Le pont Long Bien, anciennement pont Paul-Doumer a été construit par l’entreprise française Daydé & Pillé de 1898 à 1902. D’une longueur totale de 1680 m, il était à cette époque le pont le plus long de l’Indochine. Symbole de la colonisation française au Vietnam, cet ouvrage d’art constitue aujourd’hui un trait d’union entre le passé et le présent. Découvrons-le à travers les documents historiques laissés par les Français.

Aujourd’hui, bien que les voitures et les camions ne puissent plus emprunter ce pont, la circulation reste très dense avec les trains, les piétons, les vélos et les motos. Parmi les personnes qui passent tous les jours par ce pont, beaucoup se demandent comment il a été construit. En fait, les traces de l’année de la construction et des noms des créateurs sont encore visibles sur la butée du pont. C’est Paul Doumer, le gouverneur général de l’Indochine à cette époque qui a fait construire cette structure métallique originale. La conception de l’entreprise Daydé & Pillé a été choisie. D’un montant de 6 200 000 francs de l’époque, Long Bien était le premier pont en acier enjambant le fleuve Rouge.

Le Huy Tuan, du Centre d’archives national numéro 1 explique : « Il s’agissait d’un ouvrage d’infrastructure important permettant la circulation de personnes et surtout de marchandises de Hanoi, du centre du delta du fleuve Rouge vers d’autres régions du Nord Vietnam comme Hai Phong et vice versa. Grand promoteur des transports ferroviaires, le gouverneur général de l’Indochine Paul Doumer a plus que quiconque compris l’importance de ce pont. Auparavant, les marchandises étaient transportées par bacs. Au début, le pont a été conçu pour le transport ferroviaire mais on prévoyait aussi une voie routière sur ce pont. Une offre a été lancée attirant la participation de six sociétés françaises dont Daydé & Pillé fut le vainqueur ».

Le pont fut officiellement mis en service en 1903, quatre ans après le lancement de son chantier. Le premier train transporta l'empereur Thanh Thai et le gouverneur général de l’Indochine Paul Doumer de la gare de Hanoi jusqu’au pont pour l’inaugurer et ce, en présence de milliers de Hanoïens. Après ce jour-là, le pont le plus long de l’Indochine fut alors appelé « pont Paul Doumer ». Le gouverneur général de l’Indochine décida d’ouvrir une ligne ferroviaire reliant Hanoi à sa périphérie et à la région frontalière avec la Chine. Dès ce moment, l’embarcadère au bord du fleuve Rouge cessa de fonctionner. Les gens pouvaient emprunter le pont Long Bien même en saison des crues. Le pont permit aussi aux Français d’accélérer leurs exploitations coloniales dans le Nord Vietnam.

En juillet 1945, Tran Van Lai, le maire d'alors de Hanoi, décida de nommer ce pont « pont Long Biên », Long Bien étant le nom d'un quartier périphérique de Hanoï sur la rive gauche du fleuve Rouge. Nom qu'il a gardé jusqu'à aujourd'hui. Vu Van Thin, un Hanoïen qui est très attaché à ce pont estime : « Pour moi, le pont Long Bien est le plus beau et le plus romantique. Son architecture est très originale. Il est en forme de dragon. Une fois restauré, il deviendra un ouvrage sans égal dans la région ».

Au début, ce pont était seulement accessible aux vélos, aux trains et aux piétons. 20 ans après, deux pistes routières de 2 m de largeur furent ajoutées. La circulation sur le pont fut alors définie d’une manière assez détaillée et scientifique. Par exemple : les piétons marchent sur la piste qui leur est réservée et selon le sens inverse à celui d’autres véhicules. La vitesse autorisée est de 15 km/h. Il est interdit d’allumer des feux sur le pont...

À cette époque, le numéro 387 du bulletin hebdomadaire « L’Éveil économique de l’Indochine » avait rapporté qu’un deuxième pont enjambant le fleuve Rouge serait construit. Cependant, ce projet n’a jamais été réalisé en raison de la fin de la colonisation française en 1954. Cette idée a, plus tard, inspiré les décideurs de la capitale.

« Ce pont est sans aucun doute le symbole de la colonisation française au Vietnam mais il facilite quand même la circulation de la population. Il était dans le passé un axe stratégique de notre pays. Ainsi, nous devons préserver cet ouvrage culturel et ce lieu chargé d’histoire. En 1955, les Français se sont retirés de Hanoi en empruntant ce pont pour aller à Hai Phong », a rappelé Le Huy Tuan, du Centre des archives national numéro 1.

Hanoi possède aujourd’hui d’autres ponts enjambant le fleuve Rouge : Chuong Duong, Thang Long, Thanh Tri, Vinh Tuy ou encore Nhat Tan..., mais les Hanoïens restent très attachés au pont Long Bien qui constitue toujours une promenade privilégiée leur permettant de contempler le Fleuve rouge en toute tranquilité et de sentir les effluves du passé. -VOV/VNA