Le Vietnam entend devenir un pays maritime puissant

Dans la Stratégie de développement de l’économie maritime pour 2020, l’objectif du pays est de devenir un État puissant dans ce secteur, préservant fermement sa souveraineté maritime et insulaire.

Hanoi  (VNA) - La mer et les îles ont un rôle majeur dans le développement de l’économie maritime et du maintien de la sécurité d’un pays. Le Vietnam doit élaborer des stratégies à cette fin, et, plus encore, pour devenir un pays maritime puissant vers 2020.

Le Vietnam possède plus de 3.260 km de côtes. Sa surface maritime est le triple de sa superficie terrestre et la moitié de sa population vit en zone littorale. Ses eaux territoriales sont traversées par une des lignes maritimes les plus importantes et les plus animées au monde. Des atouts éminemment favorables au développement d’une économie maritime, et, notamment, de services portuaires.

Le Vietnam se trouve à l'Ouest de la Mer Orientale, une partie du Pacifique riche en ressources naturelles et minières, surtout pétrolières, située sur une voie de transport maritime reliant l'Asie orientale et le Pacifique à l'Europe, à l'Afrique, au Moyen-Orient et au Proche-Orient, et comprenant plusieurs pays et territoires importants d'Asie de l'Est comme le Japon, la République de Corée, Taïwan (Chine) et Singapour. Leurs économies dépendent toutes de cette voie maritime internationale traversant la Mer Orientale.

Le Vietnam entend devenir un pays maritime puissant ảnh 1La façade maritime du Vietnam s’étire sur plus de 3.260 km, avec plus de 3.000 îles de toutes tailles dont les deux archipels de Hoàng Sa et Truong Sa. Photo: CVN

À l’avis du Docteur Nguyên Tuân Hoa, directeur adjoint du Centre d'études et de développement de Hô Chi Minh-Ville, le Vietnam a une situation géographique "très commode" pour développer des services maritimes. Sur la carte de l'Asie du Sud-Est, le pays est presque au centre de la région, avec un long littoral très propice à l'essor du secteur de la navigation. L'atout du Vietnam est d'abord géographique.
 
Grâce à ses atouts géographiques, les produits vietnamiens destinés à la consommation intérieure ou à l'export ne doivent pas transiter par les pays voisins. Les produits en provenance du Nord-Est de la Thaïlande, du Laos, du Cambodge et de la province du Yunnan (Chine) peuvent transiter ou être entreposés provisoirement sur les territoires vietnamien, thaïlandais, birman et de la province chinoise du Yunnan.

Position géographique favorable
 
De petits et moyens cargos ne peuvent que jeter l'ancre dans les ports du Vietnam pour charger ou décharger des produits, s’avitailler et se ravitailler, procéder à une maintenance ou à des réparations… "Il s'agit d'un atout pour le Vietnam, qui est renforcé par le fait que la Malaisie est trop proche de Singapour et que les Philippines et l'Indonésie sont des archipels", analyse le spécialiste Nguyên Tuân Hoa. Tout récemment, l'agence de presse malaisienne Bernama a repris les propos d'économistes de premier rang mondial selon lesquels le Vietnam possédait les conditions pour devenir un pôle de logistique maritime de niveau régional, voire mondial. Mais si le pays ne se montre pas plus perspicace, il est très possible qu'il laisse filer l'opportunité.
 
Le Docteur Chu Quang Thu, ancien chef par intérim du Service de la navigation, considère que le pays a de "sérieux atouts" pour développer une économie maritime. "Nous disposons de très bonnes conditions naturelles pour développer des ports maritimes de différentes tailles", estime-t-il. D’après lui, la baie de Vân Phong, dans la province de Khánh Hoà (Centre), profonde d'une vingtaine de mètres et située à seulement 30 km des lignes maritimes internationales, est un lieu idéal pour construire un terminal maritime international. "En termes de position géographique et de conditions naturelles, la baie de Vân Phong n'a rien à envier à Singapour ou à Hongkong (Chine). De plus, les conditions climatiques du Vietnam permettront au port de fonctionner toute l'année", explique M. Thu.

