Hanoi (VNA) – Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a demandé aux ministères et services compétents de prendre les mesures nécessaires afin de maintenir les objectifs de croissance prévus pour cette année. Un vrai défi compte tenu de la conjoncture défavorable.

Stabiliser la macroéconomie et maintenir une croissance élevée sont les deux grandes priorités du pays pour 2020. Deux missions qui s’avèrent étroitement liées. En effet, une croissance élevée et durable est indispensable pour une macroéconomie stable et, à l’inverse, cette dernière favorise la croissance.

"Trois éléments devraient favoriser la croissance du Vietnam cette année. D’abord, les exportations devraient augmenter de 9%. Ensuite, les investissements directs étrangers devraient s’accentuer. Enfin, la part du secteur privé, représentant aujourd’hui 17% de l’économie, devrait être plus importante", prévoit l’économiste Cân Van Luc. 

Le Vietnam determine a maintenir ses objectifs de croissance pour 2020 hinh anh 1Le Vietnam est déterminé à atteindre son objectif de 6,8% de croissance cette année. Photo : VNA

D’après Nguyên Dinh Cung, ancien directeur de l’Institut d’études sur la gouvernance économique, en vue du Congrès national du Parti qui se tiendra en 2021, de nombreuses réformes devraient être adoptées cette année. "Elles se concentreront sur la privatisation partielle des entreprises publiques et le développement du secteur privé, le pivot de la croissance du pays. Nous espérons maintenir une croissance comprise entre 6,8% et 7% cette année", avance-t-il.

Pour Vu Tiên Lôc, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Vietnam, les secteurs d’investissement dits "traditionnels" resteront attractifs en 2020. "Les investissements les plus rentables se situeront dans les secteurs du textile, de la chaussure, du meuble, de l’électronique, de l’agriculture et de l’aquaculture, du tourisme, du divertissement, de l’éducation, de la santé, de la logistique et des industries auxiliaires. Les économies verte, numérique et la ville intelligente s’imposent également comme des filières intéressantes", prévoit-il.

Nguyên Duc Hung Linh, économiste en chef et directeur du Service de R&D de la Société boursière SSI, estime que le marché vietnamien, avec sa population nombreuse dont le pouvoir d’achat augmente progressivement, offre de belles perspectives d’investissement. "Dans un pays qui compte près de 100 millions d’habitants, l’éducation, le divertissement et le commerce de détail restent des secteurs très porteurs car le marché n’est pas encore saturé. Les opportunités de développement sont donc immenses", confirme-t-il.

Le tourisme gravement touché

Le ministère du Plan et de l’Investissement (MPI) vient de publier un rapport d’évaluation préliminaire sur l’impact socio-économique du nouveau coronavirus sur la croissance du Vietnam en 2020. Il en a prévu deux scénarios.

Dans le scénario 1, si l’épidémie est maîtrisée au 1er trimestre, le PIB 2020 augmentera de 6,27%, soit 0,53 point de moins que l’objectif fixé. Plus précisément, une croissance de 3,8% est prévue au 1er trimestre, de 6,55% au 2e, de 7,07% au 3e et de 6,81% au 4e.

Dans le scénario 2, si le COVID-19 est contrôlé au 2e trimestre, le PIB augmentera de 6,09% par rapport à l’année précédente, soit 0,71 point de moins : +3,8% au 1er trimestre, +5,81% au 2e, +7,05% au 3e et +6,81% au 4e. Si l’épidémie prend fin au 1er trimestre, les prix des produits alimentaires seront en hausse au 2e. Si elle continue jusqu’au 2e trimestre, ces coûts augmenteront en raison de la baisse des activités de production. Le MPI a prévu que l’indice des prix à la consommation (IPC) en 2020 augmenterait de 3,96% en glissement annuelle dans le 1er scénario et de 4,86% dans le 2e.

Selon le rapport du MPI, l’épidémie a déjà des conséquences directes sur certains secteurs. Le chiffre d’affaires à l’export au 1er trimestre devrait ainsi afficher un recul de 21% sur un an, à 46,5 milliards de dollars. Les  exportations de produits agricoles et sylvicoles diminueraient de plus de 29% ; de produits aquatiques, de 38% ; de textile-habillement, de 22%… Les exportations vers la Chine au 1er trimestre risquent de connaître une baisse de 25% par rapport à la même période de l’an dernier pour atteindre 5,6 milliards de dollars.

