Les tambours de bronze sont communs à d’autres peuples du Sud-Estasiatique et du sud de l’ancien territoire chinois (au sud duYang-tseu-kiang). Ils constituaient le symbole de la richesse et dupouvoir des chefs de clans et de tribus.
On les classe en quatre catégories. Les spécimens les plus nombreux dela première catégorie ont été trouvés au Vietnam où figure le plus beau,celui de Ngoc Lu (hauteur : 63 cm et diamètre : 79 cm). Les gravures dutympan, finement ciselées, portent des cercles concentriques entrelesquels sont alignés des motifs géométriques ou réalistes.
Origine mythique des Viêt
Les dessins rudimentaires sur le tympan évoquent la civilisation del’époque (troupeaux de cerfs, oiseaux aquatiques, personnages jouantd’un instrument, dansant, pilant du riz ou battant du tambour, huttessur pilotis, barques de guerre…). Ils offrent de précieux renseignementsà l’historien et au sociologue. Mais c’est leur lecture au niveauspirituel, avec les figures géométriques et autres, qui embarrassesouvent l’anthropologue et le philosophe. À titre d’exemple, je mepermets de citer ci-après quelques spéculations.
L’ensemble des dessins évoquerait l’origine mythique de la race desViêt, ethnie majoritaire du Vietnam, nés de l’union du Dragon et del’Immortelle (sous forme d’oiseau). Les dragons métamorphosés en jonquesde guerre évoluent sur les caissons. Les oiseaux aquatiques, hérons,flamants, aigrettes… décorant le tympan, représentent les Immortelles.
D’après la légende, le roi Dragon Lac Long Quân devait regagner la zonemaritime avec cinquante fils tandis que l’Immortelle Âu Co allait dansles montagnes avec cinquante autres. Il semble que les Viêt seraient laseule ethnie à revendiquer le Dragon comme ancêtre. Toujours est-il quele tambour était employé lors des combats, des cérémonies et fêtes, desdeuils, des sacrifices au Dragon pour invoquer la pluie indispensable àla culture du riz.
Les trois éléments de l’univers (Ciel, Terre et Hommes) sont disposésdans des anneaux concentriques qui expriment l’harmonie cosmique àtravers les danses hiératiques.
Les chiffres sacrés révèlent des vérités mystiques. Le chiffre deuxsuggéré par la division du tympan en deux souligne l’évolution del’univers. Le chiffre trois louvoyant dans les triangles indique ladiversité de la nature humaine. Le chiffre neuf est constitué par lestrente-six oiseaux qui peuplent la couronne extérieure, avec quatretournesols à neuf pétales (4x9 = 36).
Chez nous comme en France, le tournesol est appelé ainsi parce qu’ils’oriente vers le soleil levant (sens contraire à celui des aiguillesd’une montre). Pourquoi ? Un chercheur, se basant sur la structure del’atome (positrons et électrons), conclut que c’est en vue de réaliserl’équilibre yin-yang.
L’étoile centrale du tambour de Ngoc Lu possède quatorze branches alorsque celle d’autres tambours n’en porte que dix ou douze. Un physicienexplique cela en se basant sur Newton et la formule F1 = F2. J’avoue queje ne puis plus le suivre, surtout quand il cite à grand renfort leshexagrammes et trigrammes du I. Ching. -CVN/VNA