Le Vietnam entend devenir un pays maritime puissant ảnh 2L’économie maritime est appelée à contribuer de 55% au PIB d’ici à 2020. Photo: CVN

Depuis longtemps, l’État a mis en place des politiques de développement socio-économique des localités de son littoral, de ses îles et de ses archipels, ainsi que de gestion des ressources maritimes. La prospection et la recherche océanique sont multipliées afin de développer cette vaste zone économique, dont les axes ont été définis rationnellement entre transport maritime, logistique, tourisme, aquaculture et pêche.

Mieux exploiter les ressources maritimes

Concernant l’exploitation des ressources naturelles, les localités et les secteurs s’intéressent déjà à leur renouvellement, sans omettre la protection de l’environnement maritime. Une des tâches importantes du pays est de faire en sorte que l’économie maritime participe davantage à l’économie nationale, tout en protégeant l’environnement. L’État investit beaucoup dans le développement du littoral, en veillant à ce que les diverses localités coopèrent pour mieux exploiter leurs potentiels.

En vertu de la planification du développement de l’économie insulaire du Vietnam pour 2020, l’économie insulaire connaîtra à cette date une croissance annuelle de 14% à 15%. De plus, dans la Stratégie de développement de l’économie maritime pour 2020, l’objectif du pays est de devenir un État puissant dans ce secteur, préservant fermement sa souveraineté maritime et insulaire. À chiffrer cette ambition, il s’agit d’une économie maritime contribuant d’environ 55% au PIB national et d’entre 55% et 60% au chiffre d’affaires à l’export. Cette stratégie prévoit la création de grands centres économiques sur le littoral, dont le cœur sera les zones économiques maritimes, lesquelles seront l'un des facteurs essentiels de l’essor socioéconomique de l’ensemble de la région.

 

Singapour, un adversaire redoutable

 

Il y a 40 ans, Singapour n'était qu'une île peu développée. Elle doit son essor à sa situation maritime exceptionnelle - à proximité d'une des plus importantes voies maritimes internationales, valorisée par des politiques judicieuses et volontaristes. L'île est désormais un important port de transit international. "Bien que les avantages maritimes du Vietnam ne soient pas inférieurs à ceux de Singapour, notre économie maritime s'avère sous-développée par rapport à celle de cet État insulaire", indique Chu Quang Thu.

 

Selon l'Organisation des transports maritimes de l'ONU, avec une population de 5 millions de personnes, Singapour possède une flotte de 55,5 millions de tonnes (DWT), tandis que le Vietnam, avec ses plus de 85 millions d’habitants, n’a qu’une flotte de 3,89 millions de DWT. De même, bien qu'il n'ait qu'un seul terminal maritime international, Singapour a reçu 28,7 millions de TEU (un TEU équivaut à un conteneur de 20 pieds) en 2007, contre 3,9 millions de TEU au Vietnam. Pourquoi donc le Vietnam, doté de tels atouts, n'est-il pas devenu un pôle de logistique et de services maritimes d'envergure internationale ?

Pour le Docteur Chu Quang Thu, la cause principale est l'absence de stratégie. «Depuis longtemps, nous n'investissons pas beaucoup dans la construction de ports de transit internationaux capables de recevoir de grands navires, dotés de services logistiques et de manutention de qualité. De plus, les fonds nécessaires sont bien limités car ils proviennent presque exclusivement de l'État, et non du secteur privé», explique-t-il.

 

Aux dires de Cao Tiên Thu, ex-directeur général du port de Hai Phòng (Nord), le Vietnam possède de grands atouts pour développer son secteur de la navigation. «Les ports maritimes vietnamiens ne sont pas seulement des plates-formes pour les besoins domestiques, mais aussi pour tout le Sud de la Chine et le Laos», estime-t-il. C'est à cause de ces faiblesses en matière de réseau portuaire et de flotte qu'une partie du marché du transport de produits d'export (pétrole, riz, charbon...) est dominée par des opérateurs étrangers. Selon les prévisions, le port de transit de Singapour devrait être surchargé cette année. Une bonne occasion pour le Vietnam de faire valoir ses services maritimes. Au pays de la saisir ! – CVN/VNA

Voir plus

La province d’An Giang (Sud) poursuit des mesures rigoureuses dans sa lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Photo: VNA

An Giang se mobilise pour éradiquer la pêche INN

La province d’An Giang (Sud) poursuit des mesures rigoureuses dans sa lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), en s’efforçant d’assurer l’intégration des informations de l’ensemble de sa flotte dans la base de données nationale Vnfishbase, ainsi que l’installation des systèmes de surveillance par satellite (VMS) conformément aux réglementations.

