Hanoi, 18 juin (VNA) - Réalisateur franco-vietnamien, François Bibonne revient avec "Il était un pont au Vietnam II", un documentaire original qui explore cette fois non plus la musique, mais l’univers du football vietnamien.
Après le succès du premier opus, ce nouveau volet tisse un lien inattendu entre sport populaire et expression artistique. À travers cette conversation, François Bibonne revient sur sa démarche personnelle et artistique, ses découvertes sur le terrain, et ce que ce projet révèle du Vietnam d’aujourd’hui.
François Bibonne commence par expliquer la genèse de son aventure vietnamienne: "Il était un pont au Vietnam"…
«Je suis franco-vietnamien. Ma grand-mère est vietnamienne, et quand elle est décédée, je suis parti au Vietnam pour la première fois. C’est là que je suis tombé amoureux de mes origines. J'ai fait un premier film qui s'appelle +Il était un pont au Vietnam+», a-t-il indiqué.
De ce premier voyage naît donc "Il était un pont au Vietnam", centré sur la musique classique. Un premier succès qui va en appeler un second. Le deuxième volet de son projet documentaire, tourné après la pandémie, prend une toute autre direction: celle du football.

"Le sujet du foot, au début, ce n’était pas du tout le projet. Mais une fois le premier film terminé, je me suis dit +ce n’est pas possible, il faut que je continue+. Et puis, un jour, j’ai eu cette idée : et si je faisais une série de films avec le même titre, mais qui explore à chaque fois un autre pan du Vietnam? ", a-t-il partagé.
Cette approche lui permet de faire dialoguer plusieurs facettes de la culture vietnamienne. Ce choix du football est aussi un défi personnel pour le réalisateur, qui vient du monde de la musique.
"Je suis musicien, je ne connais rien au foot à la base. Mais je me suis dit ‘justement, c’est intéressant. Grâce à la caméra, je vais essayer de me plonger dans l’univers du foot et de le comprendre à travers un regard de musicien", a confie-t-il.
Une perspective inédite qui donne au documentaire une sensibilité particulière. En filmant le Vietnam, François Bibonne décide aussi de s’inclure dans le récit, d’apparaître à l’image.
"Je suis devenu un personnage du film sans trop m’en rendre compte. Et je pense que ça plaît au public, parce que ce qui est intéressant, ce n’est pas juste le foot, c’est le trajet vers mes origines vietnamiennes. Finalement, n’importe qui peut s’identifier à ce chemin-là, surtout quand on est entre deux cultures", a-t-il dit.
Ce deuxième documentaire l’amène à découvrir la passion collective que suscite le football dans le pays. "Au Vietnam, personne ne dit +je déteste le foot+, ça n’existe pas. C’est une passion nationale, un truc ultra-populaire, une adhésion à l’unanimité. Même les personnes âgées, même les femmes qui n’ont jamais joué, tout le monde vibre pour l’équipe nationale", a-t-il fait remarquer.
Cette ferveur a particulièrement frappé François Bibonne lors d’un tournage en pleine célébration de victoire. Il se souvient d’un moment fort vécu à scooter au milieu des foules en liesse.
"C’était une des premières fois où j’ai pris plaisir à être embouteillé. On était bloqués dans les rues de Hanoi, avec des milliers de scooters, des drapeaux partout, des gens qui criaient, qui chantaient, c’était le chaos absolu, mais un chaos joyeux. Là, j’ai vraiment senti que j’étais au cœur de quelque chose d’unique", se souvient-il.
François Bibonne espère que ses documentaires offriront un nouveau regard sur le Vietnam contemporain - loin des clichés touristiques ou historiques - et qu’ils parleront autant aux Vietnamiens eux-mêmes qu’à la diaspora ou aux curieux du monde entier.
Le tournage du deuxième film est presque terminé, et le jeune réalisateur cherche actuellement des soutiens pour finaliser ce projet ambitieux. Un projet à découvrir bientôt sur les écrans, où le sport, la musique et l’identité s’entrelacent pour raconter le Vietnam autrement. – VOV/VNA