Hanoi (VNA) - Kim Hoang est un village rattaché au district de Hoai Duc, en banlieue ouest de Hanoï, qui a donné son nom à un style d’estampe original. Imprimées sur du papier rouge, ces images folkloriques ont connu leur apogée aux 18ème et 19ème siècles.
A l’époque, les estampes de Kim Hoang n’avaient rien à envier à leurs célèbres consœurs de Dong Ho ou de Hang Trong. La plus grande différence avec ces dernières réside dans la couleur de fond. Si celle des deux autres est blanche ou blanche nacrée, celle de Kim Hoang est rouge. Le Bich, un grand amateur d'estampes populaires:
«Le rouge est la couleur typique des estampes de Kim Hoang. Celles que je préfère sont les dessins de porcs et de coqs, des dessins très naïfs d’animaux domestiques chers à tous les Vietnamiens. Ils sont dessinés par des traits blancs et noirs sur un fond rouge. C’est beau, simple mais pas moins moderne.»
Au début du 20ème siècle, les artisans du village achetaient leur papier rouge dans la rue Hang Ma, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des objets votifs dans l’ancien quartier de Hanoï. Ils trempaient le recto de leur planche, y appliquaient ce papier rouge, le massaient avec une courge éponge séchée de manière à faire ressortir au mieux les images gravées, avant de faire sécher le tout au soleil. Une fois le papier bien sec, l’artisan ajoutait au dessin imprimé des couleurs et des traits supplémentaires, en utilisant un pinceau tressé de paille de riz gluant. Nguyen Thi Thu Hoa, une collectionneuse :
«Nées dans un village banlieusard, les estampes de Kim Hoang sont destinées au peuple travailleur, d’où la naïveté des dessins et la couleur rouge qui est considérée par ce dernier comme étant la couleur de la chance. Avec ce rouge, toutes les couleurs utilisées dans ces estampes sont d’origine minérale. C’est pourquoi, plus le temps passe, plus elles deviennent limpides.»
Les estampes les plus prisées de Kim Hoang étaient les dessins de porcs et de coqs, qui se vendaient à merveille à l’occasion du Nouvel An lunaire. Mais il n’y avait pas que des dessins, plusieurs artisans s’amusaient aussi à créer des calligraphies de poèmes en idéogrammes chinois, en haut à gauche de leurs œuvres.
Aujourd’hui, très peu de familles conservent encore des planches anciennes, et les artisans se raréfient. En 1915, une grande inondation a détruit la digue Lien Mac qui protégeait le village, emportant la plupart de ses planches. Cette catastrophe a été suivie d’une sombre période de mauvaises récoltes, de famine et de guerre…
La restauration du métier d’antan est difficile. Les villageois ont besoin de l’aide des collectionneurs et des chercheurs. -VOV/VNA