Hanoi (VNA) - Depuis dix ans, les catastrophes naturelles font chaque année plus de 300 morts et disparus. Et les pertes économiques s’élèvent à 1-1,5% du Produit intérieur brut (PIB), selon les chiffres donnés par des experts lors d’un colloque sur l’évaluation des pertes liées aux changements climatiques, qui a lieu les 6 et 7 juin à Hanoï.
Organisé par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le colloque sur l’évaluation des pertes causées par le dérèglement du climat réunit une centaine d’experts vietnamiens et étrangers. Les objectifs sont multiples : établir un bilan précis sur les pertes et dégâts dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ; discuter et partager des expériences concernant la gestion et le calcul des pertes dans l’agriculture et dans la gestion des ressources en eau propre. Les politiques du Vietnam en la matière y sont également présentées.
En effet, le Vietnam est et sera l’un des pays les plus affectés par les changements climatiques, lesquels se traduiront par une augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles comme la montée du niveau des mers (avec pour effet la salinisation des régions basses et deltaïques), l’augmentation de la température moyenne, etc.
«Face à cette situation, il est nécessaire pour le pays de calculer les influences de ce phénomène climatique sur le développement socio-économique, afin d’adopter des mesures de résilience adaptées», a souligné Hoàng Van Thang, vice-ministre de l’Agriculture et du Développement rural.
Pour sa part, Mme Akiko Fujii, vice-directrice du Bureau de représentation du PNUD au Vietnam, a déclaré que l’interminable épisode de sécheresse (imputable au phénomène El Niño) survenu en 2015-2016 avait eu un lourd impact sur la vie quotidienne de millions de paysans et l’économie du pays. «Si le Vietnam ne met pas en application des mesures adaptées pour lutter contre ces phénomènes naturels qui, autrefois exceptionnels, deviendront habituels, de nombreuses réalisations socio-économiques seront détruites», a-t-elle averti.
15.866 milliards de dôngs pour la croissance verte
Dans son rapport, Pham Van Tân, vice-directeur de l’Office des changements climatiques (ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement), prévoit que la température moyenne dans l’ensemble du pays devrait, d’ici 2100, augmenter de 1,7 à 4°C par rapport à la période 1986-2005. La pluviosité a connu une hausse de 5 à 20% dans le Nord et le Centre.
Cependant, la pluviosité pendant la saison de sèche a enregistré une nette baisse, augmentant le stress hydrique sur les cultures. De plus, le bouleversement du climat est responsable de l’augmentation du nombre de typhons et de phénomènes météorologiques extrêmes comme les épisodes de canicule (plus longs et plus intenses), en particulier dans le Nord, la région méridionale du Centre et le Sud.
«Face à cette situation, le ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement devrait suivre la même voie que le gouvernement dans la mise en œuvre d’Accord de Paris sur le climat, dont la priorité concerne la réduction des gaz à effet de serre, la formation des ressources humaines, l’élaboration du Système de surveillance, de déclaration et de vérification MRV (Monitoring, Reporting and Verification en anglais, NDLR) et le perfectionnement des institutions et politiques», a-t-il partagé.
Pour sa part, le gouvernement devrait mettre en œuvre dès maintenant son Programme de résilience aux changements climatiques et de croissance verte qui, pour rappel, est un des 21 Objectifs nationaux pour la période de 2016-2020. Ce programme nécessiterait 15.866 milliards de dôngs d’investissement, dont 470 milliards de dôngs provenant du budget étatique et 15.000 milliards de dôngs des aides publiques au développement (APD).
Plus de 11.000 milliards de dôngs devrait ainsi être consacrés à la lutte contre les changements climatiques et 4.566 milliards de dôngs à la croissance verte.
«La priorité devrait être donnée à la lutte contre la salinisation, l’érosion des sols dans le delta du Mékong, la sécheresse au Tây Nguyên (hauts plateaux du Centre) et sur le littoral au sud du Centre», a souligné Mme Nguyên Phuong Anh, responsable du ministère des Finances.
À noter enfin que durant ces deux jours, des expériences des pays étrangers, des mesures d’analyse SWOT (acronyme signifiant en français forces, faiblesses, opportunités, menaces) y seront abordées.
La CCNUCC en bref
La Convention-Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) met en place un cadre global de l’effort intergouvernemental pour faire face au défi posé par les changements climatiques. Elle reconnaît que le système climatique est une ressource partagée dont la stabilité peut être affectée par les émissions industrielles de CO2 ainsi que les autres gaz à effet de serre.
Selon la Convention, les gouvernements :
- rassemblent et diffusent les informations sur les gaz à effet de serre, sur les différentes politiques nationales et sur les meilleures mises en pratiques ;
- mettent en œuvre les stratégies nationales pour faire face aux émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux impacts prévus, y compris la mise à disposition de soutien financier et technologique aux pays en voie de développement;
- coopèrent pour se préparer à l’adaptation aux impacts des changements climatiques. (Sources : Nations unies.). –CVN/VNA