Le dù kê est une forme de théâtre chanté propre aux Khmers du Sud du Vietnam qui remonte au début du XIXe siècle. Il est le produit d’interférences culturelles entre les différents peuples du delta du Mékong.

Fort de ses particularités et de son originalité, il a été inscrit sur la liste des patrimoines immatériels du Vietnam. Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a également soumis un dossier à l’UNESCO pour une éventuelle reconnaissance mondiale.

Selon d’après le spécialiste et critique de théâtre Sang Sêt, ancien directeur de la troupe artistique khmère Anh Binh Minh de la province de Trà Vinh, le dù kê a hérité d’autres formes artistiques académiques et folkloriques de la région et, plus particulièrement, a été fortement influencé par les chants populaires des Hoa (Vietnamiens originaires de Chine) et par le cai luong (théâtre rénové) des Kinh (ethnie majoritaire au Vietnam).

Représenté en langue khmère, une pièce de dù kê dure environ 150 minutes, durée principalement réservée au chant. Le comique s’exprime dans les trois langues vietnamienne, chinoise et khmère, ce qui fait que les pièces attirent toujours les spectateurs des trois ethnies. Les instruments comprennent deux groupes, bois et cordes qui jouent des mélodies attrayantes et sont considérés comme l’âme du dù kê.

Ce genre théâtral s’est diffusé dans plusieurs provinces et villes où vivent des Khmers : Soc Trang, Bac Liêu, An Giang, Kiên Giang, Cà Mau, et où des troupes de dù kê ont été créées. Il a même traversé les frontières pour s’intégrer au Cambodge, où la population locale l’a baptisé «Lkhôn Ba Sac», (théâtre du fleuve Hâu du Vietnam).

Le Comité populaire de la province de Trà Vinh a créé en 1960 une troupe khmère, Anh Binh Minh, dont la renommée s’est rapidement étendue grâce à ses pièces de dù kê mettant en scène de grandes figures comiques. Un demi-siècle plus tard, elle possède un riche répertoire d’une quarantaine de pièces sur le quotidien du peuple, mais aussi sur quelques singularités de la société contemporaine. On peut citer des pièces comme Nghia tinh giông tô (L’amour dans l’orage), Giu dên cô Hia (Le gardien du temple de Mlle Hia), Bông hông Trà Vinh (La rose de Trà Vinh), ou encore Môi tinh Bôpha - Rangxây (L’amour entre Bôpha et Rangxây). -VNA