La guerre de résistancecontre les colonialistes français fait naître la première génération descinéastes documentaires vietnamiens. Dès 1948, les premiersdocumentaires voient le jour au Nam Bo. Le film "La campagne de DôngKhê", tourné au Nord par le cameraman Phan Nghiem, a été projeté pour lapremière, au Festival mondial des jeunes et des étudiants en juillet1950 ».
De nombreux documentaires vietnamiens ont laisséune trace profonde et contribué à refléter fidèlement la vie de lapopulation vietnamienne, en temps de paix comme de guerre. On peut citer"Nuoc vê Bac Hung Hai" (L’eau retourne à Bac Hung Hai) du réalisateurBùi Dinh Hac, "Tiêng vi câm o My Lai" (Le son du violon de My Lai),"Chuyên tu tê" (Une bonne affaire), "Hà Nôi trong mat ai" (Hanoi, uncertain regard) du réalisateur Trân Van Thuy…
"Chuyên tutê" a remporté en 1988 la Colombe d'argent au Festival du documentairede Leipzig et a même été surnommé "La bombe qui, du Vietnam, a explosé àLeipzig". Après, 10 grandes télévisions du monde ont acheté les droitsde diffusion en Europe, au Japon, en Australie et aux États-Unis.
Cesdernières années, de jeunes réalisateurs ont aussi marqué de leurempreinte ce genre cinématographique. "Mat troi den" (Le soleil noir) deTruong Quê Chi a remporté un prix lors du festival international ducourt-métrage Oberhausen en Allemagne. "Chuyên di cuoi cung cua chiPhung" (Le dernier voyage de Mme Phung), du réalisateur Nguyên Thi Tham,a reçu une «Mention spéciale» lors du Festival du documentaire del’ASEAN ChopShots 2014 à Jakarta (Indonésie).
Avis d’experts
Bienque le documentaire vietnamien ait enregistré quelques bons résultats,son développement n’est pas en phase avec celui du cinéma mondial. Selondes experts, le documentaire vietnamien pêche par un manque decréativité, traite trop souvent de sujets éculés, rarement de sujets desociété «brûlants», clivants.
Selon le réalisateur Lê HôngChuong, chef adjoint du Département du cinéma au ministère de laCulture, des Sports et du Tourisme, les réalisateurs vietnamiens doiventse rendre dans les festivals pour s’imprégner de nouveaux styles detraitement des sujets. «Il faut certes s’inspirer de ce qui se faitailleurs, mais en restant ancré dans la culture nationale, pour garderle caractère du documentaire vietnamien», a-t-il ajouté.
Selonle réalisateur Dào Thanh Tùng, directeur adjoint de la Sarl MTV duStudio central du film documentaire et scientifique du Vietnam, «il y apas mal de réalisateurs de documentaires au Vietnam, mais peu ont unhaut niveau. En plus, ils sont souvent hantés par les sujets de leursprédécesseurs. Les sujets sensibles comme le sexe ou l’homosexualité nesont jamais abordés».
«Les festivals du documentairepermettent aux jeunes réalisateurs d’échanger avec des réalisateursinternationaux, de découvrir d’autres façons d’aborder les sujets. Ilspeuvent mieux comprendre la place du documentaire vietnamien», selon lejeune réalisateur Nguyên Sy Bang.
Investir dans les technologies
Lesuccès d’un documentaire ne dépend pas seulement du choix du sujet, latechnique est aussi un facteur important. En Europe et en Amérique, lesspectateurs ont l’habitude de regarder des images d’une très hautequalité. Aussi les producteurs et réalisateurs de documentairesvietnamiens doivent-ils améliorer leurs équipements. «C’est la clé pourun documentaire de haute qualité», a partagé le réalisateur allemandArne Birkenstock.
Selon Almuth Meyer-Zollitsch, directricede l'Institut Goethe à Hanoi, «la différence entre les producteurs dedocumentaires d’autrefois et actuels est de plus en plus nette, ce quiest une bonne chose. Les jeunes doivent s’émanciper de leurs aînés,explorer de nouvelles voies, faire preuve d’audace, bref quitter lessentiers battus». – VNA