Lecture des gravures sur les tambours de bronze hinh anh 1Les gravures du tympan, finement ciselées, portent des cercles concentriques entre lesquels sont alignés des motifs géométriques ou réalistes. Photo: CVN/VNA
Hanoï (VNA) - La première culture authentiquement vietnamienne, ou plutôt des Viêt, remonte au Ier millénaire avant J.-C. Formée dans le bassin du fleuve Rouge, elle s’est affirmée à l’âge du bronze qui nous a laissé un magnifique héritage, celui de tambours de bronze de Dông Son.

Les tambours de bronze sont communs à d’autres peuples du Sud-Est asiatique et du sud de l’ancien territoire chinois (au sud du Yang-tseu-kiang). Ils constituaient le symbole de la richesse et du pouvoir des chefs de clans et de tribus.

On les classe en quatre catégories. Les spécimens les plus nombreux de la première catégorie ont été trouvés au Vietnam où figure le plus beau, celui de Ngoc Lu (hauteur : 63 cm et diamètre : 79 cm). Les gravures du tympan, finement ciselées, portent des cercles concentriques entre lesquels sont alignés des motifs géométriques ou réalistes.

Origine mythique des Viêt

Les dessins rudimentaires sur le tympan évoquent la civilisation de l’époque (troupeaux de cerfs, oiseaux aquatiques, personnages jouant d’un instrument, dansant, pilant du riz ou battant du tambour, huttes sur pilotis, barques de guerre…). Ils offrent de précieux renseignements à l’historien et au sociologue. Mais c’est leur lecture au niveau spirituel, avec les figures géométriques et autres, qui embarrasse souvent l’anthropologue et le philosophe. À titre d’exemple, je me permets de citer ci-après quelques spéculations.

L’ensemble des dessins évoquerait l’origine mythique de la race des Viêt, ethnie majoritaire du Vietnam, nés de l’union du Dragon et de l’Immortelle (sous forme d’oiseau). Les dragons métamorphosés en jonques de guerre évoluent sur les caissons. Les oiseaux aquatiques, hérons, flamants, aigrettes… décorant le tympan, représentent les Immortelles.

D’après la légende, le roi Dragon Lac Long Quân devait regagner la zone maritime avec cinquante fils tandis que l’Immortelle Âu Co allait dans les montagnes avec cinquante autres. Il semble que les Viêt seraient la seule ethnie à revendiquer le Dragon comme ancêtre. Toujours est-il que le tambour était employé lors des combats, des cérémonies et fêtes, des deuils, des sacrifices au Dragon pour invoquer la pluie indispensable à la culture du riz.

Les trois éléments de l’univers (Ciel, Terre et Hommes) sont disposés dans des anneaux concentriques qui expriment l’harmonie cosmique à travers les danses hiératiques.

Les chiffres sacrés révèlent des vérités mystiques. Le chiffre deux suggéré par la division du tympan en deux souligne l’évolution de l’univers. Le chiffre trois louvoyant dans les triangles indique la diversité de la nature humaine. Le chiffre neuf est constitué par les trente-six oiseaux qui peuplent la couronne extérieure, avec quatre tournesols à neuf pétales (4x9 = 36).

Chez nous comme en France, le tournesol est appelé ainsi parce qu’il s’oriente vers le soleil levant (sens contraire à celui des aiguilles d’une montre). Pourquoi ? Un chercheur, se basant sur la structure de l’atome (positrons et électrons), conclut que c’est en vue de réaliser l’équilibre yin-yang.

L’étoile centrale du tambour de Ngoc Lu possède quatorze branches alors que celle d’autres tambours n’en porte que dix ou douze. Un physicien explique cela en se basant sur Newton et la formule F1 = F2. J’avoue que je ne puis plus le suivre, surtout quand il cite à grand renfort les hexagrammes et trigrammes du I. Ching. -CVN/VNA
 
source