Le marché de Bac Hà se situe dans le district du même nom (provincemontagneuse de Lào Cai, Nord). Pour s’y rendre au départ de la ville deLào Cai, les habitants de la région doivent parcourir environ 74 km, etemprunter la seule et unique voie construite sur le flanc de lamontagne, bordée de rizières en gradins de part et d’autre du relief.Alors que nous approchons de notre destination finale, nous apercevonsdes groupes issus des ethnies minoritaires. Avec leurs chevaux, ilsacheminent vers le marché moult produits. Ils rient et parlentbruyamment. Certains sont partis à l’aube, d’autres, ceux qui résidentle plus loin, se sont mis en route la veille.
La plupartdes chalands se déplacent quant à eux à pied ou à dos de cheval,parcourant parfois des dizaines de kilomètres à travers les sentierssinueux de la forêt. Les plus aisés prennent la moto. Les touristes,enfin, ont posé leurs valises non loin de là et viennent souventnombreux visiter ce lieu unique de la région.
Le districtde Bac Hà est considéré comme le "chef-lieu" de l’ethnie Mông. On ycroise toutefois des Man et des Dao. Chaque semaine, les participantsattendent avec impatience l’ouverture du marché dominical. Celui qui aapporté des pousses de bambou, celui qui semble être venu sacrifier unchien et une poule, ils sont plusieurs marchands à venir, non pas pourvendre leurs produits, mais pour l’ambiance qui règne au milieu desétals, pour l’atmosphère non moins conviviale qui suggère à tous lesvisiteurs d’arborer un large sourire. Pour le plaisir en somme.
Spectacle trépidant de la haute région
Autrefois, le marché de Bac Hà se tenait sur une colline en pentedouce. Aujourd’hui, il s’étend sur plus de quatre hectares et a étéinstallé sur une grande place du district de Bac Hà. Lorsque le visiteurarrive au loin, il constate que la nature généreuse ne dissimulenullement les larges motifs multicolores des vêtements en brocatellefilés par les femmes Mông et Dao, que l’on distingue toujours.
Une fois sur place, on y trouve toutes sortes d’objets, d’ustensilesménagers et d’outils. À l’entrée, le matériel agricole gît pêle-mêle àmême le sol et empiète sur le chemin. En général, les stands les plusembouteillés sont les étals de bijoux, de jupes, de vêtements, d’étoffesen brocatelle et de belles hottes en rotin, situés au centre du marché.Les visiteurs, notamment les touristes étrangers, manifestent ici unintérêt particulier pour les tableaux colorés tissés main.
En fait, ce bazar a ceci de particulier que les vendeurs n’interpellentjamais le chaland, comme c’est souvent le cas. Au contraire, ce derniera plutôt tendance à se ruer sur les présentoirs pour trouver l’objet deleur désir. Un spectacle envié par de nombreux commerçants urbains.
La zone consacrée aux buffles et aux chevaux attire enfin davantage leshommes. Les animaux qui y sont exposés ne sont pas destinés à la vente.Ils sont un prétexte pour participer au marché, pour bavarder avec lesvoisins et les autres paysans de la région. Pour le principe, ilsaffichent tout de même un prix, la plupart du temps déraisonnable. Lebuffle le moins cher coûte entre 20 et 30 millions de dôngs, le plusonéreux peut aller jusqu’à 100 millions. Les chevaux quant à eux fontl’objet de longs paris. À savoir lesquels participeront à la prochainecourse de Bac Hà, et lequel bien sûr l’emportera. Ils comparent leurprix, leur robe et leurs chances de l’emporter.
Des spécialités gastronomiques
Pas de marché sans spécialité culinaire, et sans dégustation. Lesvisiteurs raffolent du thắng cố, une soupe de viande de cheval pimentéequi bout sur place, dans un four en terre. Un plat très populaire quiattire toujours les curieux en nombre. Sur place, cinq commerçantsprofitent du filon et leur stand ne désemplit jamais. En général, poursavourer le thắng cố avec plus d’authenticité, les gourmandsl’accompagnent d’un ou plusieurs verres d’alcool de maïs.
L’alcool de maïs Bac Hà est conservé dans des bidons de 20 litres etvendu non loin de ces échoppes de fortune. Une spécialité de Ban Phô,l’une des communes du district de Bac Hà. D’après Giàng Seo Sâu,fabricant expérimenté, «Ban Phô recense plus de 500 foyers et plus de3.000 personnes. Tous connaissent bien ce métier mais seulement deuxtiers en vivent». Cette boisson est produite fin automne, alors que lesépis de maïs, cultivés sur les versants de la montagne, sont mûrs etpresque rouges. La commune dénombre plus de 300 ha de surface de maïs,trois fois plus que de riz. Les Mông récoltent 1.000 tonnes par an etproduisent 400.000 litres d’alcool.
Même si lestouristes affluent sur le marché, c’est insuffisant aux dires decertains marchands. À 58 ans, Michael Paul est Irlandais et habite dansl’arrondissement de Hoàn Kiêm (Hanoi). Il a visité 18 fois la provincede Lào Cai en dix ans. Chaque fois, il s’est rendu sur le marché. Ilpartage : "Il y a 12 ans, mon épouse et moi avons fait un voyage à DôngVan (province montagneuse de Hà Giang, Nord). Nous avons étélittéralement séduits. Depuis, nous revenons souvent, deux fois par anen moyenne". Et d’ajouter, amusé : "Je suis devenu guide touristiquepour mes amis lorsqu’ils me rendent visite. Je sais comment les Manfilent leurs sacs de brocatelles, combien de temps les Mông prennentpour concevoir un jupe de plusieurs millions de dôngs", partage-t-il.
Un endroit donc qui mérite le détour, courez-y ! -VNA