Hanoi (VNA) - France Alumni Vietnam vient d'organiser une rencontre dans la cour de l'ambassade de France au Vietnam sur le sujet du futur de l'agriculture biologique du pays. Une belle occasion pour les anciens étudiants ayant étudiés en France de s’intéresser à ce sujet.
La première table ronde Café Alumni, organisée par France Alumni Vietnam, a eu lieu le matin du 10 décembre en plein air à l'ambassade de France à Hanoï. Une vingtaine d'invités était présents, dont la majorité était composée d’anciens étudiants vietnamiens de France.
Pour commencer la séance, Nguyên Quôc Toan, vice-directeur permanent du Service de production et de développement du marché agroalimentaire du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, a informé que l'agriculture biologique serait le noyau du développement agricole du pays. Même si la conception de l’agriculture biologique est toujours mise en question, tout le monde s’accorde pour dire que c’est un modèle vers lequel il faut désormais se tourner.
Il a constaté que les prix des produits bio étaient souvent élevés, mais qu’ils restaient corrects compte tenu de la qualité de ces produits. Le vice-directeur a estimé en plus qu’un règlement sur le développement durable au Vietnam pourrait entrer en vigueur d’ici une dizaine d'années.
"Depuis quelques années, la tendance de la consommation est de retourner aux produits bio. Nous avons une mauvaise habitude de consommation, nous comptons trop sur la grande distribution, sans avoir aucune conscience de l'origine des produits. Le travail du gouvernement n'est pas simplement de changer le régime, mais aussi de changer les mentalités et les habitudes."
La séance a continué avec les interventions d’Alexandre Bouchot, conseiller aux affaires agricoles de l'ambassade de France au Vietnam. Il a insisté sur le fait que cette tendance universelle était observée aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement.
"L'agriculture biologique répond parfaitement à la fois aux enjeux de la sécurité alimentaire et de la protection environnementale. Jusqu’à aujourd’hui, seulement 1% des terres agricoles dans le monde sont consacrées à l’agriculture biologique, dont 40% se trouvent en Australie. La France a déjà bien progressé des dernières années, en passant de 2 à 6% des terres destinées à l’agriculture biologique. Particulièrement, le Bhutan envisage d’avoir une agriculture 100% biologique en 2020."
Alexandre Bouchot a insisté sur le fait que les complications liées à l’obtention d’un label biologique avaient entraîné une augmentation des prix. Les critères pour les attribuer suscitent aussi des problèmes quand ils diffèrent d’un pays à l’autre. Pourtant, le conseiller a félicité le Vietnam qui a déjà réalisé dès maintenant d’importantes recherches sur le modèle d’une agriculture durable.
Un marché potentiellement rentable
"En réalité, les consommateurs sont toujours prêts à payer un peu plus pour les produits de bonne qualité. Le marché français du bio engendre 7 milliards d'euros de chiffre d’affaires chaque année, a révélé Alexandre Bouchot. Le rôle de l'État serait sans doute d’aider les producteurs biologiques à mieux vendre leurs produits aux grandes chaines de distribution."
Les invités ont tout de suite posé les questions sur le potentiel de l’agriculture biologique au Vietnam mais aussi sur d’autres secteurs concernés.
Sur la question relative à la certification et à la distribution des produits pharmaceutiques, Nguyên Quôc Toan a assuré que la régulation gouvernementale n’allait pas évoluer, mais qu’une campagne médiatique sur le sujet était nécessaire pour encourager la population à consommer ces produits bio.
Concernant les startups agro-alimentaires bio au Vietnam, la réponse était partagée. Si Bùi Hang Phuong, spécialiste-chercheuse en agriculture et énergie verte, a compris l’attente du public, alors Nguyên Quôc Toan a traité le problème avec un regard entrepreneurial : "La création d’entreprises agro-alimentaires n’est pas sans risque, particulièrement sur le marché des produits bio qui est toujours très concurrentiel. En plus, la recherche de fonds pour financer les investissements n’est jamais facile."
La séance s’est clôturée sur les interventions de Nguyên Van Cuong, directeur de l'Institut de l'agriculture biologique du Vietnam. "Notre marché du travail est très avantageux. Bien sûr, l'agriculture biologique va coûter cher, mais certaines fermes vietnamiennes ont eu un retour sur l'investissement à peine 2 ans après l’ouverture."
"L'agriculture biologique est un immense océan de connaissance. La consommation de produits biologiques est un acte humain dont la société a vraiment besoin", a conclu Nguyên Quôc Toan. -CVN/VNA