Hanoi (VNA) - Lancé en 2008 par le journal Thê thao & Van hoa (Sports et Culture), “Bùi Xuân Phai - Pour l’amour de Hanoï” est devenu un prix prestigieux pour honorer des œuvres, idées et auteurs de toute nationalité, qui éprouvent un amour particulier pour la capitale.

Le Prix Bui Xuan Phai, un label culturel de Hanoi hinh anh 1La cérémonie de remise du Prix "Bùi Xuân Phai - Pour l'amour de Hanoï" 2021. Photo : VNA

Le peintre Bùi Xuân Phai (1920-1988) est surnommé le “roi des anciennes rues de Hanoï” ou le “grand arbre” dans l’art vietnamien moderne. Bien que sa vie ait été emplie de hauts et de bas, sa carrière a été consacrée par l’État qui lui a remis à titre posthume le Prix d’État des arts et des lettres en 1996. Ses peintures sont devenues un symbole éternel d’une Hanoï splendide et ancienne. Sa vie est devenue un symbole vivant de l’amour de Hanoï, un amour profond et plein de nostalgie.

En 2008, à l’occasion du 20e anniversaire de la disparition du peintre, le journal Thê thao & Van hoa (Sports et Culture), relevant de l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA), a lancé le Prix “Bùi Xuân Phai - Pour l’amour de Hanoï”.

Ce dernier gratifie les œuvres les plus marquantes pour l’art de la ville. L’important n’est pas qu’elles aient été réalisées par des Vietnamiens ou des étrangers, mais qu’elles mettent en lumière la capitale et soient porteuses de tout l’amour que l’on peut ressentir pour cette ville millénaire. La sélection des œuvres et la remise des prix auront lieu après un vote et une délibération du jury selon des critères bien précis. Avec un budget de 30.000 USD, ce prix comprend une récompense de 1.000 USD remise aux lauréats chaque année.

Un grand amour nommé Hanoï

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Les "Grand Prix" du "Bùi Xuân Phai - Pour l'amour de Hanoï" de 2018 à 2021 (de gauche à droite, de haut en bas) : Nguyên Ba Dam, Nguyên Thua Hy, Phu Quang et Hông Dang. 
Photo : TH/CVN


"Initialement, la famille du regretté peintre Bùi Xuân Phai voulait organiser avec notre journal un prix dans le domaine des beaux-arts. Ngô Hà Thai, rédacteur en chef de notre journal à l’époque, pensait que si l’on créait un prix des beaux-arts, il serait très difficile de rivaliser avec d’autres prix traditionnels et prestigieux dans le même domaine (par exemple, celui de l’Association des beaux-arts du Vietnam). Ce journaliste a proposé un prix honorant l’amour pour Hanoï du peintre Bùi Xuân Phai, car parler de lui, c’est faire référence au Vieux quartier de la capitale. Cet artiste n’a cessé de réaliser des toiles sur le Vieux quartier, pour lequel il nourrissait une passion sans limite", fait savoir Dô Doan Phuong, rédacteur en chef adjoint du journal Thê thao & Van hoa.

Toujours selon lui, le critère principal pour l'attribution du prix étant l'amour de Hanoï, celui-ci a pu dépasser le simple domaine des beaux-arts, et de l’art en général. Car on peut exprimer sa passion pour la capitale via des idées et des œuvres dans tous les domaines. "Ces 15 dernières années, la distinction est allée dans cette orientation", indique Dô Doan Phuong.

Lors de la première édition, cinq prix furent attribués : une série de romans historiques (en quatre volumes) sur la dynastie des Trân (1226-1400) de l’écrivain Hoàng Quôc Hai ; le projet d’aménagement du lit du fleuve Rouge dans le tronçon traversant Hanoï, par le peintre Van Tho ; le projet de Route de la céramique au bord du fleuve Rouge par l’artiste Nguyên Thu Thuy et ses collaborateurs ; la pièce de cai luong (théâtre rénové) Cung phi Diêm Bich (la femme d’un harem Diêm Bich), du Théâtre de cai luong du Vietnam et l’esquisse du tableau géant Hanoï, la forteresse et les fleurs du peintre Doan Son.

Après cela, le jury s’est rendu compte qu’il devrait y avoir une catégorie nommée "Grand Prix" pour honorer les personnes ayant apporté une grande contribution à Hanoï tout au long de leur vie et de leur carrière. De plus, le Prix aurait besoin de trois autres catégories : "Prix de l’œuvre", "Prix de l’idée" et "Prix du travail". À partir de la 2e édition, ces quatre catégories sont apparues. Chaque année, bien que la liste des nominations pour le "Grand Prix" soit longue, le jury ne choisit qu’un seul vainqueur. Son nom est gardé secret jusqu’à la cérémonie de remise des prix.

