Hanoi (VNA) – Le Vietnam a fait des progrès dans la lutte contre les effets nocifs du tabac au cours de la dernière décennie, a évalué Angela Pratt, représentante de l’OMS au Vietnam.
Angela Pratt a présenté son évaluation lors d’un atelier sur les effets nocifs du tabac et le rôle de la politique fiscale dans le contrôle du produit. L’événement a été co-organisé le 13 août à Hanoi par le ministère de l’Information et des Communications et HealthBridge Canada au Vietnam.
Une action plus forte est nécessaire
Pratt a souligné que la consommation de tabac entraîne des dizaines de milliers de décès au Vietnam chaque année et que ces décès sont évitables. Des données récentes de l’Office général des statistiques indiquent que la consommation de tabac dans ce pays d’Asie du Sud-Est est à nouveau en hausse, la production totale augmentant de plus de 10% entre 2022 et 2023. À la lumière de cela, elle a appelé les autorités à prendre des mesures plus énergiques pour réduire la consommation de tabac et protéger la santé publique.
L’un des principaux défis, a-t-elle noté, est le faible prix du tabac au Vietnam, qui le rend de plus en plus abordable à mesure que les revenus augmentent. Pour y remédier, Angela Pratt a suggéré que l’augmentation des taxes sur le tabac soit le moyen le plus rapide et le plus efficace de réduire la consommation.
Selon le programme d'élaboration des lois et ordonnances de 2025, le projet de loi sur la taxe spéciale de consommation (amendée) sera présenté à l’Assemblée nationale pour examen lors de sa 8e session en octobre 2024 et devrait être adopté lors de sa 9e session en mai 2025. Le texte propose de maintenir le taux d’imposition actuel de 75% tout en introduisant une taxe spécifique supplémentaire, augmentant chaque année de 2026 à 2030, avec deux options de mise en œuvre.
L’option 1 propose une augmentation de la taxe de 2 000 VND (0,081 USD) par paquet la première année, pour atteindre 10 000 VND en 2030. L’option 2 suggère une augmentation immédiate de 5 000 VND par paquet en 2026, avec une augmentation annuelle de 1 000 VND au cours des cinq prochaines années, pour atteindre 10 000 VND par paquet d’ici 2030.
Les experts ont estimé que la taxe spéciale de consommation proposée dans le projet de loi est encore faible et pourrait ne pas suffire à freiner la consommation de tabac ou à protéger la santé publique comme prévu.
Angela Pratt a reconnu que la loi proposée est un pas dans la bonne direction. Avec l’amendement à la loi sur la taxe spéciale de consommation, l’OMS estime que le Vietnam a une occasion unique d’atteindre des objectifs de santé plus élevés et de plus grands avantages pour ses citoyens.
Taxe ciblée
Les experts s’accordent à dire que l’institutionnalisation d’une politique de taxe spéciale sur la consommation de tabac est l’approche la plus efficace, servant de mesure clé pour contrôler sa consommation au Vietnam. Cela contribue également à augmenter les recettes du budget de l’État et à faire progresser les objectifs de développement durable.
Dinh Thi Thu Thuy, directrice adjointe du département des affaires juridiques du ministère de la Santé, a déclaré qu’une augmentation constante des taxes est nécessaire pour maintenir les prix du tabac alignés sur la croissance des revenus. L’objectif ultime est d’atteindre un niveau de taxe optimal qui représente 70 à 75% du prix de détail, comme recommandé par l’OMS.
Le ministère de la Santé a proposé que la taxe spécifique atteigne 15 000 VND par paquet (20 cigarettes par paquet) d’ici 2030, parallèlement à la taxe proportionnelle de 75 %. Cette approche devrait permettre d’atteindre une part de taxe de 65 % du prix de détail, proche de la recommandation de l’OMS de 70 à 75 %, et de réduire le taux de tabagisme chez les hommes à 36 % d’ici 2030.
L’expert économique Dào Thê Son a souligné que les indicateurs de production et de consommation montrent que le commerce du tabac a continué de croître au cours de la dernière décennie. Bien que la croissance de la production et de la consommation ait légèrement ralenti lors des augmentations de taxes en 2016 et 2019, l’impact a été minime. Par conséquent, une augmentation significative des taxes est nécessaire pour ralentir la croissance de la consommation et réduire l’utilisation.
En outre, pour réduire l’accessibilité, des augmentations substantielles des taxes sur le tabac devraient être mises en œuvre régulièrement pour suivre le rythme de l’inflation et de la croissance des revenus, a-t-il recommandé. - VNA