier révèle à la fois des traditions chères et des coutumes désuètes. Les chercheurs ne se contentent pas de documenter, de classer et d’expliquer les festivals, ils évaluent également leurs valeurs culturelles. La beauté de la fête du printemps réside dans sa capacité à favoriser la communauté, la joie et la continuité culturelle.

En même temps, il faut reconsidérer les coutumes désuètes, celles qui ne sont pas civilisées ou qui sont en contradiction avec les principes culturels modernes. Il s’agit notamment de l’abattage cruel d’animaux sacrificiels, de la superstition, des dépenses extravagantes, des flambées de violence, des jeux de hasard, de l’abus d’alcool, de la commercialisation des pratiques religieuses, des détritus et de la déforestation. Ces problèmes doivent être identifiés et progressivement résolus pour préserver l’esprit positif de la fête tout en l’adaptant à la société contemporaine.

À l’ère des échanges culturels mondiaux, les sociétés doivent être sélectives dans ce qu’elles préservent. La couverture médiatique ne doit pas seulement servir à attirer le public par curiosité, mais aussi à mettre en valeur les aspects uniques et positifs de la culture vietnamienne. Cette identité culturelle sert de passeport national, d’emblème du patrimoine qui doit évoluer en harmonie avec la civilisation moderne et la bonté humaine.

fete-de-giong.jpg
La fête de Gióng de temple de Soc Son à Hanoi. Photo: VNA

- Que pensez-vous des fêtes de printemps récemment restaurées ?

La renaissance des fêtes de printemps, mêlant tradition et adaptation créative, est remarquable et louable. Comme une rivière qui coule, les fêtes évoluent en permanence. De près, chaque fête apparaît comme une version unique d’elle-même ; Pourtant, dans un sens plus large, les traditions sont façonnées pour les générations futures.

Cependant, aucun renouveau n’est sans faille. Tout comme la recherche scientifique peut conduire à des erreurs, la gestion et l’investissement des festivals n’utilisent pas encore pleinement l’expertise des artistes professionnels et des directeurs culturels. Cette sous-utilisation des experts, parfois appelée «gaspillage de cerveaux sur le lieu de travail», empêche les festivals d’atteindre leur plein potentiel culturel. Une approche plus collaborative, impliquant des professionnels bien formés, pourrait élever les festivals modernes tout en préservant leur authenticité.

Alors que les festivals vietnamiens continuent d’évoluer, leur succès dépendra de la recherche d’un juste équilibre entre la préservation du patrimoine et l’acceptation du progrès. – VNA

source

Voir plus

Yên Nhi couronnée Miss Grand Vietnam 2025. Photo: Comité d'organisation de Miss Grand Vietnam 2025

Yên Nhi couronnée Miss Grand Vietnam 2025

Nguyên Thi Yên Nhi, 21 ans, originaire de la province de Dak Lak, sur les Hauts Plateaux du Centre, a remporté le titre de Miss Grand Vietnam 2025, surpassant 34 candidates lors de la grande finale qui s’est tenue dimanche 14 septembre à Hô Chi Minh-Ville.

L’ambassadeur du Vietnam en Israël, Ly Duc Trung prend la parole à l'événement. Photo: VNA

La cuisine et la culture vietnamiennes séduisent le public israélien

Le Club international des femmes en Israël (IWC Israel) a organisé le 14 septembre une conférence spéciale intitulée « Gastronomie, culture et tourisme du Vietnam », avec la participation du Professeur Nir Avieli, président de l’Association israélienne d’anthropologie et maître de conférences à l’Université Ben Gourion.

L'équipe vietnamienne des moins de 23 ans lors du Championnat des moins de 23 ans de l’ASEAN 2025. Photo : VFF

Le football professionnel relève les défis et explore les perspectives futures

Au cours de la dernière décennie, les équipes de jeunes du Vietnam, des moins de 17 ans aux moins de 23 ans, ont obtenu des résultats remarquables lors des tournois régionaux et continentaux. Cependant, malgré ces succès, les fondements du football professionnel restent fragiles, révélant des problèmes urgents qui requièrent une attention particulière.

Le stand du Vietnam au festival ManiFiesta 2025 en Belgique. Photo : VNA

Le Vietnam présent au festival ManiFiesta 2025 en Belgique

ManiFiesta 2025, festival annuel de la solidarité, de la musique, de la culture et des aspirations communes, s’est tenu les 13 et 14 septembre dans la ville d’Ostende, sous l’organisation du Parti du Travail de Belgique (PTB).

Le site commémoratif « Ceinture anti-américaine – Trang Lon », classé monument historique national, a été aménagé avec une maison d’exposition et un symbole de la victoire. Photo : VNA

Tay Ninh met en valeur ses sites culturels et historiques

Actuellement, la province de Tây Ninh (Sud) recense 223 sites classés au patrimoine, dont un site national spécial, 49 sites nationaux et 173 sites provinciaux. Afin de valoriser ce riche patrimoine, les autorités locales ont choisi de décentraliser la gestion en la confiant aux administrations de base. Cette approche vise à faciliter la préservation et la mise en valeur de ces trésors culturels et historiques.

Photo : VNA

Les cours de vietnamien au Laos perpétuent la culture

Au cœur du sud du Laos, Champassak est un haut lieu pour les familles vietnamiennes qui y vivent depuis des générations. Ici, enseigner leur langue maternelle aux enfants est une véritable mission pour préserver la langue et renforcer les liens entre le Vietnam et le Laos.

La cérémonie de mariage chez les Dao rouges à Lai Châu

La cérémonie de mariage chez les Dao rouges à Lai Châu

La cérémonie de « rước dâu » (accueil de la mariée) constitue un rituel central dans les mariages des Dao rouges du hameau de Nâm Sang, commune de Muong Than, province de Lai Châu (Nord). Malgré les vicissitudes de l’histoire, cette communauté préserve encore aujourd’hui des pratiques traditionnelles empreintes d’une forte identité culturelle. La mariée revêt un costume traditionnel aux couleurs éclatantes. La délégation du marié doit préparer un groupe de quatre musiciens jouant tambours et trompettes, élément indispensable de la cérémonie. Le son des instruments – trompettes, tambours, gongs et cymbales – résonne pour annoncer et célébrer l’événement, tout en rendant hommage aux ancêtres et au ciel.