Hanoi (VNA) - Le street art - ou art urbain - acquiert ses lettres de noblesse au Vietnam. Hanoï, l’une des pionnières en la matière, multiplie depuis quelques temps les inaugurations d’œuvres pour embellir les rues et permettre des promenades thématiques.
Introduit au Vietnam il y a seulement quelques années, le street art se développe rapidement dans les grandes agglomérations, à commencer par Hanoï. Ce mouvement artistique contemporain, qui se compose des formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics et englobe diverses méthodes telles que le graffiti, les installations de lumière et mosaïques en céramique, contribue à changer la physionomie urbaine. Il permet aussi au public une approche des beaux-arts sous un angle original. Par ailleurs, non content d’avoir redonné une certaine vitalité aux ruelles de la ville, il attire les touristes, curieux de découvrir ces œuvres.
La petite ruelle numéro 68 sur la rue Yên Phu, dans l’arrondissement de Tây Hô, est devenue un espace romantique grâce à ses peintures murales sur les paysages de Venise qui la tapissent. L’initiative provient d’une famille, qui a demandé à un groupe de graffeurs de peindre une scène sur le mur devant sa maison. L’œuvre a ensuite été étoffée, avec le consentement unanime des voisins. De là, une peinture murale 3D à l’acrylique de grand format a vu le jour, devenant une véritable attraction touristique.
Ces murs qui parlent
Tout récemment, les premiers coups de bombe de peinture de 18 graffitis ont été donnés par des artistes sud-coréens sur le mur des voûtes du viaduc de la rue Phùng Hung, arrondissement de Hoàn Kiêm. Ayant pour thème "Souvenir de Hanoï", le projet "Fresque sur la rue Phùng Hung" a été élaboré sur la base d’un programme intitulé "L’introduction des arts dans l’espace de vie", sous le patronage du programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), en collaboration avec le Fonds sud-coréen d’échange internationales Korea Foundation et le Comité populaire de l’arrondissement de Hoàn Kiêm. Il consiste en 18 fresques, dont sept réalisées par des artistes sud-coréens, dix par des Vietnamiens et une coréalisée par des artistes des deux pays.
En 2018, le Comité populaire municipal montrera à titre expérimental au public quelques voûtes en pierre ainsi tapissées et ouvrira un espace piéton dans la rue Phùng Hung. "L’objectif est de répondre aux besoins d’activités culturelles et de divertissement des Hanoïens, ainsi que des touristes", a fait savoir un représentant du comité.
La plus longue rue de peintures murales
Convaincu par la plus-value que ces réalisations peuvent apporter, le district de Mai Dich (arrondissement de Câu Giây) a donné son feu vert à 20 artistes asiatiques et européens en leur offrant un vaste espace de création rue Hô Tùng Mâu. Peu de temps après son inauguration, en septembre dernier, le graffiti en 3D de 360 mètres de long représentant les paysages vietnamiens et les valeurs culturelles traditionnelles a été reconnu comme la peinture en 3D la plus longue du Vietnam par l’Organisation des records du Vietnam, VietKings. Il comprend 40 graffitis plus petits, couvrant une superficie totale de près de 1.000 m² et axés autour de quatre grands thèmes : estampes de Dông Hô, fées vietnamiennes, paysages vietnamiens et Fête de la Mi-automne pour les enfants. Les œuvres ont été achevées en une semaine.
La rue des peintures murales en 3D a reçu un accueil enthousiaste des enfants comme de leurs parents. "C’est la première fois que je vois une peinture aussi belle et immense ! La peinture où l’on voit des enfants dans les zones rurales jouer aux jeux traditionnels et danser à la Fête de la Mi-automne est celle qui m’impressionne le plus", a dit Nguyên Câm Tu, une élève de l’école primaire Dich Vong A.
"Je trouve ces œuvres tout simplement magnifiques ! Elles donnent un nouveau visage à l’espace urbain. La ville a besoin de plus de rues comme celle-ci", a lancé Luong Minh Hai, domicilié dans l’arrondissement de Câu Giây.
«À travers ces peintures murales, nous voulons présenter de belles images et du bonheur à tout le monde, en particulier aux enfants», a déclaré Trân Van Minh, l’un des artistes.
En général, les graffitis et peintures murales sont soignés et portent des messages positifs. Mais certains sont d’un goût douteux ou de mauvaise qualité. C’est pourquoi les autorités locales souhaitent encadrer le street art, pour éviter qu’il se développe de manière anarchique dans la ville, comme cela fut le cas ces dernières années. – CVN/VNA