Les coutumes du Tet chez les Thais noirs

Chaque année, lorsqu’arrive le printemps, les Thais noirs de Dien Bien réaménagent leurs demeures, préparent des branches de pêchers et des plateaux aux cinq fruits.

Dien Bien (VNA) - Chaque année, lorsqu’arrive le printemps, les Thais noirs de Dien Bien réaménagent leurs demeures, préparent des branches de pêchers et des plateaux aux cinq fruits. Rien ne saurait leur manquer pour célébrer dignement le Tet, car même si la modernité est de plus en plus présente dans leur vie quotidienne, ils restent farouchement attachés à leurs valeurs traditionnelles. Cap sur la province de Dien Bien, donc, et plus précisement sur la commune de San Mum, où nous attend un certain Ca Van Dinh. 

Les coutumes du Tet chez les Thais noirs ảnh 1Des Thai noirs dans la province de Dien Bien. Photo: Internet

Debout devant l’autel des ancêtres, Ca Van Dinh prie pour que l’année nouvelle soit placée sous le signe de la chance et de la réussite. Nous en sommes déjà au quatrième jour de la nouvelle année, pour la famille de Ca Van Dinh, c’est celui du dernier festin familial et des derniers objets votifs que l’on brûle pour raccompagner l’âme des ancêtres. Il y a en effet un dicton qui dit que le premier jour de l’année est réservé au père, le deuxième à la mère et le troisième au maître. Passé le troisième jour, il appartient à chaque foyer de choisir le jour qui lui paraît bénéfique pour brûler les objets votifs destinés aux ancêtres, dire adieu à ces derniers et ainsi clore les festivités du Nouvel An lunaire.   

Après les rites du culte des ancêtres, Ca Van Dinh rejoint ses enfants et ses petits enfants pour festoyer avec eux. Il en profite pour leur faire un véritable exposé sur les coutumes et les rites de son ethnie. C’est nécessaire, pour lui, de transmettre ainsi toutes ces traditions à ses descendants car qu’il se porte encore bien, il assure le culte des ancêtres, mais à l’avenir, il devra passer le relai à ses enfants.

Nous devons rapporter aux ancêtres que cette année, nos vergers ont donné des papayes, nous raconte Ca Van Dinh. Ça tombe bien parce que la papaye, c’est le premier fruit qui est déposé sur le plateau d’offrande : il symbolise l’opulence. Ensuite, il y a des oranges, des mandarines, des bananes et une branche de pêcher. Pour la branche de pêcher, on peut en acheter ou en couper une soi-même. Quant au festin, il doit comporter un certain nombre de plats traditionnels. Tout doit être très soigneusement préparé à l’avance. La canne à sucre, la main de bananes, le poisson, le poulet… tout doit être bien préparé !

Ca Van Dinh rappele aussi à ses enfants que le Tet n’est pas seulement l’occasion de se réunir en famille mais aussi l’occasion de rencontrer ses voisins.   

Durant le Tet, on prépare souvent des festins pour la famille, mais aussi pour les habitants du village, dit-il. Ces festins sont indispensables, surtout ceux qui ont lieu avec les autres habitants du village. Une famille nombreuse, c’est une famille heureuse. Au sein d’une même lignée, on doit répartir les festins. Il y en a qui ont lieu le matin, d’autres qui ont lieu le soir, comme ça tout le monde peut y participer.   

Au sein d’une même lignée, ce sont les familles les plus nombreuses qui festoient les premières. 

Il y a des familles comprenant trois, deux ou une génération, dit Dinh. Alors le premier jour de l’année est réservé aux familles de trois générations, le deuxième aux familles de deux générations et le troisième aux familles d’une génération. Plus la famille a de générations, plus elle est censée recevoir de convives.    

Chez les Thais noirs, les rites sont à la charge des hommes tandis que les femmes s’occupent de la cuisine et du réaménagement du foyer. Les Thais ne sont pas trop exigeants dans la confection des plats, mais attention toutefois, pas de Tet sans bouillons aux pousses de bambou ou sans viande grillée. Lo Thi Luong, la femme de Ca Van Dinh, nous raconte que dès l’enfance, les femmes sont initiées aux travaux ménagers et que les plats du Tet traduisent leur talent.   

Les coutumes du Tet chez les Thais noirs ảnh 2Un repas des Thai noirs à l'occasion du Nouvel An. Photo: Internet

Les jours du Tet, on ne mange pas de canard, mais du poulet et des viandes grillées, dit Lo Thi Luong. Durant le Tet, personne n’a faim, alors on prépare souvent des aliments secs qui sont rapidement prêts. Auparavant, on n’avait pas de frigo, alors les aliments secs, c’était pratique. Mais maintenant, évidemment, avec les frigos, on peut conserver de la viande crue.