Selon le scénario 1, les importations au 1er trimestre sont estimées à 50 milliards de dollars, soit un recul de 13%. Dans le scénario 2, les exportations au 2e trimestre atteindraient 51 milliards de dollars, -20% sur un an. Les importations au 2e trimestre pourraient diminuer de 16% pour atteindre 53 milliards.

En particulier, l’épidémie affecte directement le secteur touristique. Le marché chinois se classe toujours au premier rang en matière de nombre de visiteurs internationaux au Vietnam, représentant la part la plus élevée, en moyenne 30% environ. Le nombre moyen de visiteurs chinois au Vietnam par trimestre en 2019 était d’environ 1,45 million. En janvier 2020, ce chiffre est tombé à 644.000.

Dans le scénario 1, ce nombre restera toujours le même au 1er trimestre, représentant une baisse de 800.000 sur un an. Dans le scénario 2, le nombre de visiteurs chinois au cours des six premiers mois sera réduit d’environ 2,3 millions en glissement annuel.

Pour les touristes en provenance d’autres pays, ce chiffre devrait chuter de 50% à 60%. Selon les prévisions, si la contagion persiste au 1er trimestre, la perte de revenus provenant des voyageurs internationaux sera d’environ 2,3 milliards de dollars. Si cela se prolonge au 2e trimestre, les dégâts seront estimés à environ 5 milliards.

En quête de nouveaux créneaux
 

Le Vietnam determine a maintenir ses objectifs de croissance pour 2020 hinh anh 2Le Vietnam cherche de nouveaux créneaux pour ses produits agricoles. Photo : VNA


Le COVID-19 exerce des impacts sur les exportations agricoles du Vietnam. Aussi le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a-t-il pris des mesures pour limiter les répercussions néfastes de l’épidémie. Fruits et légumes, produits agricoles, en bois et riz en sont les premiers secteurs touchés, la Chine ayant toujours été leur principal débouché. Ce ministère et celui de l’Industrie et du Commerce ont donc décidé de se focaliser sur d’autres marchés ainsi que sur le marché domestique.

"Dès ce mois-ci, nous enverrons des missions au Japon, au Moyen-Orient, aux États-Unis, au Brésil et vers certains autres marchés potentiels. Il est temps pour nous de mettre en place une stratégie durable en matière de diversification des créneaux. Dans le pays, l’urgence est de réorganiser la chaîne de valeur, de la production à la distribution", affirme le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Nguyên Xuân Cuong. Son ministère a également demandé aux autres ministères et aux collectivités locales de collaborer pour lever les obstacles à l’exportation de produits agricoles.

Plus concrètement, le Département des marchés d’Asie et d’Afrique dudit ministère coopérera avec les Offices du commerce du Vietnam en République de Corée, au Japon et dans les autres marchés signataires d’accords de libre-échange avec le Vietnam afin de concevoir des programmes de promotion commerciale.

Le département, en coopération avec l’Office du commerce du Vietnam en Thaïlande, invitera une délégation d’entreprises thaïlandaises à Hô Chi Minh-Ville pour évaluer les opportunités de commercialisation des pittayas. Une Journée dédiée à ce fruit est prévue dans le Nord-Est de la Thaïlande au 2e trimestre.

Il a également invité une délégation d’entreprises indonésiennes à venir travailler avec des provinces du Nord comme Bac Giang, Hai Duong, Hung Yên en février et en mars pour favoriser la vente massive de litchis.

L’Office du commerce du Vietnam à Singapour a informé que fin février, des importateurs singapouriens de fruits et  légumes se rendraient au Vietnam pour analyser les opportunités d’affaires dans les provinces du Sud.

Outre la recherche de nouveaux débouchés, il est nécessaire de maintenir les exportations vers le marché  chinois. De ce fait, le ministère de l’Industrie et du Commerce poursuit sa coopération étroite avec les provinces limitrophes pour maîtriser la situation, régulariser les activités d’échanges commerciaux et accélérer le dédouanement. – CVN/VNA