Nichés au pied desmontagnes ou au bord des rivières, les villages Tày comptent en moyennede 15 à 20 maisons, sur pilotis et cernées d’un mur de pierre et d’unfossé censés les protéger… des bandits ! Les toitures, à deux ou quatrepans, sont en général recouvertes de feuilles de latanier, de tuiles oude chaume. Quant aux intérieurs, ils sont cloisonnés, la place centraleétant réservée à l’autel des ancêtres, lieu sacré par excellence devantlequel est disposé un bat-flanc sur lequel il est interdit à toutepersonne étrangère à la maisonnée de s’asseoir.
Polythéïstes, les Tày font preuve d’une dévotion sans égale. Ils croienten des forces célestes qui leur garantissent bonheur et prospérité. Etpour ce qui est de repousser la malchance et les esprits maléfiques, ilss’en remettent à Ma Hin, un chien de pierre sacré qui est omniprésentchez eux. Vy Van Co, un Tày de Lang Son : « Si la maison est bâtie surun mauvais terrain ou dans une orientation néfaste, il faut installer unchien de pierre devant la porte. Celui-ci protège les biens et la santédes propriétaires. C’est une vieille suspertition, en fait ! »
Des suspertitions, des tabous, les Tây n’en manquent pas. Malheur, parexemple, à celui qui aurait l’idée - saugrenue - de pousser du pied unebûche en train de se consumer pour la remettre dans l’âtre. Malheuraussi à celui dont le regard se poserait sur un animal domestique alorsqu’il rentre d’une cérémonie de funérailles… Quant à savoir pourquoi !N’en demandons pas trop, tout de même… Venons-en aux traditionsvestimentaires. Les hommes Tày se contentent de vêtements en cotonteints en indigo. Quant aux femmes, elles revêtent une tunique à quatrepans, fendue jusqu’à l’aisselle, et une ceinture en soie nouée derrièrele dos dont deux bouts flottent librement. Elles arborent de trèsnombreux bijoux en argent : colliers, bracelets, chaînes de cheville...Hoàng Thi Xoan, de la province de Hà Giang, nous en dit plus : « Il y atrois sous-groupes de Tày : les Blancs, les Noirs et les Thaï, quidiffèrent par leurs vêtements. Je fais partie du premier de ces groupes.Chez moi, on porte une coiffe et une chemise en indigo, une ceinturebleue et un collier. Les Tày Noires, elles, portent une longue jupe etune chemise courte avec des boutons en argent en forme de ruched’abeilles ».
Question richesse culturelle, les Tàyn’ont rien à envier aux autres ethnies. Du fait d’une longuecohabitation, ils subissent nécessairement l’influence des Kinh, ce quine les a pas empêché de développer une écriture particulière, lenôm-tày, une écriture démotique tày inspirée des caractères chinois.Poèmes, récits, légendes, conte drolatiques, fables... La littératureTày est des plus prolifiques.
En ce qui concerne lefolklore, il faut mentionner tout d’abord le luon, qui est un genre dechants alterné entre hommes et femmes. Les luon comprennent plusieursairs : le luon then, le nang hai, le luon sluon des provinces de CaoBàng et de Lang Son, le luon coi des provinces de Hà Giang, Tuyên Quanget de Bac Can, le luon hap de Lào Cai et de Yên Bai... Le then est unautre chant folklorique très riche et très apprécié qui retentit biensûr à l’occasion des mariages, mais aussi lors du long tong, qui estl’une des plus grandes fêtes tày. -VOV/VNA