Le Vietnam possède une longue façade maritime de plus de 3.260 km de côtes, plus d’un million de kilomètres carrés d’eaux territoriales relevant de sa souveraineté, de ses droits souverains et de sa juridiction ; avec deux archipels de Hoàng Sa (Paracels) et Truong Sa (Spratleys) et plus de 3.000 autres archipels, îles et îlots.
En tant que pays ayant un indice marin élevé - environ 0,01 (100 km² de surface maritime pour 1 km² de superficie terrestre), soit 6 fois plus que la moyenne mondiale, la mer occupe une place importante dans sa stratégie de développement économique.
L’espace maritime du Vietnam abrite d’importants potentiels économiques et naturels propices au développement de nombreux secteurs importants du pays tels que le transport maritime, l’exploitation et la transformation des ressources minérales marines, la pêche et l’aquaculture, le tourisme maritime…
Le Vietnam comprend 28 villes et provinces littorales (sur 64), qui concentrent actuellement plus de 50% de la population nationale. Environ la moitié des principales villes du pays se situent dans les zones côtières et insulaires. Ces potentiels constituent les forces motrices de l’essor des centres urbains littoraux.
Ceux-ci se développent principalement le long du littoral du Centre et d’une partie du delta du Mékong comme Thanh Hoá, Vinh, Huê - Dà Nang - Hôi An, Tam Ky - Quang Ngai, Quy Nhon, Tuy Hoà - Phú Yên, Nha Trang - Cam Ranh, Ninh Thuân, Phan Thiêt, Rach Giá - Hà Tiên…
Les villes côtières du Centre présentent un fort potentiel, favorable au développement du tourisme haut de gamme et des ports en eau profonde. Plusieurs d’entre elles ont réussi à se tailler une place de choix sur la carte touristique mondiale telles que Dà Nang, Hôi An (province de Quang Nam) ou Nha Trang (province de Khánh Hoà).
Insuffisance de l’urbanisme côtier
La connexion entre l’économie maritime et le réseau de centres urbains littoraux facilitera la création de pôles économiques clés de chaque pays sous l’angle de la défense de sa souveraineté. Dans ce contexte, le Vietnam a mis l’accent sur l’élargissement des villes côtières dont le développement laisse encore à désirer, faute d’un aménagement approprié.
Actuellement, l’urbanisme de la plupart des zones littorales privilégie les ouvrages au service de l’essor du tourisme. Pourtant, "l’aménagement de l’espace maritime à des fins touristiques a considérablement affecté le développement urbain durable car, dans plusieurs cas, ces travaux occupent la quasi-totalité de la façade maritime, et sont peu respectueux de la nature et de l’environnement", a indiqué l’architecte Trân Ngoc Chính, président de l’Association vietnamienne de planification et de développement urbains (VUPDA).
D’après lui, cela a entraîné la restriction, voire la disparition, de l’espace public, et la limitation de la superficie réservée au réseau d’évacuation des eaux. Ainsi, les zones urbaines devront faire face aux inondations en cas de pluies torrentielles. Les risques d’érosion du littoral augmentent également sous l’impact du changement climatique.
Faute d’investissements synchrones et coordonnés, les zones littorales manquent d’infrastructures complètes et modernes. L’envergure des ports maritimes, des aéroports côtiers et des centres logistiques reste modeste. Dans ce contexte, il est difficile de doper le développement des centres économiques maritimes au niveau national et régional.
De plus, la gestion de l’aménagement architectural dans les zones côtières n’est pas sérieusement faite. En réalité, plusieurs projets ont été retardés ou n’ont pas pu être mis en œuvre en raison des problèmes existants dans les procédures d’octroi du permis de construire, de délivrance du terrain, d’indemnisation et de libération du terrain. Ce qui a suscité le mécontentement du public et nuit au paysage urbain, en particulier dans les villes touristiques littorales.
Un autre casse-tête des zones côtières : l’environnement et l’écosystème marin (mangroves, récifs coralliens…) sont détruits par les activités économiques et l’urbanisation. L’exploitation des ressources maritimes ne s’associe pas à la protection et la préservation. À cela s’ajoutent la pollution marine et les incidents environnementaux. Tout cela constitue les grands défis auxquels les centres urbains côtiers doivent se confronter.
Corridor de protection du littoral
Afin de renforcer la gestion de l’urbanisme, de l’investissement dans la construction et d’assurer une exploitation efficace et durable du littoral, une série de mesures sont avancées.
D’abord, l’aménagement doit profiter équitablement aux habitants locaux, aux investisseurs et à l’État. Ensuite, il est nécessaire d’ajuster les textes juridiques en détaillant un cadre règlementaire propre à la conception des projets d’aménagement urbain pour répondre aux exigences de développement des zones littorales.
Par ailleurs, il faut classer les projets selon le niveau de priorité et élaborer des solutions concrètes pour chaque groupe de projets afin de garantir un investissement efficace, d’éviter le gaspillage des terres, de protéger l’environnement, de s’adapter au changement climatique et à l’élévation du niveau de la mer.
De plus, il importe de renforcer l’inspection, la supervision et la gestion des projets, de respecter les prescriptions de la loi sur le traitement de la pollution et la protection de l’environnement, d’élaborer des scénarii concernant l’élévation du niveau de la mer pour ajuster à temps l’aménagement urbain.
La superficie réservée aux espaces publics dont les parcs, les places, les plages doit être toujours calculée dans les projets d’urbanisme côtier. Les habitants sont invités à participer à la supervision de leur réalisation.
Un exemple à citer : Quang Nam est l’une des rares provinces du Centre à avoir mis en place une planification de construction régionale et un programme provincial de développement urbain pour contrôler l’essor de ses centres urbains. Le 2 novembre 2021, le Comité populaire provincial a promulgué la décision N°3160 sur l’approbation de la liste de 29 zones où le corridor de protection du littoral de Quang Nam doit être établi, d’une longueur totale de 45.144 m.
"La mise en place de ce corridor protecteur de la province vise à protéger le paysage naturel, à minimiser l’impact de l’érosion du littoral et à assurer l’accès des habitants aux ressources maritimes", a expliqué l’architecte Trân Ngoc Chính. – CVN/VNA