Le Vietnam veut développer laconstruction de sous-marins depuis plusieurs années. En 2007, l’anciengroupe Vinashin souhaitait coopérer avec la société allemande NemoTauchtouristik GmbH (NEMO), spécialisée dans les excursionssous-marines, afin de concevoir et de fabriquer des submersibles auVietnam. Mais aucun contrat n’a été signé entre les deux parties.
NEMOn’a pas accepté de coopérer avec les Vietnamiens pour la partieconception. L’entreprise souhaitait simplement transmettre lestechnologies qu’elle avait développées, moyennant des prix assez élevés(1,2 million de dollars).
Expérimentation réussie
En2009, un groupe de scientifiques de la Compagnie par actionsd’investissement et de développement de hautes technologies Vinashin(HiTechShin) a décidé de fabriquer, à titre expérimental, un sous-marind’observation.
Une somme de 28 milliards de dôngs a étéinvestie pour réaliser ce projet, à laquelle il faut ajouter les 3milliards de dôngs versés par le ministère des Sciences et desTechnologies. Pour fabriquer un mini sous-marin conforme aux standardsinternationaux, les scientifiques vietnamiens ont signé un contratd’expertise avec Germanischer Lloyd (GL), une société de classificationallemande. L’entreprise européenne assure le suivi et la conformité desproduits et des pièces, dans un domaine où la sécurité est primordiale.
Toutesles phases, de la conception aux choix des matériaux en passant par lafabrication et l’expérimentation, sont rigoureusement surveillées parGL. Grâce à l’aide des scientifiques allemands, un mini sous-marin «madein Vietnam» a vu le jour. Mesurant 6,63 m de long et 2,74 m de haut, ilpeut plonger jusqu’à 50 m et atteindre une vitesse maximale de 4,5nœuds. Quatre membres d’équipage peuvent embarquer à son bord. Il a ététesté avec succès le 21 septembre dernier.
Selon leministre des Sciences et des Technologies, Nguyên Quân,l’expérimentation réussie du sous-marin Hoà Binh montre que le Vietnammaîtrise le processus de conception, de fabrication, de montage etd’expérimentation de ce type de véhicules de plongée conformes auxstandards internationaux et reconnus par la société GL.
Coût moins élevé
LeVietnam a besoin de petits sous-marins pour le tourisme maritime et larecherche océanographique. Les coûts de fabrication sur place sont bas.«Pour acheter un sous-marin similaire à l’étranger, il faut débourserentre 5 et 7 millions de dollars. Il revient à 1,5 million de dollarslorsqu’il est construit au Vietnam. Le louer pour trois ans afin decontrôler les plates-formes pétrolières est plus cher que de lefabriquer au Vietnam», fait savoir le ministre Nguyên Quân. De plus, lesfabricants vietnamiens pourront exporter ces sous-marins vers les paysde la région.
Outre le sous-marin Hoà Binh, le Vietnamdispose de deux autres produits indigènes : le sous-marin Truong Sa,fabriqué par l’homme d’affaires Nguyên Quôc Hoà, et le Yêt Kiêu,construit par Phan Bôi Trân. Ingénieur, Nguyên Quôc Hoà a fait desétudes dans le secteur de la fabrication des machines en Allemagne.Quant à Phan Bôi Trân, il a travaillé pendant plusieurs années pour descompagnies françaises spécialisées dans la fabrication de sous-marins etde coques d’hélicoptères. Une compagnie étrangère a passé commandeauprès de Phan Bôi Trân pour cinq sous-marins. Selon le ministre NguyênQuân, il faut encourager la créativité des scientifiques du privé.
Pourtant,la presse a récemment mis à jour les difficultés rencontrées par cesscientifiques lors des phases de fabrication et d’expérimentation.«Bénéficier d’une aide financière étatique est difficile pour eux»,explique un expert du domaine. Actuellement, il n’existe aucun Fondsd’investissement de l’État réservé à la fabrication des sous-marinsdéveloppés par des privés.
Pour pouvoir écouler leursproduits, les entreprises du secteur privé doivent demander un permisauprès de l’organisme de l’enregistrement et des contrôles. M. Quânestime que la fabrication et l’expérimentation de leurs sous-marins nesont pas réalisées conformément au protocole exigé. Par exemple, TruongSa est un mini sous-marin qui utilise un moteur diesel, ce quicomplexifie le traitement des gaz d’échappement. Alors que ce type desubmersibles peut fonctionner avec un moteur électrique. En outre,Truong Sa ne répond pas aux critères de sécurité, notamment en casd’urgence. -CVN/VNA