Au Salon international des cadeaux et de l'artisanat de Hanoï 2025. Photo : hanoimoi.vn

Construire des marques aux normes internationales

Bien que le secteur de l’artisanat vietnamien génère chaque année des dizaines de milliards de dollars d’exportations, sa valeur ajoutée demeure modeste faute de marques fortes. La normalisation et la construction méthodique des marques constituent désormais des conditions sine qua non pour permettre aux produits vietnamiens de s’imposer à l’échelle mondiale.

Le professeur Cui Hongjian de l’Institut d’études avancées sur la gouvernance régionale et mondiale de l’Université des langues étrangères de Pékin. Photo : VNA

Coopération économique et commerciale Vietnam–Chine : un niveau de synergie inédit

Le professeur Cui Hongjian de l’Institut d’études avancées sur la gouvernance régionale et mondiale de l’Université des langues étrangères de Pékin, a livré une analyse approfondie de l’état actuel et des perspectives de la coopération économique et commerciale entre le Vietnam et la Chine, dans un contexte régional et international en pleine mutation.

Principaux indicateurs de développement socio-économique en 2026

Principaux indicateurs de développement socio-économique en 2026

La résolution n° 244/2025/QH15, adoptée le 13 novembre 2025 lors de la 10e session de la 15e Assemblée nationale, fixe les principaux objectifs de développement socio-économique pour 2026 : un taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) visant à atteindre ou dépasser 10 % et un PIB par habitant de 5.400 à 5.500 dollars.

Des touristes étrangers dans la rue Trang Tien à Hanoï. Photo : VNA

Commerce et services en hausse, le tourisme progresse de près de 20 % sur onze mois

Selon l’Office national des statistiques, le commerce et les services sont restés dynamiques en novembre 2025, avec un chiffre d’affaires total estimé à 601 200 milliards de dongs, en hausse de 7,1 % sur un an. Les ventes de biens ménagers (+13,6 %), d’habillement (+9,2 %) et les services d’hébergement-restauration (+13,6 %) figurent parmi les segments les plus porteurs. Le tourisme progresse de 19,1 %.

Les visiteurs au pavillon du Vietnam à la Foire internationale de l’artisanat Artigiano in Fiera. Photo : VNA

Le Vietnam marque de son empreinte lors de la Foire de l’artisanat Artigiano Milan 2025

Du 6 au 14 décembre 2025, la 29ᵉ édition de la Foire internationale de l’artisanat Artigiano in Fiera se déroule au parc des expositions de Milan, réunissant près de 3 400 entreprises issues de 100 pays. Placé sous l’égide du Département de l’Agriculture et de l’Environnement de Hanoï, le pavillon vietnamien se distingue cette année par une stratégie affirmée autour du thème : « Produits OCOP du Vietnam – Convergence des valeurs, Rayonnement culturel ».

Le chantier naval HD Hyundai Vietnam dans la ZE de Vân Phong. Photo : https://nhandan.vn/

L'envol de la zone économique de Vân Phong

Située sur une route maritime internationale stratégique, Vân Phong (province de Khanh Hoa) dispose d'atouts naturels exceptionnels, notamment un plan d’eau naturellement profond (20 à 27 mètres) et bien abrité des vents, réunissant toutes les conditions pour devenir le centre de transbordement international du Vietnam.

Le secteur immobilier demeure l’un des principaux récipiendaires d'IDE au Vietnam. Photo d'illustration : VNA

L’immobilier vietnamien entre dans une nouvelle phase d’attraction des capitaux IDE

Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) dans le secteur immobilier vietnamien depuis le début de l’année confirment l’attrait de ce domaine aux yeux des investisseurs internationaux. Fin octobre, avec 2,75 milliards de dollars de capitaux nouvellement enregistrés et environ 1,5 milliard de dollars décaissés, l’immobilier vietnamien entre dans une phase d’attraction d’une “nouvelle génération” de capitaux FDI.