Hanoï, 10 mai (VNA) – Les ministères de l’Industrie et du Commerce, ainsi que de l’Agriculture et de l’Environnement, ont organisé conjointement, le 9 mai à Hanoï, une conférence visant à stimuler les échanges commerciaux de produits agroalimentaires, halieutiques et forestiers entre le Vietnam et les États-Unis.
S’exprimant à cette occasion, le ministre de l’Agriculture et de l’Environnement, Do Duc Duy, a appelé les entreprises vietnamiennes à jouer un rôle plus actif dans l’amélioration de leur compétitivité et la normalisation de leurs processus de production, face aux défis commerciaux croissants, notamment avec les États-Unis.
Il a averti que l’imposition potentielle de droits de douane réciproques élevés par les États-Unis pourrait exercer une pression importante sur les principaux secteurs d’exportation du Vietnam. Les États-Unis demeurent le premier marché d’exportation du Vietnam pour les produits agricoles, forestiers et halieutiques.
En 2024, les exportations vers les États-Unis ont atteint plus de 13,7 milliards de dollars américains, représentant 22 % de la valeur totale des exportations du secteur. Au cours des quatre premiers mois de 2025, ce chiffre s’élevait à 4,34 milliards de dollars, soit une hausse de 10,2 % en glissement annuel. Les produits clés, tels que le bois et ses dérivés, les produits halieutiques, les noix de cajou, le poivre et les fruits frais, sont bien implantés sur le marché américain et jouissent d’un bon accueil de la part des consommateurs. Les États-Unis dominent actuellement le marché avec une part de 20,5 %, suivis par la Chine (17,1 %), l’Union européenne (13 %) et le Japon (7,5 %).
Cependant, Do Duc Duy a souligné que les discussions américaines autour de droits de douane réciproques pouvant atteindre jusqu’à 46 % faisaient peser une menace considérable sur les exportations vietnamiennes. En réponse, le gouvernement a mis en œuvre une série de mesures, allant de l’élaboration de plans d’action et de négociations bilatérales à l’organisation d’une délégation commerciale aux États-Unis prévue en juin prochain.
« À ce jour, près de 40 entreprises se sont inscrites pour ce déplacement, avec une valeur d’importation prévue de 2 milliards de dollars en matières premières, hors bois », a-t-il indiqué.
Malgré ces efforts, le ministre a mis en évidence de graves lacunes dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement du Vietnam, la qualifiant de fragmentée, opaque et encore peu conforme aux normes internationales en matière de travail, d’environnement et de traçabilité.
Selon lui, cette situation rend les produits vietnamiens plus vulnérables aux enquêtes commerciales et à l’imposition de mesures tarifaires.
Do Duc Duy a exhorté les entreprises à intensifier leurs investissements dans les technologies de transformation de pointe, la logistique de la chaîne du froid et les systèmes de contrôle qualité. Il a également plaidé pour un renforcement des liens avec les agriculteurs et les coopératives dans le cadre de modèles de chaînes de valeur, ainsi qu’une meilleure réactivité face aux nouvelles réglementations du marché américain et aux enquêtes commerciales.
Il a en outre souligné l’importance de diversifier les marchés d’exportation, de consolider le marché intérieur, de tirer pleinement parti des accords de libre-échange signés et de participer activement aux discussions politiques et aux contentieux juridiques internationaux.
« Nous ne devons pas nous appuyer uniquement sur des incitations fiscales ou des avantages temporaires. Sans changement structurel significatif, le marché américain pourrait cesser d’être une opportunité pour devenir un obstacle à notre croissance », a-t-il averti.
Dans une démarche visant à harmoniser la balance commerciale bilatérale, le ministre a vivement encouragé les entreprises vietnamiennes à explorer davantage l'importation de matières premières agricoles, forestières et halieutiques en provenance des États-Unis pour alimenter leurs chaînes de production nationales. Parallèlement, le ministère a initié un plan d'exportation ambitieux vers le marché américain, privilégiant des chaînes d'approvisionnement transparentes, une traçabilité numérique avancée, une valorisation accrue de la marque et une transition vers une agriculture plus respectueuse de l'environnement. Cette initiative stratégique répond directement aux normes environnementales rigoureuses établies par les États-Unis, l'Union européenne et le Japon, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives commerciales durables.
« Le gouvernement, le Premier ministre et les ministères concernés continueront d’accompagner les entreprises en leur apportant un soutien concret, tant en matière d’institutions et de politiques qu’en conseils techniques, notamment dans les périodes difficiles », a assuré Do Duc Duy. Il a toutefois rappelé que la pérennisation de l’accès au marché américain et le renforcement de la notoriété mondiale des produits agricoles vietnamiens dépendaient avant tout de véritables changements stratégiques et de la mise en œuvre de mesures concrètes par les entreprises elles-mêmes. – VNA