Vietnamplus - En 2024, la valeur d'import-export, atteignant près de 800 milliards de dollars, a constitué l’un des points forts de l’économie nationale. Ce succès est le fruit de la promotion de l’intégration économique internationale, de l’exploitation stratégique des marchés et de l’accompagnement des entreprises dans l’établissement de liens solides avec de nombreux partenaires internationaux.
Parmi les grands événnements de l'année en matière commerciale, on peut mentionner la signature de l'Accord de partenariat économique global entre le Vietnam et les Émirats arabes unis (Accord CEPA), qui a ouvert avec succès l'accès à de vastes marchés potentiels au Proche et Moyen-Orient et en Afrique, et a favorisé un peu plus le processus d'intégration du Vietnam dans le commerce mondial.
Luong Hoang Thai, directeur du Département de la politique commerciale multilatérale (ministère de l'Industrie et du Commerce) a répondu à nos questions.
- Selon vous, quelles sont les principales réalisations du Vietnam en matière d’intégration économique internationale en 2024 ?
Luong Hoang Thai : 2024 peut être considérée comme une année difficile pour l’intégration économique internationale à l’échelle mondiale. Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI), la croissance mondiale devrait être inférieure aux prévisions.
Malgré un contexte difficile, le Vietnam a réussi à saisir les opportunités qui se sont présentées, s'intégrant dans de nouvelles chaînes d’approvisionnement et insufflant une dynamique renouvelée à son économie.
En ce qui concerne l’intégration, le pays s'est concentré sur deux directions : trouver de nouvelles chaînes d’approvisionnement pour le développement, créer de nouveaux espaces pour la croissance future. Plus précisément, le Vietnam a mis en œuvre l'accord de libre-échange Vietnam-Israël et a signé l'accord de libre-échange Vietnam-EAU, qui sont des accords de libre-échange dans une région (le Proche-Orient) avec laquelle le Vietnam n'avait auparavant pas de relations économiques bien établies. Les marchés du Proche et Moyen-Orient, d’Amérique du Sud et même de nombreux pays africains ont de grands potentiels de développement à l’avenir.
En plus de trouver de nouvelles opportunités, le Vietnam a su également profiter plus efficacement de ses marchés traditionnels qui représentent 80% de ses exportations.

Par exemple, les pays du G7 ont invité le ministre vietnamien de l’Industrie et du Commerce, Nguyen Hong Dien, à présenter à l’OMC comment les économies peuvent tirer parti de la récente transformation des chaînes d’approvisionnement, dont le Vietnam est un bénéficiaire majeur. L’OMC considère ainsi le Vietnam comme un exemple remarquable dans ce domaine. Le G7 a également mis en avant le Vietnam comme un modèle d'acteur capable de tirer parti du commerce international. Même en période de stagnation mondiale, il reste possible d’exploiter les opportunités du commerce mondial pour stimuler la croissance et le développement.
En outre, les relations du Vietnam avec les États-Unis à travers l'Initiative Indo-Pacifique (IPEF) ont été promues, tandis que le Vietnam continuait d'approfondir ses relations avec d'autres marchés voisins comme la Chine et l'ASEAN.
De toute évidence, 2024 a été une année marquante pour le Vietnam, qui a réussi à éviter tout différend commercial majeur avec ses partenaires. Le pays a su préserver un environnement commercial import-export stable, favorisant ainsi une croissance significative du chiffre d’affaires des échanges internationaux.
- Le rapport du ministère de l'Industrie et du Commerce a montré que les exportations du Vietnam dépendaient toujours d'un certain nombre de grands marchés tels que l'Asie du Nord-Est, les États-Unis, l'ASEAN et l'UE (le chiffre d'affaires à l'exportation vers ces quatre régions de marché représente près de 80% du chiffre d'affaires total à l'exportation du pays). Quelles opportunités l’Accord CEPA créera-t-il pour les activités d’import-export du Vietnam vers les marchés du Proche et Moyen-Orient et d’Afrique dans les temps à venir ?
Luong Hoang Thai : Si le Vietnam a bien exploité jusqu'ici ses marchés traditionnels d'importation, une grande dépendance vis-à-vis d'eux est toujours à risque. D'où l'importance pour nos entreprises d’exploiter de nouveaux marchés.
En 2024, deux nouveaux accords de libre-échange (ALE) ont été signés dans la région du Proche et Moyen-Orient, dont l’un entre le Vietnam et les Émirats arabes unis (EAU). Ces derniers disposent d’un fort potentiel en matière de capitaux, de services logistiques et d’un port de transit stratégique, non seulement pour le Moyen-Orient, mais également pour l’Afrique du Nord, l’Inde et d’autres régions. Le Vietnam y voit une véritable « porte d’entrée » et s’engage à exploiter pleinement ce potentiel pour renforcer la connexion entre les deux économies.