Dans les festins des Thais noirs, le poulet et le poisson symbolisent la terre et l’eau. Autant dire qu’ils sont rigoureusement incontournables ! Mais il faut savoir que le poulet se déguste aussi en salade comme nous l’explique Ca Thi Dung, la fille de Ca Van Dinh.   

Une fois que le poulet est cuit à point, on y ajoute du poivre, du piment, des gousses d’ail et du persil, et on le découpe en petits morceaux. Tout le monde sait préparer ce plat !

Un plat simple, donc, mais qui a des vertus digestives, apparemment.

Pour aller avec le poulet, il faut varier les saveurs : piquant, sucré, amer… Ça facilite la digestion, insiste Ca Van Dinh.

Ca Van Dinh a une belle-fille qui est une Thai blanche : Phuong, qui essaie de s’initier aux coutumes locales en suivant les recommandations de ses beaux-parents. C’est ainsi, par exemple, qu’elle se lave les cheveux avec de l’eau de riz l’avant-veille du jour de l’an.

Dans les jours qui précèdent le Tet, on se rend souvent près des sources ou des cours d’eau, dit Lo Thi Luong. On n’apporte pas d’aliments de peur qu’ils ne soient emportés vers la mer. On prie pour que la malchance soit évacuée avec les poissons et les crevettes. Et puis on conserve l’eau qui nous sert à laver le riz pour laver nos cheveux juste avant le Tet.    

Ca Van Dinh et son épouse sont intarrissables lorsqu’il s’agit de parler des coutumes traditionnelles de leur ethnie. Ils entendent bien que leurs enfants les observeront eux aussi, ces coutumes, et avec respect !  -VOV/VNA 

Voir plus

Photo d'illustration : VNA

Projet de documents du 14e Congrès du Parti : Placer la culture au même rang que l’économie et la politique

Le projet de Rapport politique du Comité central du Parti (13ᵉ mandat) présenté au 14ᵉ Congrès national du Parti suscite un large intérêt ainsi que de nombreuses contributions de la population. Ce document clé confère à la culture le statut de fondement spirituel de la société, la positionnant comme à la fois un objectif et un moteur essentiel du développement durable du pays pour la nouvelle ère.

L'artiste Kiêu My et de jeunes artistes du Théâtre de hát bội de Hô Chi Minh-Ville interprètent la pièce « Fête de la maison communale du village». Photo : ttbc-hcm.gov.vn

Le Théâtre de hát bội de Hô Chi Minh-Ville, passeur de culture et de mémoire

Depuis plusieurs années, le Théâtre de hát bội de Hô Chi Minh-Ville propose chaque semaine des représentations dans les espaces publics de la ville. En parallèle, il collabore avec des établissements scolaires pour rapprocher cet art ancestral de la jeunesse. Une démarche à la fois patrimoniale et novatrice, qui vise à préserver l’identité culturelle tout en conquérant de nouveaux publics.

Le Village de My Nghiep (Khanh Hoa) continue de tisser l'avenir du brocart Cham

Le Village de My Nghiep (Khanh Hoa) continue de tisser l'avenir du brocart Cham

Face au risque de déclin de leur patrimoine artisanal en raison de la faiblesse des revenus et de la concurrence industrielle, les artisans du village de tissage de My Nghiep, berceau historique du brocart Cham dans la province de Khanh Hoa (Centre), résistent inlassablement.
Fidèles au métier à tisser traditionnel en bois – un savoir-faire précieux transmis de mère en fille au sein de l'ethnie Cham – ils maintiennent la production de ces étoffes colorées et complexes.

Hoang Ha, rédacteur en chef de la revue Van hoa nghê thuât (Culture-Art). Photo: vanhoanghethuat.vn

14ᵉ Congrès du Parti : la culture élevée au rang de pilier stratégique

Le projet de document pour le 14ᵉ Congrès national du Parti suscite un vif intérêt et une large participation de la société vietnamienne – gouvernements locaux, intellectuels, artistes, chercheurs et gestionnaires. Au cœur des débats, la culture émerge comme un axe stratégique, témoignant d’une profonde évolution dans la pensée théorique et les orientations du Parti pour un développement humain et culturel adapté à l’ère moderne.

