Seul artiste Vietnamien du genre,Doàn Viêt Tiên maîtrise la technique de peinture sur verre commepersonne. Il trouve dans la figure du Président Hô Chi Minh une sourced’inspiration inépuisable.
À 51 ans, Doàn Viêt Tiên est leseul peintre sur verre du Vietnam. Ce titre lui a d’ailleurs étéofficiellement attribué en 2005 par le Centre du livre des records duVietnam (Vietnam Records Book Center).
En pratique, Doàn ViêtTiên peint avec ses dix doigts. De ses deux mains, il peut mêmeréaliser, simultanément, deux créations différentes. Ce talentartistique hors du commun, le peintre le voit simplement comme le fruitde laborieuses années de pratique. De fait, son parcours a bel et bienété semé d’embûches.
Certificat de record de Doàn Viêt Tiên, seul peintre sur verre du Vietnam, titre attribué en 2005 par le Centre du livre des records du Vietnam.
Doàn Viêt Tiên naît en 1961 dans laprovince de Bên Tre (delta du Mékong, Sud). Période de guerre oblige,son enfance est faite d’ombres et de tourments. À l’âge de quatre oucinq ans, le petit Tiên découvre déjà les dangers de la guerre.Adolescent, il a dû rapidement apprendre à vivre de petits boulots.L’opulence n’avait pas sa place dans sa famille. Pourtant, Tiên a étéenvoyé à l’école où il fait figure de bon élève. Là-bas, on lui découvreun don pour la peinture. Il est souvent chargé de dessiner lesaffiches. L’élève peint alors des personnalités mémorables ou dessoulèvements historiques tels que ceux de Hai Bà Trung (40- 43 aprèsJ.-C.) ou de Bà Triêu en 248.
Un mystérieux portrait, celui de «l’Immortel»
DoànViêt Tiên se rappelle de ses premiers coups de pinceau et de sa candeurd’alors : « Je ne comprenais pas pourquoi je me passionnais tellementpour la peinture. Mon sujet préféré, c’était la guerre ». Tiên abeaucoup dessiné pour des soldats de l’Oncle Hô que sa famillesoutenait. Ces derniers étaient stupéfaits par les croquis réalisés parle jeune garçon. Un jour, ayant remarqué la qualité de ses portraits, unsoldat lui confia une vielle photo en noir et blanc. Ensuite, il luidemanda s’il serait capable de la reproduire. Le dessinateur en herbe lequestionna alors sur la personne du cliché. Le soldat lui répondit : «C’est l’Immortel». «Qui c’est l’Immortel ?» demanda le petit sansrelâche. À la fin, l’homme lui dit : «L’Immortel, c’est le leader »et il le pria d’en faire un portrait, le plus beau et le plus fidèlepossible. À ce moment-là, le jeune portraitiste ne savait pas qu’ils’agissait du Président Hô Chi Minh. Mais il raconte qu’il était déjà «captivé par les yeux brillants et la longue moustache de l’homme de laphoto ». La réalisation de ce portrait l’absorba entièrement. Une foisachevé, Tiên montra aux soldats son oeuvre, dont il n’était pascomplètement satisfait. De nouveau, les hommes furent stupéfaits. De soncôté, le propriétaire de la photo remercia le petit, enveloppa avecsoin le portrait et la photo et les rangea précieusement dans la pochede sa chemise. Dès lors, Tiên prit plaisir à esquisser encore et encorece visage fascinant. Une obsession dont il ne comprenait pas encore lesens. « Tous les jours, lorsque j’avais du temps libre, je dessinaisl’Immortel. Encore et encore. Tellement que j’ai appris ses traits parcoeur. Rapidement, j’ai pu l’esquisser sans même un regard pour la photo», raconte aujourd’hui l’artiste. Ce n’est que plus tard, bien plustard, que Tiên apprit le nom rattaché à cette figure. Lors de lalibération du Sud et la réunification nationale en 1975, il découvritque l’homme qu’il avait tant dessiné n’était autre que le Président HôChi Minh.
L’Oncle Hô, source d’inspiration inépuisable
DoànViêt Tiên a toujours conservé intacte sa passion pour la peinture, mêmelors de son service national entre 1979 et 1984. De retour dans lecivil, le jeune homme choisit alors de gagner sa vie en tant queportraitiste. Plus il dessine, plus il comprend que « le Président HôChi Minh sera pour moi une source d’inspiration inépuisable». Depuis1989, les portraits du leader charismatique sont devenus sa spécialité.Pour perfectionner ses créations, il a cherché à enrichir sesconnaissances de l’Oncle Hô. Il a lu beaucoup de livres et d’articlessur son personnage historique préféré.
Un jour, lorsd’une claire matinée d’été mettant un terme à d’abondantes averses, lacuriosité de Tiên fut attirée par le hasard. Là, au pied d’un cocotierde son jardin, gisait un morceau de verre aux reflets changeants sous lalumière du soleil. Il pensa alors que s’il peignait cette surface, lavitre rendrait à son oeuvre cet aspect particulier, lisse et brillant.Un résultat qui serait sans doute intéressant... Au début, Doàn ViêtTiên applique directement son pinceau sur les morceaux de verre. Maisl’exercice est loin d’être évident ! Les traits sont irréguliers. Lapeinture coule. Le pinceau glisse. Après des jours et des nuits àcogiter, une idée lui vient : peindre avec les doigts. Stupéfiant... Lescouleurs adhèrent au verre, le tracé gagne en précision, le rendu estgracieux. Le peintre est comblé. Depuis, il s’entraîne à peindre à lamain sur le verre. Pourtant, le contact des bouts de ses doigts sur lavitre est douloureux. Au début, sa peau se fendille et saigne.Qu’importe, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Il poursuit sonentraînement, dix ans durant.
On comprend mieux pourquoi il estle seul vietnamien à maîtriser cette technique particulière.Aujourd’hui, Doàn Viêt Tiên peut peindre de ses dix doigts, de ses dixongles même tant la pratique de l’artiste est poussée. Il a composé plusde 300 peintures sur verre que l’on peut admirer au Musée d’Hô Chi Minhdans la mégapole du Sud ou au Musée national de l’armée populaire. Dansses œuvres, on retrouve souvent son sujet favori : le Président Hô ChiMinh. Mais il a également fait profiter de son talent hors du commund’autres personnalités du Vietnam ou de Cuba. -VNA