Le Vietnam, dont 30% de lapopulation est citadine, a connu ces dernières années une forteurbanisation, avec des nuisances tant sur les écosystèmes que sur laqualité de vie des habitants eux-mêmes.
«Nousconstruisons beaucoup, mais il manque d’une planification. Les nouvellescités urbaines poussent un peu partout pour répondre aux besoinscroissants en logements, mais elles pèchent souvent par l’absenced’espaces verts ou récréatifs, de plans d’eau... Bref, leur cadre de vien’est pas très agréable», remarque l’architecte Pham Thanh Tùng. Etd’ajouter que les concepts de l’architecture écologique ne sont presquepas appliqués dans les constructions actuelles. «Nous n’avons pasd’industrie des matériaux de construction naturels et respectueux del’environnement. Les bâtiments utilisent essentiellement des matériauxclassiques comme brique, béton, verre ordinaire...», indique-t-il.
Or, d’incroyables bâtiments "verts" surgissent de terre aux quatrecoins du monde, maisons individuelles ou complexes géants où lesarchitectes utilisent de nombreuses techniques différentes pour réduireles besoins énergétiques et augmenter la capacité des bâtiments àcapturer ou générer leur propre énergie. Non plus des fantaisiesd’architectes, mais des bâtiments en construction ! «L’architectureécologique présente des intérêts à long terme pour l’homme et lasociété, mais elle exige un important investissement initial», estimePham Thanh Tùng.
Dans un premier temps, le bâtimentécologique - également connu sous le nom de green building - n’étaitconsidéré que comme une «nouvelle vague», mais il est devenu en 2010 unevéritable «révolution». Autrement dit, le vert métamorphosel’architecture. Et il n’y a pas de révolution qui réussisse sans enpayer le prix. En dépit de nombreuses difficultés, un bon nombred’architectes vietnamiens se lancent dans la conception de bâtimentsécologiques.
De nouvelles cités écologiques
Des bâtiments verts ont été implantés ou sont en cours de constructionau Vietnam. Cependant, leur nombre reste très limité. Une tendance quise développe plus au Sud qu’au Nord. Il s’agit notamment de nouvellescités de Binh Duong dans la province du même nom et de Phú My Hung à HôChi Minh-Ville, ainsi que d’un certain nombre de maisons individuelles.«Je trouve intéressant que le quartier résidentiel de Dang Xá à Gia Lâm(banlieue de Hanoi) réponde à un certain nombre de critères del’éco-construction», se réjouit le Pr.-Dr Pham Duc Nguyên,vice-président et secrétaire général de l’Association de l’environnementde construction du Vietnam.
Certains jeunesarchitectes suivent cette tendance avec succès comme Vo Trong Nghia,Hoàng Thúc Hào... Incités par l’Association nationale des architectes,ils s’y engagent courageusement avec des investisseurs, dans le souhaitde meilleurs espaces de vie. En témoignent les onze ouvrages etcomplexes architecturaux auréolés du prix «Architecture verte du Vietnam2012», première édition, de l’Association des architectes du Vietnam.
Parmi les onze projets lauréats, celui de centreurbain écologique Vincom Village à Hanoi est un modèle. Sur unesuperficie de 180 ha, l’investisseur - Vingroup - a réservé 60 ha auxespaces récréatifs, pelouses, espaces verts, plans d’eau ; 50 ha auxinfrastructures de transport et les 70 ha restants aux villaselles-mêmes.
Outre le prix «Architecture verte2012» décerné par l’Association des architectes vietnamiens, ce centreurbain écologique a encore remporté d’autres prix prestigieux tels que«Meilleures villas» dans le cadre des Prix de l’immobilier de l’Asie duSud-Est 2012 (South East Asia Property Awards), et tout récemment«Meilleur complexe d’Asie-Pacifique» dans le cadre des Prix del’immobilier 2013 (IPA - International Property Awards) pour cette mêmerégion.
L’architecture durable est notre avenir
Cependant, les projets comme Vincom Village sont encore (trop) peunombreux. Et les maîtres d’ouvrage comme le groupe Vingroup se fontencore rares.
«L’architecture écologique»serait-elle inadaptée aux conditions actuelles du pays ? «Non,absolument pas ! Nous sommes capables d’établir une architecture verteen conformité avec les conditions de vie et l’identité culturelle duVietnam. Bien que le pays soit encore pauvre, il faut établir dèsmaintenant un mode de vie respectueux de l’environnement, harmonieux.Prenez en considération chaque arbre, chaque carré de pelouse, chaqueplan d’eau !», appelle l’architecte Pham Thanh Tùng.
Aux planificateurs et gestionnaires urbains de créer un espace de vieproche de la nature, sûr, convivial, privilégiant le contact avec levégétal comme entre les êtres humains.
«L’architecture durable est notre avenir. C’est la vérité si toute lacommunauté en est pleinement consciente et œuvre à cet objectif»,conclut Pham Thanh Tùng. – VNA