Les coursesde ghe ngo ( tuk ngo en khmer) font partie de la fête traditionnelleOk Om bok des Khmers qui habitent notamment dans le Sud du pays. Cettefête se tient autour du 15 e jour du 10 e mois lunaire. Le ghe ngooriginel est une pirogue faite d’une seule pièce à partir d’un troncd’arbre séculaire. Ce sport figure dans la liste des disciplines desJeux nationaux.
Aujourd’hui, la fabrication du ghe ngo aquelque peu évolué. L’embarcation est constituée de plusieurs piècesgreffées les unes aux autres, sa longueur variant en fonction du nombrede personnes à bord. En moyenne, chaque pirogue est conçue pourtransporter de 20 à 60 personnes. Longue dans la plupart des cas de 25 à30 m, sa forme effilée lui permet de fendre les eaux rapidement. Sesdeux proues courbées et sculptées dans le bois ont l’apparence d’unetête de serpent ou d’une tête de phénix. Les pagaies sont peintes enblanc, en vert, en rouge ou en jaune, afin de bien distinguer leséquipages en lice.
Dans une course de ghe ngo , chaque piroguereprésente un phum ou un soc (village). Avant la course, les Achars(chefs du comité du Dharma du village) président la cérémonie de cultedu génie du ghe ngo . Les offrandes sont souvent comme suit : des œufs,une tête de cochon et un coq. La cérémonie se déroule dans les prièresdes Achars, selon les rites khmères, dans la senteur enivrante desvapeurs d’encens. Après le culte, un représentant de l’équipe sonnetrois fois la cloche pour la mise à flot de la pirogue. Ensuite, tousles participants embarquent, s’assoient et se rendent sur la ligne dedépart.
Les membres de chaque équipe doivent porter l’uniformepour se distinguer de leurs concurrents. Tous ont une fonction bienprécise : outre les rameurs qui constituent - comme l’on s’en doute -l’écrasante majorité, il y a le capitaine, la personne qui tient legouvernail, l’autre munie d’un sifflet et enfin, la dernière - assise aumilieu de la pirogue - qui bat le tambour pour imprimer la cadence àses troupes. Et c’est parti ! La course se déroule dans le tumulte destambours et de la foule en liesse massée des deux côtés de la rive.
Temple des courses de ghe ngo
Dans les provinces du delta du Mékong, les courses de ghe ngo sontchaque année attendues avec impatience. Cette année, elles tombent finnovembre. L’enjeu est de taille, puisque l’équipe qui remporte la courseapporte, selon les croyances, la félicité et de bonnes récoltes à leurvillage jusqu’à l’édition suivante, l’année d’après. De retour au sec,la pirogue est soigneusement placée à l’abri dans la pagode du village.L’équipage vainqueur se réunit pour célébrer la victoire comme il sedoit et préparer des offrandes pour le culte du génie du ghe ngo aumilieu du village.
L’importance des courses de ghe ngo dans lavie des Khmers est telle que les autorités y portent un grand intérêt.L’État a financé la construction d’une grande tribune (d’un coût deplusieurs centaines de milliards de dôngs) où se déroule la cérémonied’inauguration des courses de ghe ngo du delta du Mékong, dans laprovince de Soc Trang. De plus, les responsables des localités du deltadu Mékong ont déployé un train de mesures pour préserver l’identitéculturelle des Khmers, comme par exemple l’octroi de subventions à lafabrication et la réfection de ghe ngo , aux courses, à la constructiondes abris où ils sont remisés, etc.
Enfin, pour donner aux gensles clés afin de mieux comprendre l’origine de la culture des ghe ngoet les valeurs qu’elle représente, les localités où vivent de nombreuxKhmers proposent des cours d’enseignement et des clubs tenus par desparticipants aux courses. Une façon également de permettre aux jeunes deperpétuer cette tradition ancestrale. - AVI