Hanoi (VNA) – L’usage du plastique, ancré dans notre vie quotidienne, représente un danger important pour l’homme. La lutte contre la pollution blanche au Vietnam a été lancée mais elle doit prendre plus d’envergure et impliquer l’ensemble de la population. Observations d’experts pour le cas de Hanoï.
Hanoi montre l’exemple
Lê Tuân Dinh, directeur adjoint du Service municipal des ressources naturelles et de l’environnement
Selon les évaluations du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement, les déchets plastiques représentent 8% à 12% des déchets ménagers solides. Hanoï seule génère en moyenne 6.000 tonnes de déchets par jour, dont environ 10% de plastiques. Aujourd’hui, leur traitement ne fait en réalité que déplacer le problème. En effet, la plupart sont enterrés ou incinérés et une grande partie finit toujours dans la nature. L’accroissement d’année en année du volume des déchets plastiques impacte de plus en plus négativement l’environnement, ce qui nous oblige aujourd’hui à agir de manière efficace et responsable.
Ces derniers temps, la lutte contre cette pollution dite blanche (pour faire référence à la couleur des sacs plastiques) reçoit une attention toute particulière des autorités locales. Le Comité populaire municipal a publié en octobre 2019 son plan de “lutte contre les déchets plastiques et l’usage des sacs plastiques à l’horizon 2025”. Il exige par exemple que les administrations et les entreprises publiques n’utilisent plus de produits plastiques à usage unique lors des conférences et séminaires, et même au domicile de chaque fonctionnaire. Dans le même temps, Hanoï a appelé ses citoyens à participer à la campagne "Dire non aux produits plastiques à usage unique et aux sacs non dégradables".
La mise en œuvre de ce plan pendant plus d’un an a donné les résultats encourageants. Des changements positifs ont été observés dans les administrations qui ont réduit considérablement la quantité d’articles plastiques à usage unique. On a pu constater en effet que les bouteilles d’eau en plastique ont été complètement éliminées lors des réunions, remplacées par celles en verre. Cela permet à la fois d’économiser du budget et d’élever la conscience environnementale des fonctionnaires.
Pour aller encore plus loin, le Service municipal des ressources naturelles et de l’environnement et celui de l’éducation et de la formation ont signé un accord pour se coordonner dans la mise en œuvre d’un programme de collecte, de tri et de recyclage des cartons de lait dans près de 700 écoles primaires. En outre, de nombreuses entreprises ont mis en place des actions spécifiques pour réduire l’usage des plastiques.
Je crois que ces activités au sein des administrations et des entreprises publiques prendront à l’avenir plus d’ampleur et serviront d’exemple dans la ville, ainsi que dans d’autres localités du pays.
Appel à la responsabilité de la population
Le Professeur et Enseignant du Peuple Nguyên Lân Dung
Partout dans le monde, pendant la pandémie, les déchets plastiques ont augmenté. En cause ? L’utilisation des masques bien sûr mais aussi le développement des achats en ligne qui nécessitent du transport et donc un suremballage. On le voit à Hanoï, quand l’évolution complexe du COVID-19 oblige les gens à restreindre leurs déplacements, ceux-ci fréquentent moins les magasins physiques et se tournent logiquement vers les services de livraison à domicile.
Je m’inquiète ainsi de voir de plus en plus dans mon immeuble des tas de barquettes en polystyrène contenant les aliments que les livreurs amènent tous les jours. Par mesure de précaution, pour s’assurer que le produit ne sera pas endommagé, les enseignes ajoutent des emballages en plastique qui ne seraient pas donnés en magasin. C’est ainsi que chaque jour, tout un tas de produits - riz gluant, nouille, vermicelle, gâteau, fleurs fraîches, fruits et légumes, viande, vêtement, livre -, sont livrés à des millions de personnes à travers le pays.
On comprend que les restaurants et entreprises de livraison doivent répondre du mieux possible aux commandes, quel que soit le produit commandé. Il est évident aujourd’hui que malgré leur légèreté, leur commodité et leur prix bon marché, ces types d’emballage ne sont pas bons, ni pour l’environnement ni pour notre santé puisque leurs composants chimiques sont nocifs et contaminent nos aliments.
Les générations futures devront-elles souffrir de calamités à cause de nos mauvaises habitudes d’aujourd’hui ? Il faut dès maintenant changer nos habitudes alimentaires et moins recourir aux plastiques à usage unique.
Des offres alternatives existent déjà sur le marché. Voyez par exemple les récipients faits à base de bagasses et de semoules de maïs. Encore trop peu de personnes connaissent ces produits et/ou ne sont pas prêts à payer un prix plus élevé. Si l’on n’est pas prêt à dépenser plus pour des contenants biodégradables, pourquoi ne pas penser à apporter avec soi des bouteilles en verre ou en acier inoxydable, et des sacs en papier, en rotin, en bambou, au lieu de recourir trop aux sacs plastiques ? Ces simples gestes feront beaucoup de bien à la nature.
Usage des plastiques : le gouvernement serre la vis
Outre la Loi sur la protection de l’environnement, le Vietnam met en œuvre depuis 2009 une stratégie nationale sur la gestion intégrée des déchets solides avec une vision à l’horizon 2050. Le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a approuvé en 2013 un projet visant à renforcer la lutte contre la pollution due à l’utilisation des sacs plastiques non dégradables dans la vie quotidienne jusqu’en 2020. En avril 2019, le chef du gouvernement a publié la circulaire N°161, exhortant toutes les administrations à dire non au plastique traditionnel, et approuvé en 2020 la directive No33 relative au renforcement de la gestion, de la réutilisation, du recyclage, du traitement et de la réduction des déchets plastiques. – CVN/VNA