Le directeur adjoint du Département du Tourisme de Hanoï, Nguyen Tran Quang, prend la parole lors de la conférence de presse. Photo : VNA

Festival de l’ao dai de Hanoï 2025 : Éclat du patrimoine vietnamien

Le festival touristique de l'ao dai de Hanoï 2025, placé sous le thème « Ao dai de Hanoï – Éclat du patrimoine », se tiendra du 7 au 9 novembre au Musée de Hanoï et dans la zone piétonne autour du lac de Hoan Kiem (Épée restituée), a annoncé le Département municipal du Tourisme.

La traditionnelle course de ghe ngo sera le point d'orgue de la fête Ok Om Bok. Photo : NDEL

À Vinh Long, les pirogues se jettent à l’eau pour la fête Ok Om bok

La province de Vinh Long, dans le delta du Mékong, propose diverses activités culturelles, touristiques et sportives pour célébrer la fête Ok Om Bok (culte de la lune et prière pour une bonne récolte, au milieu du 10e mois lunaire), dont le point d'orgue sera la traditionnelle course de ghe ngo.

Foire d’Automne 2025 : "Thu My Vi", un voyage culinaire au cœur des saveurs vietnamiennes

Foire d’Automne 2025 : "Thu My Vi", un voyage culinaire au cœur des saveurs vietnamiennes

Le festival gastronomique "Thu My Vi" se déroule en plein air dans le cadre de la Foire d’Automne 2025. Les stands y proposent les spécialités et les incontournables culinaires des provinces et grandes villes de tout le pays. "Thu My Vi" offre aux visiteurs un véritable voyage gustatif du Nord au Centre, jusqu’au Sud. Les touristes ne se contentent pas d’y découvrir les plats : ils y dégustent aussi l’âme des villes, l’attachement à la terre natale et la richesse culturelle du peuple vietnamien.

Le cinéma, un point d’orgue de la créativité culturelle au Foire d’Automne 2025. Photo d'illustation : VNA

Le cinéma, un point d’orgue de la créativité culturelle au Foire d’Automne 2025

Après une semaine d’ouverture, la Foire d’Automne 2025, un événement national de promotion du commerce et de la culture qui se tient au Centre d’exposition nationale (commune de Dông Anh, Hanoï), continue d’attirer un grand nombre de visiteurs venus découvrir, acheter et expérimenter les richesses culturelles et gastronomiques du pays.

En 2016, les pratiques liées à la croyance viet en les Déesses-Mères des Trois mondes (Tín ngưỡng thờ Mẫu Tam phủ) ont été inscrites par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Photo . VNA

Quand le numérique s’invite dans le culte des Déesses-Mères

En 2016, les pratiques liées à la croyance viet en les Déesses-Mères des Trois mondes (Tín ngưỡng thờ Mẫu Tam phủ) ont été inscrites par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Non seulement préservé dans l’espace sacré des temples et palais, ce patrimoine est, ces dernières années, également entré dans l’univers numérique afin de mieux atteindre le grand public.

Entre sons et couleurs, l’art traditionnel anime le Vieux Quartier de Hanoï

Entre sons et couleurs, l’art traditionnel anime le Vieux Quartier de Hanoï

Chaque samedi soir, la façade de l'ancienne maison sise au 64 rue Ma Mây, dans le quartier de Hoan Kiêm à Hanoï, s'anime d'un spectacle d'art traditionnel envoûtant. Au cœur du dynamisme trépidant de la rue piétonne, la musique folklorique résonne avec force, affirmant la vitalité persistante de la culture vietnamienne au cœur de la capitale.

Hanoï parmi les meilleures villes d’Asie pour la cuisine de rue

Hanoï parmi les meilleures villes d’Asie pour la cuisine de rue

Hanoï classée deuxième dans ce classement de septembre 2025 de Time Out. La ville est considérée comme un véritable trésor culinaire, où les mets les plus savoureux se découvrent au détour des ruelles étroites, dans de petites échoppes perchées au bout d’un couloir sombre ou au coin des rues animées.

Photo Hanoi’25 – Biennale met en lumière la photographie mondiale et les échanges créatifs. Photo: VNA

Photo Hanoi ’25 – Biennale, objectifs grand angle

La deuxième édition de Photo Hanoi ’25 – Biennale s’est ouverte le 1er novembre au Centre culturel du vieux quartier de Hanoi. Cet événement a réuni des artistes, des commissaires d’exposition et des experts de 22 pays autour d’expositions, d’ateliers et de conférences explorant les thèmes de la mémoire, de l’identité, de la nature, de la vie urbaine et du monde.