"Pour chaque édition, le jury cherche des auteurs, des œuvres, des idées et des travaux pour Hanoï de septembre de l’année précédente à septembre de l’année du prix. Normalement, la liste de présélection compte une cinquantaine de candidats pour toutes les catégories, informe le journaliste Dô Doan Phuong. Nous avons également une grande liste des nominés pour le +Grand Prix+. Cette dernière est continuellement complétée".

"Bùi Xuân Phai - pour l'amour de Hanoï" a connu 14 saisons dans lesquelles 13 "Grand Prix" ont été attribués au "Hanoïologue" Nguyên Vinh Phuc (2009), à l’écrivain Tô Hoài (2010), au Professeur Phan Huy Lê (2011), au guitariste Van Vuong (2012), au photographe Quang Phùng (2013), aux chercheurs Nguyên Tuân San (2014) et Giang Quân (2015), au photographe Lê Vuong (2016), à l’homme des cultures Huu Ngoc (2017), au collectionneur et chercheur Nguyên Ba Dam (2018), au Docteur, "Enseignant Émérite" Nguyên Thua Hy (2019), aux compositeurs Phu Quang (2020) et Hông Dang (2021). De plus, une cinquantaine d’œuvres parmi près de 150 candidatures ont été récompensées dans les trois autres catégories.

Des étrangers primés

Le Prix Bui Xuan Phai, un label culturel de Hanoi hinh anh 3L'affiche du documentaire Mon Hanoi et la couverture du livre photos Hanoï 1967-1975. 
Photo : TH/CVN


"Les Hanoïens et les Vietnamiens portent la ville de Hanoï dans leur cœur, tout comme nos amis internationaux", souligne Lê Xuân Thành, rédacteur en chef du journal Thê thao & Van hoa. En effet, outre les Vietnamiens, de nombreux étrangers qui ont activement contribué à embellir la capitale figurent dans la liste des candidats.

Le "Prix du travail" a été attribué, entre autres, en 2012 au Docteur français Olivier Tessier de l’École française d’Extrême-Orient pour ses recherches et collections de photographies et documents sur la citadelle impériale de Hanoï comme pour son engagement dans la mise en valeur de la capitale du Vietnam ; en 2013, au Docteur japonais Nishimura Masanari et au groupe "Tim vê nguôn côi" (Trouver l’origine) pour leur travail de collecte d’antiquités et de construction d’un musée de l'ancienne céramique au village de Kim Lan (district de Gia Lâm, en banlieue de Hanoï) ; à l'Américain James Joseph Kendall et au groupe Keep Hanoi Clean pour leurs contributions à la protection de l’environnement dans la capitale.

Dans le "Prix de l’œuvre", de nombreuses œuvres étrangères ont été récompensées, dont la collection de photos sur Hanoï des années 1980 du diplomate britannique John Ramsden ; la recherche sur l’ancienne citadelle de la capitale du Français Olivier Tessier, le livre Hanoi de l’auteur uruguayen Martin Rama ; le livre Hanoi : Capital City, disponible en trois langues (allemand, vietnamien et anglais), rédigé par le Docteur Michael Waibel, de l’Université de Hambourg (Allemagne) ; la chanson Hanoi de la chanteuse française La Grande Sophie ; le film documentaire Mon Hanoi de l'ancien ambassadeur de France au Vietnam, Jean-Noël Poirier ; le roman Phô Nhà Tho (rue Nhà Tho) du Serbe Marko Nikolic ; un livre et une exposition de photos intitulés "Hanoï 1967-1975" du photographe allemand Thomas Billhardt.

Chaque année à l'arrivée de l’automne, inutile de le rappeler, les Hanoïens attendent avec impatience le Prix "Bùi Xuân Phai - Pour l'amour de Hanoï".

"Ce Prix est humaniste, il a une diversité culturelle. L’échelle de l’organisation n’est pas trop écrasante et grâce à cela, la profondeur du prix est toujours préservée. C’est un respect pour ceux qui contribuent silencieusement à la culture de Hanoï, aidant le public à connaître les visages, idées, travaux et œuvres associées à cette ville millénaire", estime le photographe Nguyên Huu Bao.

Pour l'écrivain Truong Quy, cette distinction a eu un "bon effet social", devenant "un forum prestigieux" pour les personnes intéressées par la vie culturelle de la capitale. - CVN/VNA