Longtemps tenu à l’écart du théâtre national, le Théâtre parlé du Vietnam s’efforce désormais de se retrouver à tout prix, animé par un nouveau directeur, de nouvelles pièces ont été créées, et des représentations données à l’étranger. Un bon signe pour les comédiens comme pour les amoureux de théâtre.

En effet, le Théâtre parlé du Vietnam n’est pas jeune, il a déjà plus de soixante années d’existence ainsi qu’un illustre passé que n’importe quel homologue serait fier de posséder.

«Autrefois, le Théâtre parlé du Vietnam était une référence pour tous les amoureux de la scène. Il était même considéré comme le chef de file du théâtre parlé révolutionnaire. En y allant, les gens se remémoraient immédiatement ses pièces devenues œuvres immortelles comme Quân (La gêne), Dông hô chuông diên Kremli (La montre de la forteresse de Kremli), Nila, Vu an Erotxtat (L’affaire Erotxtat), Nguyên Trai o Dông Quan (Nguyên Trai à Dông Quan), Hôn Truong Ba da hàng thit (L’âme de Truong Ba dans le corps d’un boucher)… Des pièces qui furent particulièrement appréciées du public au point que, même après d’innombrables représentations, la salle demeurait toujours pleine» , rappelle son nouveau directeur, Nguyên Thê Vinh.

Mais ces dernières années, cette ancienne institution célèbre dans l’ensemble du nord du pays a connu de plus en plus de difficultés. Le public ayant perdu son intérêt, les représentations devinrent irrégulières. S’il n’est pas le seul à avoir subi ce sort, sa réputation s’est peut-être davantage éclipsée que pour d’autres. Ne parvenant pas à renouveler son répertoire, manquant de comédiens passionnés, celui qui naguère était «le chef de file» du théâtre vietnamien - des théâtres du Vietnam - se retrouva de plus en plus à l’écart...

Quelle raison a prévalu à un tel destin ? La réponse à apporter est difficile. Peut-être l’une des premières réponses expliquant cette défection du public, c’est son manque d’un lieu pérenne et moderne. Après avoir eu nombre de locaux plus ou moins fixes, le Théâtre parlé du Vietnam ne dispose aujourd'hui que d’une petite scène devant une salle de 150 places seulement, et dans un état vétuste qui plus est... Lors d’un récent débat à Hanoi, l’ancien vice-président de l'ancien ministère de la Culture et de l’Information, l’Artiste du Peuple Dinh Quang, avait exprimé son affliction de voir le Théâtre parlé du Vietnam discrètement isolé derrière l’Opéra de Hanoi depuis plusieurs années, au point que beaucoup de personnes avaient toutes les difficultés à le trouver. Un fait qui n’avait pas échappé à Nguyên Thê Vinh, qui a demandé au ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme de s’efforcer de lui trouver de nouveaux locaux, mais aussi de nouveaux locaux définitifs, et le plus rapidement dans la mesure du possible. Il s’agit toujours pour lui, aujourd’hui encore, de l’une des premières urgences à traiter afin que le Théâtre parlé du Vietnam retrouve sa place d’antan dans le cœur des passionnés de théâtre.

Nguyên Thê Vinh et l’Artiste Émérite Anh Tu, ses deux nouveaux dirigeants, sont des anciens du Théâtre de la jeunesse, l’un de ceux qui sont des plus actifs dans la région Nord du Vietnam depuis plusieurs années. Les comédiens du Théâtre parlé du Vietnam, de même que tous ceux du pays, attendent d’eux qu’ils donnent un nouveau souffle à cette institution. Ce qui se passe progressivement. Aujourd'hui, on trouve plus fréquemment des informations dans les médias qu’auparavant, et fin mars dernier, il a présenté une nouvelle pièce, Tai biên (Catastrophe), qui a été très bien reçue du public...

Avec sa nouvelle direction, beaucoup espèrent que le Théâtre du Vietnam retrouvera rapidement sa gloire d’autrefois. – AVI