L’accord de libre-échange avec Israël est entré en vigueur après une longue période de négociations. Israël a su développer son secteur de startups et d'innovation avec brio, et le Vietnam a tout intérêt à s'en inspirer. Bien qu'il s'agisse d'un marché d'exportation de petite échelle, il apparaît comme stratégique d'un point de vue géographique et technologique.
Globalement, les 20 % restants du chiffre d’affaires à l’exportation proviennent de marchés fragmentés. Face à cette situation, le gouvernement et le ministère de l’Industrie et du Commerce ont opté pour une stratégie visant à exploiter ces marchés, à renforcer les connexions et à faciliter les échanges en réduisant les coûts pour les entreprises. Ils ont également entrepris des études approfondies en vue de négocier de nouveaux accords de libre-échange avec des régions prometteuses telles que le Proche et Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine, qui présentent un fort potentiel de développement à l’avenir.
- Comment évaluez-vous les grands défis dans le domaine de l'intégration économique et du commerce international en 2025, et quelles solutions sont nécessaires pour améliorer la compétitivité de l'économie en lien avec la promotion de nouveaux moteurs de développement ?
Luong Hoang Thai : Ces derniers temps, la croissance du commerce mondial a été inférieure à la croissance du PIB mondial. De plus, des changements majeurs devraient fortement modifier les relations commerciales entre les pays ces prochaines années.
La première tendance observée est le repli de certaines grandes économies sur elles-mêmes, avec des pays adoptant même des politiques protectionnistes, tandis que des guerres commerciales se déroulent dans différentes régions du monde.
La deuxième tendance concerne les économies qui, tout en poursuivant leur ouverture, adoptent de nouvelles mesures pour s’aligner sur les évolutions mondiales, telles que la transition verte. Cela s’accompagne d’une série de réglementations renforcées et d’un contrôle plus strict des chaînes d’approvisionnement. Les entreprises vietnamiennes doivent ainsi relever ces défis pour réussir à commercer et exporter leurs produits vers ces marchés exigeants.
Le Vietnam, avec son économie largement ouverte, est fortement dépendant du commerce et des investissements internationaux. Face aux changements à venir, le pays s'engage à maintenir des relations ouvertes, à promouvoir la multilatéralisation et à diversifier ses partenariats à l'échelle mondiale.

Par ailleurs, le monde tend à renforcer le contrôle des chaînes d’approvisionnement, rendant les règles suivies jusqu’à présent par le Vietnam dans le cadre de l’OMC moins adaptées aux exigences actuelles. Cette nouvelle tendance représente également un défi majeur pour le Vietnam.
Cependant, le Vietnam est également l’un des pays considérés comme bénéficiant le plus de la tendance à l’intégration mondiale, en particulier dans la période récente où la chaîne d’approvisionnement mondiale a changé.
-Selon vous, comment l’intégration économique internationale peut-elle s’approfondir et produire les résultats positifs que nous souhaitons ?
Luong Hoang Thai : Selon les experts, 2025 s’annonce comme une année particulièrement difficile en matière d’intégration économique internationale. Cependant, elle offrira également de grandes opportunités, car le monde entrera dans une phase de transformation qualitative des chaînes d’approvisionnement. Dans ce contexte, les pays à intégration plus tardive, comme le Vietnam, pourraient profiter de ces changements pour « prendre des raccourcis » et franchir plus rapidement les nouvelles étapes de développement.
Face à ces changements, les entreprises doivent identifier avec précision les tendances à venir et, plus important encore, déterminer comment se positionner stratégiquement dans ce contexte pour obtenir des résultats supérieurs à ceux des périodes précédentes. -VietnamPlus