Dans deux ans, les personnes de plus de 60 ans pourraient représenter 10% de la population totale du Vietnam selon les prévisions du Département général des statistiques. Face à ce vieillissement aux conséquences sur la société et son développement durable, de nouvelles politiques sont proposées.

Selon le Rapport de la recherche du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) au Vietnam, le rythme du vieillissement de la population vietnamienne atteint un record. Cette transition démographique est provoquée par la baisse rapide du taux de fécondité et de mortalité ainsi que l’augmentation de l'espérance de vie. La croissance de la proportion et du nombre de personnes âgées vietnamiennes est supérieure à celle d’autres tranches d’âges. L’indice du vieillissement est ainsi croissant. C’est pourquoi, le passage d’une population en «vieillissement» à celle d’une population «vieille» est beaucoup plus court que dans d’autres pays plus développés.

Changement de la structure familiale vietnamienne

Le vieillissement influence la structure familiale et, selon un représentant du FNUAP, la vie des familles vietnamiennes change rapidement. Les familles nucléaires sont plus répandues que les familles dont les générations cohabitent dans le même foyer. Actuellement, de plus en plus nombreuses sont les personnes âgées qui vivent seules, notamment en raison de l’exode rural de leur famille.

Le nombre de personnes âgées en milieu rural est 3,5 fois supérieur à celui en milieu urbain. La plupart des hommes âgés travaillant sont des habitants de la campagne, mais ils ne réalisent que des tâches agricoles et ménagères. Leur faible revenu est à l’origine d’une vie précaire. Cette situation pose des problèmes concernant la sécurité sociale ou les soins médicaux destinés notamment aux femmes âgées, plus exposées aux risques que les hommes.

Une conférence concernant la politique du Front de la Patrie du Vietnam (FPV) sur la population et le développement durable était organisée en juin dernier à Hô Chi Minh-Ville. Ce fut l’occasion pour le Dr Lê Bá Trình, vice-président du Comité central du FPV, de rappeler que la Loi sur la population est faite pour orienter les politiques démographiques de l’avenir. Il a ajouté que des efforts devraient être réalisés pour assurer le développement durable comprenant certaines questions telles que la sécurité alimentaire, l'emploi, la pauvreté, le déséquilibre sexuel ou encore le bien-être social en faveur des personnes âgées.

Mise en place des politiques démographiques

Face à la rapidité du vieillissement de la population vietnamienne, il faut protéger la liberté génésique des couples et ne pas mettre en place de politique de réduction des naissances. Il ne faut pas contrôler la population pour s’adapter à la convention internationale signée par le Vietnam, d'après Ritsu Nacken, représentante en chef par intérim du Fonds des Nations unies pour la population au Vietnam. Il faut accorder une importance particulière aux problèmes démographiques lors de la réalisation des politiques du développement socioéconomique afin d’assurer un développement durable. De plus, il est nécessaire de créer des emplois pour les personnes âgées, qui représentent aujourd’hui une ressource importante de la société. Grâce à leur expérience, elles peuvent contribuer au développement social.

D’après Ritsu Nacken, la plupart des seniors vietnamiens sont des femmes, lesquelles subissent plus de désavantages que les hommes. Il est donc impératif de privilégier les femmes en construisant des politiques de soins aux personnes âgées. Pour la période 2016-2020, le FNUAP s’engage à poursuivre son soutien au Vietnam dans la mise en œuvre de solutions concernant la politique démographique.

Avec cette vitesse de vieillissement de sa population, le Vietnam comptera 10 millions de personnes âgées dans dix ans. Cette augmentation pourrait poser certains problèmes tels que l’augmentation des charges de la sécurité sociale, le ralentissement de la croissance économique, la diminution du revenu moyen et un développement non durable, selon le Professeur-Docteur Nguyên Dinh Cu, de l’Institut de la population, de la famille et de l'enfance. Celui-ci a souligné la nécessité d’améliorer la productivité sociale pour pouvoir faire coïncider développement durable et vieillissement de la population.

D’après de nombreux spécialistes, le Vietnam devrait revoir sa politique de contrôle de la fécondité au profit d’une satisfaction de la demande dans le domaine de santé génésique. Il faut juguler les changements de modèles du mariage et être attentifs aux méthodes d’enseignement. De même, il faudrait analyser et anticiper la tendance des éléments influençant la fécondité, notamment ceux concernant l’économie et la société. En cas contraire, la fécondité amorcerait un déclin engendrant un changement rapide de la fonction et de la responsabilité familiale. -CVN/VNA