Hanoï (VNA) - Le photographe Trân Bich est sans conteste la personne qui a pris le plus de photos de lotus, et de surcroît les plus originales. Il a consacré plus de 20 ans de sa vie à cette plante emblématique.
Trân Bich, de son vrai nom Trân Van Bich, est né en 1946 dans une zone rurale de la province de Khánh Hòa (Centre). Actuellement, il vit dans l’arrondissement de Tân Binh, à Hô Chi Minh-Ville. Homme d’affaires, il commence la photographie tardivement, en 2002, au moment où il découvre la beauté du lotus mais aussi des similitudes, selon lui, entre la vie des plantes et la vie humaine.
Au Vietnam, partout où le lotus prolifère, se trouve aussi les empreintes du photographe Trân Bich. Tel un travailleur saisonnier, il se tient prêt chaque année pour immortaliser la floraison. Il est tellement passionné qu’il part aussi à l’étranger, notamment aux États-Unis, au Canada, en Chine et en Australie, pour traquer sa fleur favorite. Chaque pays a ses propres espèces de lotus. Ces voyages l’ont aidé à en découvrir davantage sur cette plante et à créer des œuvres uniques.
Une vingtaine d’années de passion
"J’ai visité de nombreux pays mais je trouve que les lotus vietnamiens sont les plus beaux. Leur couleur, notamment, est très belle. Malheureusement, aujourd’hui, de nombreuses localités telles que la province de Dông Thap (delta du Mékong) cultivent des lotus hybrides, de variété taïwanaise. Plantés pour être vendus, ils donnent des rendements très élevés. Progressivement, nos lotus indigènes sont remplacés par des lotus exogènes, et je trouve cela bien dommage", partage Trân Bich.
Pendant près de 20 ans, le photographe a accumulé un énorme stock de photos. Parmi ses œuvres, il y a notamment celles qui montrent chaque étape du cycle de vie du lotus : du bourgeonnement à la pleine floraison jusqu’à ce que la fleur se fane... Il a aussi pris des photos de fleurs qui lui rappelaient des situations humaines : des lotus malchanceux, des groupes de lotus telles des familles unies qui se soutiennent dans n’importe quelle situation.
"Un jour, à Cu Chi (Hô Chi Minh-Ville), je suis tombé sur des lotus courbés et ratatinés, mais dont la floraison était belle. C’est un message très humain. Malgré des handicaps physiques, il faut surmonter son destin pour fleurir à la vie", raconte le photographe.
Quand on lui demande : "Est-ce difficile de faire de belles photos de lotus ?", il répond "Très difficile". Pour un beau cliché, il faut être sur le terrain entre 06h00 et 09h30. Trân Bich confie : "Si vous voulez prendre une photo émouvante, vous devez patauger longtemps dans le marais. Si vous restez sur la rive, vous ne pourrez pas voir toute la beauté du lotus. Il faut descendre à sa hauteur. Prendre des photos ainsi, c’est comme méditer. À ce moment-là, mon âme est très calme".
Une vingtaine d’expositions
Depuis 2009, il a organisé une vingtaine d’expositions dans de nombreuses localités du pays telles que Hanoï, Huê (province de Thua Thiên-Huê, Centre), Dà Nang, Dà Lat (province de Lâm Dông, hauts plateaux du Centre), les provinces de Dông Thap, de Cà Mau (Sud). Toutes dans un but philanthropique. Près de trois milliards de dôngs ont été collectés à travers ces évènements, aidant à améliorer la vie d’orphelins, d’enfants handicapés, de malades du cancer, de personnes âgées. Une partie est aussi reversée aux Fonds d’encouragement aux études.
Pour son travail d’artiste et ses contributions significatives envers les plus faibles, Trân Bich s’est vu décerner de nombreux satisfecit, notamment un du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Le photographe est aussi le détenteur de cinq records nationaux de 2011 à 2014 : photographe qui a pris les photos les plus originales sur le lotus, personne qui a organisé le plus d’expositions sur cette fleur, organisateur du plus grand nombre d’expositions sur le lotus à but philanthropique, photographe qui a pris le plus de photos de lotus en étant dans l’eau, photographe possédant le plus de photos de fleurs de lotus.
En 2012, l’Association du patrimoine culturel du Vietnam lui a décerné un satisfecit pour ses réalisations dans la protection et la promotion du patrimoine culturel national. "Le lotus est ma vie, mon souffle. Je le photographierai jusqu’à la fin de ma vie…", conclut Trân Bich. -CVN/VNA