C'estl’impression pour de nombreux étrangers qui vivent, travaillent ou voyagent auVietnam à cette période. Surtout pour ceux qui accueillent le Nouvel An lunairepour la première fois dans de grandes villes comme Hô Chi Minh-Ville ou Hanoï.Ils deviennent les témoins de ce phénomène extraordinaire où pendant troisjours, la ville se met sur pause.
Travaillant à HôChi Minh-Ville depuis plus de six ans, l’Australien Ray Kuschert, enseignantd’anglais dans un collège, "ne s’habitue pas encore au Têttraditionnel", car c’est une période difficile pour les étrangers quivivent seuls. Le premier Têt pour lui, en 2013, fut "un choc". Unefois l’effervescence du réveillon passée, la ville se vide, les rues sont sansâme et, de temps en temps, un ou deux véhicules passent. "Certes, la villeest plus agréable, sans embouteillage et sans bruit… Pourtant, je me suisaperçu d’une réalité effrayante : tous les restaurants, supermarchés et centrescommerciaux sont fermés. Encore peu habitué à l’exercice, un jour, je me suisretrouvé sans nourriture. Le soir venu, j’ai eu la chance de tomber sur le seulbar ouvert dans le 1er arrondissement. Je trépignais d’impatience à l’idée demanger après cette journée d’errance. Pourtant, ma déception fut grande lorsquej’ai découvert qu’il n’y avait que de l’alcool, de la bière et quelquesapéritifs. En plus, le prix avait doublé par rapport aux autres jours",confie-t-il.
La PhilippineMarilyn Mendoza, qui enseigne depuis deux ans au Vietnam, trouve que le Têt estjoyeux. Car à l’approche du Têt, tout le monde va et vient pour faire sesachats, la ville est en ébullition. Plus chanceuse que Ray Kuschert, MarilynMendoza vit avec sa famille à Hô Chi Minh-Ville. Par conséquent, lespréparatifs avant le Têt sont plus soignés. Par ailleurs, elle vérifie toujoursen amont la prolongation de son visa. Une démarche qui est très importante carprès du Nouvel An lunaire, personne ne travaille dans les administrations.
Une fois que leTêt démarre, le rythme ralentit. "Dans notre immeuble, beaucoup delocataires reviennent dans leur village natal. Après le 4e ou le 5e jour, lavie reprend son cours et les gens sont de retour. Nous faisons des efforts pournous adapter. Pour notre deuxième Têt, nous avons décidé de partir pourSingapour. Le plus étonnant, c’est qu'il est très animé à l’aéroport ! On faitla queue longtemps pour l’enregistrement", se souvient Marilyn Mendoza.
L’Espagnol JuanCarlos travaille pour une agence de consulting dans le domaine de laconstruction à Hô Chi Minh-Ville. Tous les ans, il accueille le Têt dans laville natale de sa femme, à Nha Trang (province de Khanh Hoà, Centre). Sonimpression sur le Têt est "conviviale et gaie". "Avant le Têt,les rues dans le centre sont bien décorées, tout le monde fait ses courses dansles centres commerciaux. Bien que les gens soient pressés, j’aime leurenthousiasme à l’idée d’accueillir le Nouvel An, ça me fait plaisir",explique-t-il.
Célébrant le Têtavec la famille de sa femme, il s'imprègne de l’atmosphère du Nouvel Antraditionnel des Vietnamiens : la préparation de mets délicieux, les pratiquesrituelles, la visite des proches… "Ma belle mère réalise tous les ans ungrand marmite de bánh chung (gâteau traditionnel de forme carrée, salé etconcocté à partir de quatre ingrédients : des feuilles de "dong"(phrynium), du riz gluant, des haricots mungo et de la poitrine de porc). Je neparticipe pas directement à la confection du bánh chung , mais je sais qu’ils’agit d’un plat emblématique du Têt, un cadeau incontournable à présenter surl’autel des ancêtres. J’aime bien participer à la préparation des repas. Moi,je cuisine une paëlla pour le partager avec la famille".
Face à laquestion "Qu’est-ce qui vous fait plaisir à l’occasion du Têt ?",Marilyn Mendoza a répondu qu’elle appréciait recevoir des bánh chung de la partde ses voisins et ses collègues. Le mets qu’elle préfère et qu’elle n’oublierapas de glisser dans ses bagages à l’occasion du Têt. Cette année, elle part lefêter à NhaTrang.
Le Têt du Rat pourRay Kuschert se fera une fois encore au calme à Hô Chi Minh-Ville. Il a mêmereçu des invitations de ses amis vietnamiens pour venir goûter leurs platstraditionnels. "C’est un honneur pour moi de partager un Têt chez eux.C’est un privilège dont peu d’étrangers au Vietnam bénéficient",conclut-il. -CVN/VNA