Le coq de K’hor, un coq en or
K’Long
est un village de 700 habitants, d’ethnie K’hor, qui ont la
particularité d’être de filiation matrilinéaire. Celle-ci repose sur le
principe que seule l’ascendance maternelle est prise en ligne de compte
pour la transmission du nom, des privilèges, de l’appartenance à un
clan. Par exemple, c’est la femme qui demande en mariage et qui apporte
les cadeaux de noces à la famille du futur époux. Les cadeaux de mariage
comprennent cinq buffles, cinq coqs et 20 sarongs.
Une
légende locale est transmise de génération en génération et de village
en village. Elle raconte l’histoire «romantique» d’un jeune couple dont
la jeune femme avait pour mission, en plus d’offrir les cinq buffles et
les 20 sarongs, de chercher un coq à neuf ergots pour la famille du
futur époux. Elle se lança dans cette quête sans fin à travers les
bois... où elle expira. Son amoureux partit à sa recherche durant deux
ans. En vain. Il enterra son histoire d’amour dans cette forêt et
continua à vivre sa vie avec une blessure profonde.
Cette
triste histoire a poussé les villageois à construire une entité
symbolique. Ils ont alors tressé un coq à neufs ergots à l’aide de
bambou, de feuilles et d’herbe.
Afin de préserver la
légende de K’long, une statue en béton du «coq à neuf ergots» a été
conçue et édifiée en 1978 par l’architecte Lu Truc Phuong et le
sculpteur Thuy Lam. Une œuvre imposante de 8 tonnes et 3,2 m de haut.
À l’époque du projet, Lu Truc Phuong réalisait aussi des systèmes
d’alimentation en eau potable. C’est alors qu’il eut l’idée de créer un
ouvrage «2 en 1», alliant la légende des K’hor et le progrès technique.
Concrètement, son projet était d’équiper la statue du coq d’un système
de filtration d’eau. Un projet jamais réalisé en raison de blocages de
la part des autorités locales.
Aujourd’hui, le village de
K’long est surnommé «le village du Coq». Ce monument suscite la
curiosité de nombreux visiteurs. Chaque jour, deux à trois bus de
touristes s’arrêtent au pied du chef-d’œuvre.
Toutefois,
la statue n’est pas la seule attraction de la localité. Il y a aussi la
vie paisible des K’hor qui vivent de la riziculture, des produits
artisanaux et de la brocatelle tissée par les femmes. -AVI